Attentats: la riposte
Les Américains cherchent un point de chute
Alors que l'hiver s'annonce en Afghanistan, les Etats-Unis réorganisent leur intervention. A côté d'une intensification des bombardements et d'un renforcement des troupes engagées au sol, les Américains cherchent à assurer le contrôle de positions stratégiques sur le sol afghan et jouent officiellement la carte du soutien à l'Alliance du Nord.
Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense, a été clair, il n'est pas question de stopper ou de ralentir l'offensive américaine en Afghanistan pendant le Ramadan. La menace terroriste est toujours là, présente, et «fait redouter que d'autres milliers de personnes soient tués». La guerre engagée pour capturer Oussama Ben Laden, suspecté d'être à l'origine des attentats du 11 septembre à New York et Washington, et renverser ses alliés taliban a, selon les Etats-Unis, toujours autant de raison d'être. Avec l'approche de l'hiver qui va rendre les actions militaires de la coalition antiterroriste beaucoup plus difficiles, l'enjeu est aujourd'hui de tout mettre en oeuvre pour occuper rapidement des positions stratégiques dans le pays.
Loin de se calmer, l'intensité des bombardements semble donc être montée encore d'un cran. La journée de dimanche a, en effet, été marquée par les bombardements les plus massifs depuis le début des frappes américaines, le 7 octobre. En cinq heures, les bombardiers B-52 ont largué une centaine de bombes sur les positions des Taliban près de la frontière nord-est du pays. A Kaboul, Kandahar, Herat aussi, les raids ont continué.
Une piste d'atterrissage à Cherkat
Dans le même temps, le Pentagone a confirmé que les troupes engagées au sol allaient être renforcées en envoyant notamment sur le terrain des opérations des spécialistes du guidage des bombardements et des conseillers affectés auprès de l'opposition armée afghane. Aucune indication n'a par contre été donnée sur le nombre d'hommes concernés. Mais pour le général Richard Myers, le chef d'état major interarmes : «Plus nous avons d'hommes au sol, mieux nous pouvons utiliser notre puissance aérienne contre les lignes des Taliban». D'autre part, il a confirmé le choix d'une stratégie de soutien à l'opposition armée afghane en affirmant que le rôle de cette dernière était «crucial» pour déstabiliser les Taliban. «La nuit dernière, la nuit d'avant, nous avons placé quelques équipes supplémentaires auprès de leaders de l'opposition»
Les Etats-Unis semblent, en effet, avoir décidé d'appuyer sans état d'âme les forces de l'Alliance du Nord qui combattent les Taliban sur la ligne de front située au nord de Kaboul, la capitale afghane. Ces dernières ont lancé des attaques pour tenter d'avancer vers la ville clef de Mazar-e-Sharif. Après avoir opéré une percée en prenant le district de d'Aq, l'Alliance du Nord a dû de nouveau faire face à une contre-offensive des miliciens au pouvoir à Kaboul et se replier. La prise de Mazar-e-Sharif ne semble donc pas être à l'ordre du jour pour le moment. Les combattants de l'opposition, malgré le renforcement des bombardements américains sur les positions des Taliban, ne sont pas en mesure de mener une action de grande envergure. Ils souffrent d'un manque de munitions, d'essence et même d'une infériorité numérique face à leurs adversaires.
Dans ces conditions, l'annonce de la remise en état avec l'aide américaine, d'un aérodrome à Cherkat, dans la plaine du Panchir, à 80 kilomètres au nord de Kaboul, confirme le fait que la coalition cherche à s'assurer de la maîtrise de points de chute stratégiques pour permettre l'acheminement à la fois de matériel militaire, de ravitaillement et éventuellement de troupes. Des forces américaines sont basées en Ouzbékistan depuis le début de l'intervention en Afghanistan et pourraient, grâce à cette base, prendre position sur le théâtre des opérations. D'autre part, sans la mise en place d'un pont aérien, l'Alliance du Nord ne sera pas en mesure d'obtenir l'appui logistique dont elle a besoin pour combattre les Taliban. Dans une région montagneuse, où l'hiver va bientôt rendre totalement impossible les déplacements, cette piste représente la seule possibilité de rester en contact avec l'extérieur. En attendant une progression vers Mazar-e-Sharif, ville qui dispose aussi d'un aérodrome, celui de Cherkat va donc permettre à des avions de transports militaires comme les Hercules ou les C-130 de se poser.
Pour Donald Rumsfeld, l'intervention militaire fait des «progrès notables». Le général Myers a, quant à lui, contesté l'inefficacité des raids menés en Afghanistan en affirmant que la campagne militaire se déroulait exactement selon les plans américains. «C'est nous qui avons l'initiative, pas les Taliban». Il n'en a pas moins admis que ces derniers disposent toujours «de forces substantielles» et que l'intervention va «durer encore longtemps». De leur côté, les Taliban ne cessent d'affirmer leur détermination à combattre et ont même annoncé avoir abattu un hélicoptère américain. D'autre part, les appels au jihad [guerre sainte] lancés par Mollah Omar et Oussama Ben Laden ont été entendus puisque ces derniers jours, plusieurs milliers d'hommes sont venus du Pakistan voisin pour apporter leur renfort aux miliciens au pouvoir à Kaboul.
A écouter aussi:
Johanne Sutton a rencontré Rachid Dostom
L'envoyée spéciale de RFI dans le nord-est de l'Afghanistan dresse, au micro de Sylvie Noël, un portrait de Rachid Dostom, l'un des hommes forts de l'Alliance du Nord, et nous dit ce qu'il pense de la situation sur le front militaire autour de Mazar-e-Sharif.
Loin de se calmer, l'intensité des bombardements semble donc être montée encore d'un cran. La journée de dimanche a, en effet, été marquée par les bombardements les plus massifs depuis le début des frappes américaines, le 7 octobre. En cinq heures, les bombardiers B-52 ont largué une centaine de bombes sur les positions des Taliban près de la frontière nord-est du pays. A Kaboul, Kandahar, Herat aussi, les raids ont continué.
Une piste d'atterrissage à Cherkat
Dans le même temps, le Pentagone a confirmé que les troupes engagées au sol allaient être renforcées en envoyant notamment sur le terrain des opérations des spécialistes du guidage des bombardements et des conseillers affectés auprès de l'opposition armée afghane. Aucune indication n'a par contre été donnée sur le nombre d'hommes concernés. Mais pour le général Richard Myers, le chef d'état major interarmes : «Plus nous avons d'hommes au sol, mieux nous pouvons utiliser notre puissance aérienne contre les lignes des Taliban». D'autre part, il a confirmé le choix d'une stratégie de soutien à l'opposition armée afghane en affirmant que le rôle de cette dernière était «crucial» pour déstabiliser les Taliban. «La nuit dernière, la nuit d'avant, nous avons placé quelques équipes supplémentaires auprès de leaders de l'opposition»
Les Etats-Unis semblent, en effet, avoir décidé d'appuyer sans état d'âme les forces de l'Alliance du Nord qui combattent les Taliban sur la ligne de front située au nord de Kaboul, la capitale afghane. Ces dernières ont lancé des attaques pour tenter d'avancer vers la ville clef de Mazar-e-Sharif. Après avoir opéré une percée en prenant le district de d'Aq, l'Alliance du Nord a dû de nouveau faire face à une contre-offensive des miliciens au pouvoir à Kaboul et se replier. La prise de Mazar-e-Sharif ne semble donc pas être à l'ordre du jour pour le moment. Les combattants de l'opposition, malgré le renforcement des bombardements américains sur les positions des Taliban, ne sont pas en mesure de mener une action de grande envergure. Ils souffrent d'un manque de munitions, d'essence et même d'une infériorité numérique face à leurs adversaires.
Dans ces conditions, l'annonce de la remise en état avec l'aide américaine, d'un aérodrome à Cherkat, dans la plaine du Panchir, à 80 kilomètres au nord de Kaboul, confirme le fait que la coalition cherche à s'assurer de la maîtrise de points de chute stratégiques pour permettre l'acheminement à la fois de matériel militaire, de ravitaillement et éventuellement de troupes. Des forces américaines sont basées en Ouzbékistan depuis le début de l'intervention en Afghanistan et pourraient, grâce à cette base, prendre position sur le théâtre des opérations. D'autre part, sans la mise en place d'un pont aérien, l'Alliance du Nord ne sera pas en mesure d'obtenir l'appui logistique dont elle a besoin pour combattre les Taliban. Dans une région montagneuse, où l'hiver va bientôt rendre totalement impossible les déplacements, cette piste représente la seule possibilité de rester en contact avec l'extérieur. En attendant une progression vers Mazar-e-Sharif, ville qui dispose aussi d'un aérodrome, celui de Cherkat va donc permettre à des avions de transports militaires comme les Hercules ou les C-130 de se poser.
Pour Donald Rumsfeld, l'intervention militaire fait des «progrès notables». Le général Myers a, quant à lui, contesté l'inefficacité des raids menés en Afghanistan en affirmant que la campagne militaire se déroulait exactement selon les plans américains. «C'est nous qui avons l'initiative, pas les Taliban». Il n'en a pas moins admis que ces derniers disposent toujours «de forces substantielles» et que l'intervention va «durer encore longtemps». De leur côté, les Taliban ne cessent d'affirmer leur détermination à combattre et ont même annoncé avoir abattu un hélicoptère américain. D'autre part, les appels au jihad [guerre sainte] lancés par Mollah Omar et Oussama Ben Laden ont été entendus puisque ces derniers jours, plusieurs milliers d'hommes sont venus du Pakistan voisin pour apporter leur renfort aux miliciens au pouvoir à Kaboul.
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par Valérie Gas
Article publié le 05/11/2001