Guinée
Lansana Conté s'accroche<br>
Le chef de l'Etat guinéen voudrait bien rempiler en 2003. Il vient d'admettre qu'il envisage un référendum pour modifier la constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels. L'opposition conteste vivement ce qu'elle considère comme une nouvelle man£uvre de Lansana Conté, au pouvoir depuis 1984.
Lansana Conté n'entend pas raccrocher. Le président guinéen l'a admis officiellement, le 2 octobre, lors d'un banquet, organisé à l'occasion du 43ème anniversaire de l'indépendance, où il a évoqué la possibilité d'un référendum sur la «prolongation de (son) mandat». Dans une allocution, il a demandé «aux institutions d'harmoniser leurs points de vue et leurs démarches, pour voir si ce référendum est faisable».
Car la loi fondamentale, adoptée à son initiative en décembre 1990, est formelle : «la durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois». A l'époque, Lansana Conté est logé à la même enseigne que la plupart des autocrates africains. Arrivé au pouvoir en 1984, par un coup d'Etat, le successeur de Sékou Touré est pressé par la rue qui réclame une libéralisation de la vie politique. Comme Gnassingbé Eyadema au Togo, il concède une limitation constitutionnelle du nombre de mandats présidentiels. Elu en décembre 1993, au cours d'un premier tour contesté, avec 50,93% des voix, il renouvelle l'exploit, cinq ans plus tard, en améliorant son score, mais en suscitant de vives protestations de ses adversaires, dont Alpha Condé, qui passera plus de deux années en prison.
L'opposition plus mobilisée que jamais
Or une décennie plus tard, le «général-président» se voit mal tirer sa révérence en 2003, date de la prochain compétition pour la magistrature suprême. A 67 ans, l'inflexible chef de l'Etat assure qu'il est encore largement en âge de se maintenir quelques années encore aux affaires. Lors d'un voyage en Russie, fin juillet dernier, il s'était d'ailleurs empressé de démentir des informations sur une brève hospitalisation pour un malaise cardiaque, jurant qu'il était en assez bonne forme pour «danser la mamaya», un pas traditionnel guinéen.
En fait, le parti au pouvoir prépare le terrain depuis plusieurs mois. Au mois de juin dernier, des responsables du Parti de l'unité et du progrès (PUP) avaient déjà évoqué l'idée d'un référendum. Des manifestations «populaires» pour lui demander «de ne pas abandonner le pouvoir», dans le pur style des régimes dictatoriaux, ont même été organisées à plusieurs reprises, à Conakry et en province.
L'opposition ne décolère pas. Depuis le mois de juillet, ses responsables se mobilisent contre le projet gouvernemental. Ils ont créé un Mouvement contre le référendum et pour l'alternance démocratique (MRAD) pour empêcher la prorogation du mandat du président. Plusieurs de ses responsables ont effectués une tournée de sensibilisation dans plusieurs pays occidentaux, notamment en France, où ils ont tenté de convaincre le principal bailleur de la Guinée d'intercéder auprès d'un chef d'Etat réputé pour sa rigidité. Parmi eux: Siradiou Diallo, président de l'Union pour le progrès et le renouveau (UPR), qui parle de «coup d'Etat constitutionnel». «Notre parti est opposé à la tenue d'un référendum qui ne vise qu'à pérenniser le pouvoir actuel, a souligné de son côté Sydia Touré, ancien premier ministre et leader de l'Union des forces républicaines (UFR), sur RFI. Le peuple de la Guinée qui vit à 80% en dessous du seuil de pauvreté à un autre débat en tête.»
Les récents propos de Lansana Conté ont, en tous cas, galvanisé le parti dirigeant. «Il suffit que nous mettions en place un certain nombre d'actions pour que l'on puisse mobiliser la majorité du peuple en faveur de cette révision constitutionnelle qui est souhaitée par l'ensemble de la population guinéenne», a déclaré sur RFI, son secrétaire général, Aboubacar Samparé. Un soutien «populaire» présumé d'autant plus difficile à confirmer que les élections législatives, qui devaient avoir lieu l'année dernière, ont été reportées sine die pour cause d'affrontements aux frontières de la Sierra Leone et du Liberia.
Car la loi fondamentale, adoptée à son initiative en décembre 1990, est formelle : «la durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois». A l'époque, Lansana Conté est logé à la même enseigne que la plupart des autocrates africains. Arrivé au pouvoir en 1984, par un coup d'Etat, le successeur de Sékou Touré est pressé par la rue qui réclame une libéralisation de la vie politique. Comme Gnassingbé Eyadema au Togo, il concède une limitation constitutionnelle du nombre de mandats présidentiels. Elu en décembre 1993, au cours d'un premier tour contesté, avec 50,93% des voix, il renouvelle l'exploit, cinq ans plus tard, en améliorant son score, mais en suscitant de vives protestations de ses adversaires, dont Alpha Condé, qui passera plus de deux années en prison.
L'opposition plus mobilisée que jamais
Or une décennie plus tard, le «général-président» se voit mal tirer sa révérence en 2003, date de la prochain compétition pour la magistrature suprême. A 67 ans, l'inflexible chef de l'Etat assure qu'il est encore largement en âge de se maintenir quelques années encore aux affaires. Lors d'un voyage en Russie, fin juillet dernier, il s'était d'ailleurs empressé de démentir des informations sur une brève hospitalisation pour un malaise cardiaque, jurant qu'il était en assez bonne forme pour «danser la mamaya», un pas traditionnel guinéen.
En fait, le parti au pouvoir prépare le terrain depuis plusieurs mois. Au mois de juin dernier, des responsables du Parti de l'unité et du progrès (PUP) avaient déjà évoqué l'idée d'un référendum. Des manifestations «populaires» pour lui demander «de ne pas abandonner le pouvoir», dans le pur style des régimes dictatoriaux, ont même été organisées à plusieurs reprises, à Conakry et en province.
L'opposition ne décolère pas. Depuis le mois de juillet, ses responsables se mobilisent contre le projet gouvernemental. Ils ont créé un Mouvement contre le référendum et pour l'alternance démocratique (MRAD) pour empêcher la prorogation du mandat du président. Plusieurs de ses responsables ont effectués une tournée de sensibilisation dans plusieurs pays occidentaux, notamment en France, où ils ont tenté de convaincre le principal bailleur de la Guinée d'intercéder auprès d'un chef d'Etat réputé pour sa rigidité. Parmi eux: Siradiou Diallo, président de l'Union pour le progrès et le renouveau (UPR), qui parle de «coup d'Etat constitutionnel». «Notre parti est opposé à la tenue d'un référendum qui ne vise qu'à pérenniser le pouvoir actuel, a souligné de son côté Sydia Touré, ancien premier ministre et leader de l'Union des forces républicaines (UFR), sur RFI. Le peuple de la Guinée qui vit à 80% en dessous du seuil de pauvreté à un autre débat en tête.»
Les récents propos de Lansana Conté ont, en tous cas, galvanisé le parti dirigeant. «Il suffit que nous mettions en place un certain nombre d'actions pour que l'on puisse mobiliser la majorité du peuple en faveur de cette révision constitutionnelle qui est souhaitée par l'ensemble de la population guinéenne», a déclaré sur RFI, son secrétaire général, Aboubacar Samparé. Un soutien «populaire» présumé d'autant plus difficile à confirmer que les élections législatives, qui devaient avoir lieu l'année dernière, ont été reportées sine die pour cause d'affrontements aux frontières de la Sierra Leone et du Liberia.
par Christophe Champin
Article publié le 04/10/2001