Côte d''Ivoire
Bédié : les enjeux d'un retour
L'arrivé en fanfare d'Henri Konan Bédié, le 15 octobre, à Abidjan masque mal la crise d'identité de son parti, le PDCI, fortement divisé depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999. Le président déchu va devoir convaincre qu'il est capable de remettre de l'ordre dans son mouvement, tout en enfilant son nouveau costume d'opposant.
De notre correspondante en Côte d'Ivoire
C'est un accueil triomphal que ses supporters ont réservé, le 15 octobre, à l'ancien chef d'Etat Henri Konan Bédié, en exil en France depuis 22 mois. Mais tous les gens massés à l'aéroport et sur les routes ne s'étaient pas déplacés pour les mêmes raisons. Des militants fidèles du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) fêtaient le retour du chef. S'y mêlaient aussi beaucoup de nostalgiques, qui associent cet homme à une période de prospérité économique révolue.
Henri Konan Bédié rentre alors que la cohésion de son parti bat de l'aile. Lors d'un vote récent sur des lois importantes portant création de la Commission électorale indépendante et de l'Assurance Maladie Universelle, le PDCI a quitté le Parlement. Un choix unanime pour des raisons de procédures assurent certains de ses responsables, tandis que le FPI savonne allègrement la planche de son adversaire, en faisant état de divisions au sein du parti, instrumentalisées en sous-main par ceux qui aimeraient prendre la place du chef de l'Etat déchu.
Le Congrès qui aurait dû s'ouvrir le 22 octobre prochain va d'ailleurs probablement être reporté à une date ultérieure, afin de «laisser au président le temps de reprendre contact avec les militants», explique-t-on du côté des rénovateurs. Une prise de contact nécessaire pour resserrer les rangs, avant l'élection du président du PDCI. Le Congrès devrait offrir aux frustrations, aux rancoeurs et aux oppositions une occasion de s'exprimer. Déjà lors des présidentielles mouvementées d'octobre 2000, plusieurs candidat portant l'étiquette du mouvement de feu Houphouët-Boigny s'étaient manifestés. Sans effet toutefois, puisque toutes les candidatures, y compris celle officielle de l'ex-ministre de l'Itérieur Emile-Constant Bombet, avaient été invalidées par la Cour Suprême. Il n'est pas exclu qu'Henri Konan Bédié ait cette fois des challengers, qui lui disputent la tête du parti, alors qu'il doit s'affirmer dans un rôle pour lui inédit d'opposant.
Le positionnement ambiguë du PDCI sur la scène politique ne devrait pas faciliter les choses. Récemment opposé au FPI à l'Assemblée Nationale, le mouvement participe à l'action gouvernementale avec cinq ministres. Or, certains au sein de l'ex-parti unique critiquent la politique du gouvernement et se plaignent de licenciements de plusieurs cadres à des postes importants dans l'administration, qu'ils disent avoir été remplacés par des partisans de Laurent Gbagbo, et des membres de l'UDPCI, de l'ancien chef de la junte Robert Guei, allié du FPI au Parlement. Ce qui les amène une frange du PDCI à s'interroger sur une remise en cause radicale de son soutien relatif à la politique en vigueur.
La participation d'Henri Konan Bédié au Forum national de la réconciliation est quasiment acquise. «Je suis là, le forum se tient pendant deux mois, je n'hésiterai pas à apporter ma contribution», a-t-il déclaré. Il par ailleurs fait acte de «contrition sincère» dès son arrivée, pour sa part dans les violences qui ont coûté la vie à plus de 300 ivoiriens, entre octobre et décembre 2000. Sur ce point, il se retrouve dans une situation plus confortable que l'ancien chef de la junte Robert Guei, dont la présence au forum n'est toujours pas assurée, alors qu'un de ses lieutenants a été récemment interpellé.
Une place à redéfinir
Mais le PDCI n'est pas le seul à être ébranlé. Les partis, largement figés dans leur position, ont du mal à se décrisper. Du côté du FPI, lesdéclarations qui rassurent sur l'unanimité du parti, masquent des différences de points de vue, tandis que des sources diplomatiques soulignent l'existence possible d'un hiatus entre partisans du compromis et adeptes d'une ligne dure. Même constat du côté du Rassemblement des républicains (RDR), dont certains des militants et cadres n'ont pas accepté sans discussions la participation in extremis au Forum de réconciliation. Sur une scène politique ivoirienne en pleine mutation, le vieux parti doit, en tous cas, redéfinir sa place.
C'est un accueil triomphal que ses supporters ont réservé, le 15 octobre, à l'ancien chef d'Etat Henri Konan Bédié, en exil en France depuis 22 mois. Mais tous les gens massés à l'aéroport et sur les routes ne s'étaient pas déplacés pour les mêmes raisons. Des militants fidèles du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) fêtaient le retour du chef. S'y mêlaient aussi beaucoup de nostalgiques, qui associent cet homme à une période de prospérité économique révolue.
Henri Konan Bédié rentre alors que la cohésion de son parti bat de l'aile. Lors d'un vote récent sur des lois importantes portant création de la Commission électorale indépendante et de l'Assurance Maladie Universelle, le PDCI a quitté le Parlement. Un choix unanime pour des raisons de procédures assurent certains de ses responsables, tandis que le FPI savonne allègrement la planche de son adversaire, en faisant état de divisions au sein du parti, instrumentalisées en sous-main par ceux qui aimeraient prendre la place du chef de l'Etat déchu.
Le Congrès qui aurait dû s'ouvrir le 22 octobre prochain va d'ailleurs probablement être reporté à une date ultérieure, afin de «laisser au président le temps de reprendre contact avec les militants», explique-t-on du côté des rénovateurs. Une prise de contact nécessaire pour resserrer les rangs, avant l'élection du président du PDCI. Le Congrès devrait offrir aux frustrations, aux rancoeurs et aux oppositions une occasion de s'exprimer. Déjà lors des présidentielles mouvementées d'octobre 2000, plusieurs candidat portant l'étiquette du mouvement de feu Houphouët-Boigny s'étaient manifestés. Sans effet toutefois, puisque toutes les candidatures, y compris celle officielle de l'ex-ministre de l'Itérieur Emile-Constant Bombet, avaient été invalidées par la Cour Suprême. Il n'est pas exclu qu'Henri Konan Bédié ait cette fois des challengers, qui lui disputent la tête du parti, alors qu'il doit s'affirmer dans un rôle pour lui inédit d'opposant.
Le positionnement ambiguë du PDCI sur la scène politique ne devrait pas faciliter les choses. Récemment opposé au FPI à l'Assemblée Nationale, le mouvement participe à l'action gouvernementale avec cinq ministres. Or, certains au sein de l'ex-parti unique critiquent la politique du gouvernement et se plaignent de licenciements de plusieurs cadres à des postes importants dans l'administration, qu'ils disent avoir été remplacés par des partisans de Laurent Gbagbo, et des membres de l'UDPCI, de l'ancien chef de la junte Robert Guei, allié du FPI au Parlement. Ce qui les amène une frange du PDCI à s'interroger sur une remise en cause radicale de son soutien relatif à la politique en vigueur.
La participation d'Henri Konan Bédié au Forum national de la réconciliation est quasiment acquise. «Je suis là, le forum se tient pendant deux mois, je n'hésiterai pas à apporter ma contribution», a-t-il déclaré. Il par ailleurs fait acte de «contrition sincère» dès son arrivée, pour sa part dans les violences qui ont coûté la vie à plus de 300 ivoiriens, entre octobre et décembre 2000. Sur ce point, il se retrouve dans une situation plus confortable que l'ancien chef de la junte Robert Guei, dont la présence au forum n'est toujours pas assurée, alors qu'un de ses lieutenants a été récemment interpellé.
Une place à redéfinir
Mais le PDCI n'est pas le seul à être ébranlé. Les partis, largement figés dans leur position, ont du mal à se décrisper. Du côté du FPI, lesdéclarations qui rassurent sur l'unanimité du parti, masquent des différences de points de vue, tandis que des sources diplomatiques soulignent l'existence possible d'un hiatus entre partisans du compromis et adeptes d'une ligne dure. Même constat du côté du Rassemblement des républicains (RDR), dont certains des militants et cadres n'ont pas accepté sans discussions la participation in extremis au Forum de réconciliation. Sur une scène politique ivoirienne en pleine mutation, le vieux parti doit, en tous cas, redéfinir sa place.
par Virginie Gomez
Article publié le 17/10/2001