Sénégal
Quand Dakar se fait peur avec l'anthrax
Une fausse alerte à la maladie du charbon relayée par la presse a plongé les habitants de Dakar dans une panique au moment où beaucoup s'interrogent sur le choix du président Wade de se ranger aux côté des Américains.
De notre correspondant au Sénégal
En ce matin du lundi 22 octobre, les Sénégalais souffrant déjà de la chaleur, torride parfois, des délestages intempestifs de la Société Nationale d'Electricité et du coût élevé de la vie depuis la hausse sur des denrées de première nécessité, se sont réveillés abasourdis, effrayés par la «une» des quotidiens, reprise par toutes les stations de radio dans leur revue de presse: la maladie du charbon (aussi appelée l'anthrax) véhiculée par des lettres contaminées aurait fait son apparition au Sénégal.
La rumeur voudrait que le Département d'Etat américain ait lancé un avertissement à l'Etat sénégalais sur des risques d'attaques à l'anthrax. Il aura fallu les démentis officiels venus notamment de la présidence pour tordre le cou à la rumeur. Toutefois, dans le même temps un comité national d'experts se réunissait au ministère de la Santé pour faire le point sur cette maladie du charbon.
Depuis les coups d'éclat de leur Président qui a été le premier chef d'Etat africain à condamner les attentats du 11 septembre et qui, par la suite, a initié le 17 octobre dernier, une réunion des chefs d'Etats africains à Dakar, en vue d'établir un pacte africain contre le terrorisme, nombre de Sénégalais redoutaient confusément des représailles de la part de certains milieux terroristes.
Même si la réunion organisée à Dakar n'a pas abouti à un pacte africain contre le terrorisme (elle s'est conclue sur une simple déclaration), beaucoup de Sénégalais estiment que le président Abdoulaye Wade en fait trop et qu'il manque de retenue sur un sujet d'une sensibilité extrême. Dans les rues de Dakar, on entend une petite musique nostalgique (déjà !) qui regrette l'ancien président, Abdou Diouf réputé pour sa prudence, son sang-froid, et sa parfaite connaissance des relations internationales. A l'opposé, son successeur donne parfois l'impression d'être un homme d'Etat imprévisible.
Des prises de position en faveur de Ben Laden
Aujourd'hui, l'homme de la rue au Sénégal tient le chef de l'Etat sénégalais pour responsable des menaces qui pèsent sur le pays. Wade, sans aucun doute, multiplie les succès diplomatiques aux yeux des Occidentaux qui saluent ses initiatives. Mais son appréciation de la crise née des attentats du 11 septembre et son évaluation des conséquences de celle-ci sont mises en cause tant par les partis d'opposition que par une bonne frange de la population.
Si les Sénégalais ont déploré et condamné les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, il n'en ont pas moins émis des réserves sur les frappes américaines contre Kaboul. On le sait, le Sénégal est peuplé à 95 % de musulmans. Certes, l'Islam y est pratiqué de façon tolérante mais à quelques semaines du début du Ramadan, les Sénégalais se sentent solidaires de tous les pays de la Ummah Islamique. Des réactions sporadiques en faveur des Taliban ont été notées à Dakar et dans les régions de l'intérieur.
Sur les stations de radios privées des prises de position virulentes en faveur de Ben Laden et des Taliban sont quotidiennement entendues. Le week-end dernier, dans la ville de Saint-Louis, au nord du pays, le Gouverneur a été obligé de recourir à un arrêté pour interdire une marche que voulaient organiser les responsables de l'association de soutien aux activités islamiques en faveur du «Peuple frère afghan» et contre les frappes américaines.
Par ailleurs, depuis plusieurs jours, à des endroits stratégiques de la capitale sénégalaise, on observe un renforcement du dispositif de sécurité avec la présence notamment des éléments du Groupement Mobile d'Intervention (GMI). Un dispositif qui tend à prévenir tout acte terroriste contre des intérêts occidentaux au Sénégal, mais qui est aussi destiné à veiller sur d'éventuels débordements des populations qui ne cachent pas leur sympathie et leur solidarité avec les musulmans d'Afghanistan.
Pour l'heure, la Présidence de la République et le Building administratif, siège du gouvernement, sont en effervescence avec la chasse au courrier suspect. Les membres du gouvernement ont été instruits à des précautions à prendre dans leur département respectif. Un comité national composé d'experts, de techniciens de la santé (pharmaciens, médecins, biologistes, vétérinaires et chercheurs, s'est réuni dans l'après- midi du lundi au ministère de la Santé et àde la Prévention pour faire un état des lieux de la maladie du charbon. Une fiche technique a été rédigée à l'attention de tous les services de santé pour leur dicter les mesures à prendre afin d'identifier le vecteur de la maladie.
En ce matin du lundi 22 octobre, les Sénégalais souffrant déjà de la chaleur, torride parfois, des délestages intempestifs de la Société Nationale d'Electricité et du coût élevé de la vie depuis la hausse sur des denrées de première nécessité, se sont réveillés abasourdis, effrayés par la «une» des quotidiens, reprise par toutes les stations de radio dans leur revue de presse: la maladie du charbon (aussi appelée l'anthrax) véhiculée par des lettres contaminées aurait fait son apparition au Sénégal.
La rumeur voudrait que le Département d'Etat américain ait lancé un avertissement à l'Etat sénégalais sur des risques d'attaques à l'anthrax. Il aura fallu les démentis officiels venus notamment de la présidence pour tordre le cou à la rumeur. Toutefois, dans le même temps un comité national d'experts se réunissait au ministère de la Santé pour faire le point sur cette maladie du charbon.
Depuis les coups d'éclat de leur Président qui a été le premier chef d'Etat africain à condamner les attentats du 11 septembre et qui, par la suite, a initié le 17 octobre dernier, une réunion des chefs d'Etats africains à Dakar, en vue d'établir un pacte africain contre le terrorisme, nombre de Sénégalais redoutaient confusément des représailles de la part de certains milieux terroristes.
Même si la réunion organisée à Dakar n'a pas abouti à un pacte africain contre le terrorisme (elle s'est conclue sur une simple déclaration), beaucoup de Sénégalais estiment que le président Abdoulaye Wade en fait trop et qu'il manque de retenue sur un sujet d'une sensibilité extrême. Dans les rues de Dakar, on entend une petite musique nostalgique (déjà !) qui regrette l'ancien président, Abdou Diouf réputé pour sa prudence, son sang-froid, et sa parfaite connaissance des relations internationales. A l'opposé, son successeur donne parfois l'impression d'être un homme d'Etat imprévisible.
Des prises de position en faveur de Ben Laden
Aujourd'hui, l'homme de la rue au Sénégal tient le chef de l'Etat sénégalais pour responsable des menaces qui pèsent sur le pays. Wade, sans aucun doute, multiplie les succès diplomatiques aux yeux des Occidentaux qui saluent ses initiatives. Mais son appréciation de la crise née des attentats du 11 septembre et son évaluation des conséquences de celle-ci sont mises en cause tant par les partis d'opposition que par une bonne frange de la population.
Si les Sénégalais ont déploré et condamné les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, il n'en ont pas moins émis des réserves sur les frappes américaines contre Kaboul. On le sait, le Sénégal est peuplé à 95 % de musulmans. Certes, l'Islam y est pratiqué de façon tolérante mais à quelques semaines du début du Ramadan, les Sénégalais se sentent solidaires de tous les pays de la Ummah Islamique. Des réactions sporadiques en faveur des Taliban ont été notées à Dakar et dans les régions de l'intérieur.
Sur les stations de radios privées des prises de position virulentes en faveur de Ben Laden et des Taliban sont quotidiennement entendues. Le week-end dernier, dans la ville de Saint-Louis, au nord du pays, le Gouverneur a été obligé de recourir à un arrêté pour interdire une marche que voulaient organiser les responsables de l'association de soutien aux activités islamiques en faveur du «Peuple frère afghan» et contre les frappes américaines.
Par ailleurs, depuis plusieurs jours, à des endroits stratégiques de la capitale sénégalaise, on observe un renforcement du dispositif de sécurité avec la présence notamment des éléments du Groupement Mobile d'Intervention (GMI). Un dispositif qui tend à prévenir tout acte terroriste contre des intérêts occidentaux au Sénégal, mais qui est aussi destiné à veiller sur d'éventuels débordements des populations qui ne cachent pas leur sympathie et leur solidarité avec les musulmans d'Afghanistan.
Pour l'heure, la Présidence de la République et le Building administratif, siège du gouvernement, sont en effervescence avec la chasse au courrier suspect. Les membres du gouvernement ont été instruits à des précautions à prendre dans leur département respectif. Un comité national composé d'experts, de techniciens de la santé (pharmaciens, médecins, biologistes, vétérinaires et chercheurs, s'est réuni dans l'après- midi du lundi au ministère de la Santé et àde la Prévention pour faire un état des lieux de la maladie du charbon. Une fiche technique a été rédigée à l'attention de tous les services de santé pour leur dicter les mesures à prendre afin d'identifier le vecteur de la maladie.
par A Dakar, Pape TOURE
Article publié le 23/10/2001