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Attentats: la riposte

Premiers combats au sol des troupes américaines en Afghanistan

Les forces spéciales américaines ont mené leurs premières attaques au sol, dans la nuit du 19 au 20 octobre, dans la région de Kandahar, centre du pouvoir Taliban. Dans le même temps, les Américains enregistrent leurs premières pertes, avec la chute d'un hélicoptère au Pakistan.
Des combats entre troupes d'élite américaines et miliciens taliban ont eu lieu, dans la nuit de vendredi à samedi, dans la province de Kandahar, centre du pouvoir islamiste afghan, dans le sud-est du pays. Il s'agit manifestement d'une intervention éclair, puisque les hommes des Forces spéciales ont immédiatement été évacués de la zone par hélicoptère. Washington n'a donné aucun détail sur le déroulement de cette attaque, le ministère de la Défense, par la voix d'un de ses responsables, se contentant d'annoncer la fin de l'opération, qui a été suivie, tôt ce samedi matin, de bombardements aériens sur Kaboul, la capitale, Herat, dans l'Ouest, et Kandahar.

Côté afghan, les responsables Taliban donnent déjà leur version de ce qu'ils décrivent comme un fiasco. Tout en reconnaissant le largage de soldats américains, à Arghandab, dans la province de Kandahar, un porte-parole du régime de Kaboul assure que «ces troupes se sont enfuies lorsque les soldats taliban ont ouvert le feu sur elles». Les Taliban ont également semé la confusion en annonçant la mort du général Rashid Dostom, l'un des principaux chefs de l'opposition armée de l'Alliance du Nord. L'intéressé à dû démentir en personne, ce samedi, une information visant manifestement à démobiliser ses partisans.

Pertes américaines

Le début des opérations au sol marque, en tous cas, un tournant dans la riposte américaine aux attentats du 11 septembre. Le déploiement de militaires américains en Afghanistan reste toutefois limité. Selon la chaîne de télévision CBS, plus de cent Rangers de l'armée américaine, l'infanterie légère aéroportée, participent à cette nouvelle phase de la «guerre contre le terrorisme».

Alors que débutait cette nouvelle phase de la riposte, les Américains ont aussi enregistré leurs premières pertes dans l'opération «Liberté immuable». Un hélicoptère s'est écrasé vendredi au Pakistan, provoquant la mort de deux soldats et en blessant plusieurs autres. Selon un responsable pakistanais le crash a eu lieu près de l'aéroport de Dalbandin, dans la province du Balouchistan (sud-ouest). Le Pentagone n'a cependant pas précisé si l'appareil était impliqué dans les opérations de la nuit. George W. Bush a rendu hommage aux militaires décédés, estimant qu'ils «ne seront pas morts en vain», mais «pour une juste cause». «Nous devons réussir et nous réussirons», a-t-il déclaré.

Le président américain se trouve à Shangaï, où il participe au sommet des pays de l'Asie-Pacifique (APEC). Il y poursuit son offensive diplomatique pour élargir la coalition anti-terroriste. La tâche n'est pas aisée. George W. Bush a, certes, obtenu un soutien aussi total qu'attendu de la part du Japon et un appui relatif du numéro un chinois Jiang Zemin. Ce dernier a néanmoins émis des réserves sur les frappes américaines. Avec le président russe Vladimir Poutine, qu'il a rencontré en marge du sommet, Jiang Zemin a estimé qu'il fallait passer au plus vite de la phase militaire à la phase politique du règlement en Afghanistan.

Pour leur part, les dirigeants de Malaisie et d'Indonésie, les deux principaux pays islamiques d'Asie du Sud-est, ne cachent pas une certaine défiance face à l'attitude des Etats-Unis. Confrontés à des opinions publiques très hostiles à la riposte contre l'Afghanistan, leurs gouvernements se sont même distanciés de Washington. Particulièrement critique, le premier ministre malais, Mahathir, s'est contenté d'appuyer une déclaration antiterroriste devant être approuvée ce dimanche par les dirigeants de l'APEC.

George W. Bush n'en a pas moins estimé que «de grands progrès» étaient accomplis dans la lutte anti-terroriste, en appelant «toutes les nations» à s'opposer à l'ennemi, sous peine «de devenir sa cible à leur tour». En guise de réponse, dans la journée de samedi, un représentant Taliban, s'exprimant sur la télévision satellitaire Al-Jazira, a réitéré le refus du régime de Kaboul de livrer le milliardaire saoudien Oussama Ben Laden au nom de la Charia «qui interdit de livrer un musulman à un mécréant».



par Christophe  Champin avec AFP

Article publié le 20/10/2001