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Burundi

La paix sur fond de putsch

Au moins deux militaires ont été tués et un officier a été blessé lors d'affrontements à Bujumbura : le Burundi vient d'essuyer une nouvelle tentative de coup d'Etat, la deuxième en quatre mois, alors que s'ouvrait à Arusha, en Tanzanie, un sommet régional pour la paix.
Le putsch, mené par un groupe de mutins, dont des élèves officiers, a échoué dans la nuit de dimanche à lundi. Cette annonce a été faite lundi matin par le ministre de la Défense burundais, sur les ondes de la radio nationale. «Un groupe de mutins militaires qui prennent à la légère la question de la paix a essayé encore une fois d'arrêter par la force le processus de paix qui avançait», a déclaré le général major Cyrille Ndayirukiye, le ministre de la Défense.

Des élèves-officiers mutins ont pris en otage un général proche du président Buyoya, a affirmé un porte-parole de l'armée, le colonel Augustin Nzabampema. Ces officiers appartiennent à l'ISCAM, l'Institut supérieur des cadres militaires. Selon le porte-parole de l'armée, le groupe de mutins a pris la route nationale en direction de Kayanza, au nord, avec leur otage, le général de brigade Hicuburundi, chef du cabinet militaire du président Buyoya, enlevé lundi matin alors qu'il se rendait à son bureau. Des troupes loyalistes se sont lancées à sa poursuite.

L'officier blessé au cours des affrontements, est le commandant du district de Bujumbura. Si les téléphones mobiles fonctionnaient normalement lundi matin, en revanche les lignes téléphoniques terrestres étaient coupées.

Des tirs et des détonations de grenade ont été entendus dans la capitale burundaise dans la nuit. Cette tentative de coup d'Etat est la deuxième en quatre mois. Les 18 et 19 avril derniers, l'armée avait mis fin à un putsch tenté par de jeunes militaires.
L'enlisement du processus de paix
Ces événements interviennent le jour même de l'ouverture, à Arusha, en Tanzanie, d'un nouveau sommet régional pour la paix au Burundi (le quinzième), destiné à mettre en place un gouvernement intérimaire. Il s'agit de peaufiner les détails de l'accord conclu par dix-neuf groupes burundais (gouvernement, parlement, sept partis hutus, dix tutsis), pour mettre fin à la guerre civile. Dès son arrivée en Tanzanie, le médiateur de ces négociations de paix, l'ancien président sud-africain Nelson Mandela a aussitôt annoncé que l'homme fort de Bujumbura, le major Pierre Buyoya, présidera les premiers dix-huit mois de la transition au Burundi.

La proposition sud-africaine a pour objectif la formation d'un gouvernement de transition présidé pour les dix-huit premiers mois par le chef de l'Etat tutsi, Pierre Buyoya, accompagné d'un vice-président hutu. Puis pour la seconde moitié de cette période de transition de trois ans, Pierre Buyoya s'est engagé à abandonner son poste à un président hutu, la vice-présidence revenant à un Tutsi.

Mais quelques jours avant la tenue de ce sommet, il était particulièrement difficile d'affirmer qu'un consensus avait été dégagé autour du maintien de la candidature de Buyoya aux destinées du Burundi. Au moins deux partis hutus et six tutsis continuaient d'affirmer qu'ils s'opposaient au maintien de l'homme fort de Bujumbura, les autres parties restant dans le flou.

La dizaine de chefs d'Etat et de gouvernements invités lundi à Arusha devaient tenter, aux côtés de Nelson Mandela de faire entériner la proposition de Pretoria. Mais les tractations avant le sommet étaient intenses : cinq partis tutsis radicaux soutiennent eux la candidature de l'ancien ministre de l'Intérieur Epitace Bayaganakandi, contre Pierre Buyoya. Quant au PARENA, le Parti pour le Redressement National, il a décidé samedi de maintenir la candidature de son chef, l'ancien président Jean-Baptiste Bagaza.

Alors que le processus de paix s'enlise, les combats s'intensifient. Les deux principaux groupes armés, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD) et les Forces nationales de Libération (FNL) ont catégoriquement rejeté l'accord d'Arusha qui prévoit un partage du pouvoir entre les deux ethnies en passant par cette période de transition.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 01/11/2001