Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Islamisme

Lourdes peines pour le «<i>gang de Roubaix</i>»

Dix-huit ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est tombé dans le procès du «gang de Roubaix» où trois hommes comparaissaient pour avoir semé la terreur dans la région lilloise en 1996. La tentative d'attentat à la voiture piégée à la veille d'un sommet du G7 à Lille a pesé dans la balance.
«Je crois que la liberté n'est pas pour vous. Vous l'avez prostituée sur votre lit de violence», avait martelé mercredi, l'avocat général lors du réquisitoire. Me Frémiot avait alors requis de lourdes peines, allant de 20 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. Finalement, après huit heures de délibéré, le verdict est tombé tard, dans la nuit de jeudi à vendredi. Les peines ont été légèrement inférieures aux réquisitions de l'avocat général : en ce qui concerne les trois accusés présents à l'audience, Omar Zemmiri a été condamné à 28 ans de prison, dont deux tiers de sûreté, Mouloud Boughelane, à 20 ans de prison et Hocine Bendaoui, à 18 ans.

Quant aux deux accusés jugés par contumace et qui sont toujours en fuite, la Cour a prononcé la réclusion criminelle à perpétuité contre Lionel Dumont, 30 ans, et 20 ans de prison contre Seddik Benbahlouli. Ausitôt, l'avocat de l'un des prévenus a dénoncé ce verdict «monstrueux» et annoncé qu'il faisait appel de ce verdict.

La veille, au cours d'un long réquisitoire de près de quatre heures, l'avocat général était revenu sur toutes les exactions commises au premier trimestre 1996 par le «gang de Roubaix», alors composé d'une dizaine d'hommes : un automobiliste tué à bout portant, trois policiers et un convoyeur de fond blessés, sept attaques à main armée, une tentative d'attentat à la voiture piégée à la veille d'un sommet du G7 à Lille.

Les réseaux de Ben Laden en filigrane

Aucune circonstance atténuante n'a été accordée mercredi aux trois accusés présents dans le box, ni aux deux autres, Lionel Dumont et Seddik Benbahlouli, toujours en fuite et jugés par contumace. «La violence et la haine ont constitué la véritable raison sociale de votre entreprise criminelle, l'islam n'étant qu'un alibi à votre recherche de puissance», avait poursuivi l'avocat général.

Contre Mouloud Bouguelane et Omar Zemmiri, Me Frémiot avait respectivement requis 30 ans de réclusion. Il avait demandé 20 ans de prison pour Hocine Bendaoui. Ces trois hommes, rescapés du «gang de Roubaix», comparaissaient depuis le 2 octobre devant la Cour d'assises du Nord à Douai, placée sous très haute surveillance.

Au cours des deux semaines d'audience, l'accusation a tenté de démontrer que les accusés étaient davantage des gangsters que des islamistes. En revanche, leur chef Christophe Caze, abattu par la police belge alors qu'il était en cavale, est tenu pour être proche des milieux radicaux de l'islamisme international. Il aurait été en contact avec des trafiquants d'armes et de faux papiers qui alimenteraient aujourd'hui les réseaux de Ben Laden.

Christophe Caze, ex-étudiant en médecine converti à l'islam, s'était échappé lors de l'assaut mortel donné par les hommes du RAID le 29 mars 1996 à Roubaix au cours duquel quatre malfaiteurs avaient péri. Les forces de l'ordre étaient intervenues à l'aube contre une maison hébergeant le gang, au lendemain de la découverte d'un véhicule piégé devant le commissariat de Lille. Cette découverte avait été faite alors que devait se tenir à Lille un sommet G7. L'engin n'avait pas explosé.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 19/10/2001 Dernière mise à jour le 18/10/2001 à 22:00 TU