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Sénégal

Casamance: les nouvelles têtes du MFDC

Le mouvement rebelle de Casamance change de leader. Lors des assises du mouvement qui viennent de se tenir à Banjul en Gambie, le leader charismatique du MFDC, l'abbé Diamacoune, est devenu président honoraire, laissant la direction au nouveau secrétaire général, Jean-Marie Biagui.
De notre correspondant au Sénégal

Les assises du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) tenues début août à Banjul (Gambie) ont montré que les rivalités pour le leadership ont durablement gangrené la cohésion du mouvement indépendantiste. Ces rivalités exacerbées expliquent ce qui s'est passé lors des assises du mouvement à Banjul, la capitale gambienne.

Première modification d'importance dans l'organigramme: le départ du poste de secrétaire général de l'abbé Diamacoune qui devient président d'honneur. Une fonction honorifique qui n'est pas, contrairement à certaines affirmations, le résultat d'un «coup d'Etat» interne, ni de l'«aveu» d'une supposée incapacité à contrôler le maquis. En effet, ceux qui ont repris en main la direction du maquis sont ses partisans prêts à se faire hara-kiri s'il le leur demandait. Mieux, l'homme fort qui a organisé la traque contre Salif Sadio, est son neveu et s'appelle... Antoine Diamacoune, un proche de Kumba Yalla, le président de la Guinée-Bissau.

Par ailleurs, la configuration actuelle du nouveau bureau de l'aile politique risque de créer plus de problèmes qu'elle n'en résoudra. En effet, quatre des nouveaux membres, dont le nouveau secrétaire général, Jean-Marie Biagui, vivent à l'étranger et ne sont pas ou peu connus des combattants du maquis. Deux, dont Sidy Badji, sont originaires du nord de la Casamance et sont qualifiés de «repentis» pour avoir déposé les armes en 1993. Ils sont actuellement «interdits de séjour» dans le maquis. On voit mal alors comment ces dirigeants pourraient imposer leur autorité, à moins d'avoir le soutien de Diamacoune.

Une large place aux techniciens et aux femmes

En réalité, à plusieurs reprises, l'abbé, qui est aujourd'hui très âgé (73 ans) nous a confié par téléphone depuis Banjul son intention de se «libérer» pour retourner dans son village natal y finir ses vieux jours. Dès lors, même si la direction a été rajeunie, il n'en demeure pas moins qu'elle aura d'énormes difficultés à se faire reconnaître par des combattants qui ne jurent que par Diamacoune.

Il reste que, la nouvelle direction, composée essentiellement d'intellectuels, semble mieux armée pour discuter politiquement avec les autorités de Dakar. La prochaine session, prévue en principe le 15 septembre prochain à Banjul, sera leur premier test même si certains d'entre eux ont déjà pris part aux deux sessions de 1999, du temps d'Abdou Diouf, battu aux élections le 19 mars 2000 par Me Abdoulaye Wade. Ce dernier a une conception différente du traitement de la crise casamançaise : refus d'intermédiaires, exigence que les discussions se tiennent au Sénégal et non dans un autre pays, etc.



par Demba  Ndiaye

Article publié le 15/08/2001