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Sénégal

Un gouvernement couleur «Sopi»

Equipe resserrée autour d'un noyau dur de membres du PDS d'Abdoulaye Wade, de techniciens et de six femmes, dont le Premier ministre Mame Madior Boye : la composition du nouveau gouvernement sénégalais a été annoncée samedi soir, peu après la proclamation officielle des résultats des élections législatives du 29 avril par le conseil constitutionnel.
Deux semaines après la victoire écrasante de la coalition «Sopi», c'est un gouvernement restreint que vient de composer Mame Madior Boye, Premier ministre reconduit à son poste, jeudi 10 mai. Le nouveau cabinet, chargé de mettre en oeuvre les réformes promises par le président Wade, compte 24 membres, soit quatre de moins que l'équipe sortante. Et, conséquence logique de la victoire écrasante des partisans du chef de l'Etat aux législatives, il est dominé par le Parti démocratique sénégalais (PDS), qui obtient les ministères clés, dont les Forces armées, les Finances, l'Intérieur et les Affaires étrangères.

Ces deux derniers postes restent respectivement entre les mains du général à la retraite Mamadou Niang, récompensé pour le bon déroulement du scrutin du 29 avril, et de Cheikh Tidiane Gadio. Le remplacement de Moctar Diop, ancien agent du FMI, aux Finances, par Mamadou Seck, membre du PDS anciennement chargé de l'Equipement et des Transports terrestres et aériens, est en revanche une surprise. Du moins à en croire plusieurs quotidiens sénégalais qui annonçaient samedi matin la reconduction du sortant.

Une large place aux techniciens et aux femmes

En dehors du PDS, deux partis ex-communistes qui avaient soutenu la candidature d'Abdoulaye Wade aux présidentielles de février sont représentés. Le chef de l'Etat ne tient qu'à moitié sa promesse de ne pas reconduire de chefs de partis, au profit de techniciens, puisque Landing Savane, leader d'And-Jef/Parti africain pour la démocratie (AJ/PADS), qui obtient deux postes, conserve le ministère de l'Artisanat et de l'Industrie. En revanche aucun haut responsable de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT) n'appartient à la nouvelle équipe. Malgré sa victoire à l'arrachée à Bakel (est du pays) contre l'ancien président de l'Assemblée nationale socialiste Cheikh Sissoko aux législatives, le leader du mouvement Abdoulaye Bathily quitte le gouvernement, de même que Mamadou Diop Decroix, dont le ministère de la Communication est supprimé. La LD/MPT obtient toutefois l'Urbanisme et l'aménagement du territoire, confié à un ancien fonctionnaire des Nations unies, ainsi que le ministère de la Fonction publique et du travail.

Mame Madior Boye l'avait annoncé dès sa reconduction, son gouvernement fait aussi une large place à la «société civile» et aux femmes. La Santé est ainsi confiée à Awa Coll-Seck, médecin spécialiste du sida, qui travaillait jusqu'ici pour le Programme des Nations unies sur le sida (ONUSIDA), alors que le ministère de la Petite et moyenne entreprise et du Commerce revient également à une «professionnelle», Aïcha Agne Pouye, directrice du Fonds de promotion économique, un organisme de financement pour les PME/PMI. Enfin, c'est un «technicien» respecté, le recteur de l'université de Dakar Moustapha Sourang, qui prend le portefeuille de l'Education.

Pour le Premier ministre c'est, en tous cas, une belle victoire personnelle. Cette juriste rigoureuse, reste à son poste, conformément au désir du président Wade de conserver une femme à la primature. Elle n'aura donc pas seulement servi à assurer l'intérim, après le départ du leader de l'Alliance des forces du progrès Moustapha Niasse, et à séduire l'électorat féminin. En revanche, le maintien d'une personnalité réputée pour sa discrétion ne peut qu'arranger l'entourage présidentiel, à commencer par Idrissa Seck, tête de liste du PDS et directeur de cabinet du président, qui reste l'un des hommes clé du pouvoir sénégalais.



par Christophe  Champin

Article publié le 13/05/2001