Commerce mondial
ACP : «Nous voulons une dérogation»
Confrontés sans cesse à des problèmes de barrières non tarifaires telles que les normes techniques et de qualité pour leurs exportations, les 56 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) haussent le ton à Doha. Ils réclament une harmonisation de ces normes, et demandent que l'OMC leur accorde une dérogation pour un accès préférentiel de leurs produits sur le marché de leur partenaire traditionnel : l'Union européenne. Jean-Robert Goulongana est le Secrétaire général du groupe des ACP, basé à Bruxelles.
De notre envoyé spécial à Doha
RFI : Quelles sont les demandes spécifiques des Etats du sud pour faire face aux questions de normes qui bloquent leurs exportations?
Jean-Robert Goulongana : Nous demandons à l'Union européenne que notre accès à son marché soit amélioré. Nous nous sommes mis d'accord avec les Européens pour organiser la libéralisation du marché des produits exclus de l'initiative « Tout sauf les armes» Mais de plus en plus d'obstacles non tarifaires apparaissent. Il s'agit des normes de qualité, sanitaires et phytosanitaires pour lesquelles il existe une abondante réglementation européenne. Nous sommes d'accord pour la qualité des produits puisqu'en Europe même, il y a des normes minimales. Mais ces normes doivent être discutées et si on nous les demande, il faut nous mettre en position de pouvoir les respecter. Au lieu de cela, du jour au lendemain, on vous annonce, par exemple que les poissons de tel pays ne peuvent plus accéder à l'Europe. C'est le cas du poisson, mais aussi de la viande et de certains produits agricoles.
Les normes doivent être internationalement reconnues. Il doit avoir une harmonisation de ces normes au lieu qu'un pays impose des normes pour les arachides et un autre édictera des normes pour le cacao ou le café. Cette harmonisation peut se faire à travers un organisme international. L'Europe qui s'est engagée à nous aider doit nous apporter les appuis nécessaires non seulement pour améliorer nos capacités de production mais aussi nos capacités d'analyse, d'évaluation et de maîtrise de ces normes.
RFI :N'y a-t-il pas une contradiction que de demander aux Européens d'aider les ACP à développer leurs productions pour mieux les concurrencer?
J-R. G : La contradiction n'est qu'apparente. Nous nous sommes mis d'accord pour lutter contre la pauvreté. Ceci ne peut se faire que si l'on nous donne les moyens de produire et d'affronter la concurrence. L'engagement a été pris et il faut le respecter. Sinon, nous allons continuer de dépendre des produits subventionnés provenant de l'Europe. Bien sûr, nous ne demandons pas une suppression aveugle des subventions parce nous avons beaucoup de pays qui sont importateurs nets de produits alimentaires. Ce serait les condamner que de supprimer toutes les subventions.
RFI : Sur quel point, serez-vous intraitables dans les négociations à Doha?
J-R. G : C'est sur la question de la dérogation qui nous permet de maintenir un régime de préférences pour l'accès de nos produits au marché européen. Nous voulons que l'OMC nous accorde cette dérogation jusqu'en 2007. Sans cet accord, nous sommes dans l'illégalité pour continuer à maintenir et à mettre en £uvre ce système préférentiel dont nous bénéficions. Nous avons pris l'engagement de libéraliser progressivement nos échanges à partir de 2008. Sans l'accord de l'OMC, nous sommes dans une sorte d'insécurité juridique puisqu'un pays peut remettre en cause à tout moment ce dont nous bénéficions. Pour nous donc, il y aura pas d'accord, si on ne s'entend pas ici sur tout ce que nous demandons. La dérogation doit se régler avant la fin de la conférence, c'est-à-dire que nous attendons une décision d'ici mardi. On nous mène en bateau depuis dix-huit mois que nous avons demandé la dérogation. Mais ici, nous serons intraitables. Il faut que les ministres règlent la question et ne plus la renvoyer au siège de l'OMC à Genève, où on nous fait tourner en rond allant de procédures en procédures. Nous sommes venus ici dans un esprit d'ouverture. Les ACP ne se sont jamais opposés à une dérogation en faveur d'un pays quelconque, on ne comprend donc pas qu'on s'entête à refuser notre demande. Nous pensons qu'il y a un lien entre le refus de nous accorder une dérogation et le problème de la banane.
RFI : Mais les Etats-Unis que vous semblez mettre en cause tiennent à Doha un discours pour le moins favorable à l'égard des pays pauvres?
J-R. G : Nous voulons des actes concrets. C'est bien les déclarations mais ce n'est pas la première fois qu'on nous fait miroiter des choses. Concrètement nous voulons voir. L'Europe s'est engagée dans le cadre de l'accord de Cotonou (Accord UE-ACP signé en juin 2000) à financer le Fonds de développement pour les pays ACP à hauteur de 20 milliards d'euros pour les cinq prochaines années. C'est déjà signé et c'est donc plus concret.
RFI : Quelles sont les demandes spécifiques des Etats du sud pour faire face aux questions de normes qui bloquent leurs exportations?
Jean-Robert Goulongana : Nous demandons à l'Union européenne que notre accès à son marché soit amélioré. Nous nous sommes mis d'accord avec les Européens pour organiser la libéralisation du marché des produits exclus de l'initiative « Tout sauf les armes» Mais de plus en plus d'obstacles non tarifaires apparaissent. Il s'agit des normes de qualité, sanitaires et phytosanitaires pour lesquelles il existe une abondante réglementation européenne. Nous sommes d'accord pour la qualité des produits puisqu'en Europe même, il y a des normes minimales. Mais ces normes doivent être discutées et si on nous les demande, il faut nous mettre en position de pouvoir les respecter. Au lieu de cela, du jour au lendemain, on vous annonce, par exemple que les poissons de tel pays ne peuvent plus accéder à l'Europe. C'est le cas du poisson, mais aussi de la viande et de certains produits agricoles.
Les normes doivent être internationalement reconnues. Il doit avoir une harmonisation de ces normes au lieu qu'un pays impose des normes pour les arachides et un autre édictera des normes pour le cacao ou le café. Cette harmonisation peut se faire à travers un organisme international. L'Europe qui s'est engagée à nous aider doit nous apporter les appuis nécessaires non seulement pour améliorer nos capacités de production mais aussi nos capacités d'analyse, d'évaluation et de maîtrise de ces normes.
RFI :N'y a-t-il pas une contradiction que de demander aux Européens d'aider les ACP à développer leurs productions pour mieux les concurrencer?
J-R. G : La contradiction n'est qu'apparente. Nous nous sommes mis d'accord pour lutter contre la pauvreté. Ceci ne peut se faire que si l'on nous donne les moyens de produire et d'affronter la concurrence. L'engagement a été pris et il faut le respecter. Sinon, nous allons continuer de dépendre des produits subventionnés provenant de l'Europe. Bien sûr, nous ne demandons pas une suppression aveugle des subventions parce nous avons beaucoup de pays qui sont importateurs nets de produits alimentaires. Ce serait les condamner que de supprimer toutes les subventions.
RFI : Sur quel point, serez-vous intraitables dans les négociations à Doha?
J-R. G : C'est sur la question de la dérogation qui nous permet de maintenir un régime de préférences pour l'accès de nos produits au marché européen. Nous voulons que l'OMC nous accorde cette dérogation jusqu'en 2007. Sans cet accord, nous sommes dans l'illégalité pour continuer à maintenir et à mettre en £uvre ce système préférentiel dont nous bénéficions. Nous avons pris l'engagement de libéraliser progressivement nos échanges à partir de 2008. Sans l'accord de l'OMC, nous sommes dans une sorte d'insécurité juridique puisqu'un pays peut remettre en cause à tout moment ce dont nous bénéficions. Pour nous donc, il y aura pas d'accord, si on ne s'entend pas ici sur tout ce que nous demandons. La dérogation doit se régler avant la fin de la conférence, c'est-à-dire que nous attendons une décision d'ici mardi. On nous mène en bateau depuis dix-huit mois que nous avons demandé la dérogation. Mais ici, nous serons intraitables. Il faut que les ministres règlent la question et ne plus la renvoyer au siège de l'OMC à Genève, où on nous fait tourner en rond allant de procédures en procédures. Nous sommes venus ici dans un esprit d'ouverture. Les ACP ne se sont jamais opposés à une dérogation en faveur d'un pays quelconque, on ne comprend donc pas qu'on s'entête à refuser notre demande. Nous pensons qu'il y a un lien entre le refus de nous accorder une dérogation et le problème de la banane.
RFI : Mais les Etats-Unis que vous semblez mettre en cause tiennent à Doha un discours pour le moins favorable à l'égard des pays pauvres?
J-R. G : Nous voulons des actes concrets. C'est bien les déclarations mais ce n'est pas la première fois qu'on nous fait miroiter des choses. Concrètement nous voulons voir. L'Europe s'est engagée dans le cadre de l'accord de Cotonou (Accord UE-ACP signé en juin 2000) à financer le Fonds de développement pour les pays ACP à hauteur de 20 milliards d'euros pour les cinq prochaines années. C'est déjà signé et c'est donc plus concret.
par Alpha Barry
Article publié le 11/11/2001