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Côte d''Ivoire

Un nouveau rendez-vous manqué

La première phase des débats du Forum de réconciliation nationale devait culminer, ce mardi, avec l'intervention des quatre principaux leaders politiques du pays. Malgré les efforts du médiateur Seydou Diarra, Alassane Ouattara et l'ex-chef de la junte Robert Gueï ont finalement décliné l'invitation.
Défouloir salutaire pour les uns, réunion de dupes pour les autres, le Forum de réconciliation nationale, censé mettre un terme aux violences politiques de la fin 2000, clot sa première phase cette semaine. Ce mardi 13 novembre, la séance devait être l'occasion pour les quatre principaux leaders politiques du pays d'offrir leur version des événements qui ont secoué la Côte d'Ivoire, entre octobre 2000 et janvier 2001. Elle se sera finalement tenue en l'absence de deux d'entre eux. A la veille du jour «J», le président du Rassemblement de républicains (RDR) a annoncé le report de son retour en Côte d'Ivoire.

Ces derniers jours, les tractations se sont multipliées pour tenter de faire plier l'ancien Premier ministre d'Houphouët-Boigny, exilé en France depuis deux ans. Comme dans les semaines précédant l'ouverture du Forum, le 8 octobre, le médiateur, Seydou Diarra, a repris son bâton de pèlerin, en rendant visite à quelques-uns des chefs d'Etats africains susceptibles d'influencer la décision d'Alassane Ouattara. Les deux hommes se sont rencontrés le 8 novembre, au Gabon, sous l'égide du président Omar Bongo, considéré comme proche du leader du RDR.

Ultimes tractations

Les contacts se sont poursuivis tout au long du week-end. Sans succès. Selon Alassane Ouattara, interrogé sur RFI, les autorités ivoiriennes n'ont pas tenu «leur engagement et les assurances qui avaient été données de clarifier de manière définitive» sa citoyenneté ivoirienne. De telles promesses ont elles été effectivement faites ? «J'ai eu moi-même des entretiens avec les autorités, avec le président Gbagbo. Plusieurs chefs d'Etat africains les autorités françaises ont eu des assurances», assure-t-il. L'engagement en question n'a toutefois jamais été officiellement confirmé côté gouvernemental.

S'il est au centre d'un débat passionné, depuis de longs mois, en raison d'une incessante polémique sur sa nationalité, Alassane Ouattara n'est pas le seul absent de marque de la cérémonie du 13 novembre. L'ancien chef de la junte militaire, chassé du pouvoir fin octobre 2000, n'a pas fait non plus le déplacement. Reclus dans son village de Gouessesso, dans l'Ouest du pays, le général Robert Gueï estime, lui aussi, que les conditions de sa participation û à savoir son statut d'ancien chef de l'Etat, le régularisation des membres de sa garde rapprochée et la réhabilitation de sa résidence d'Abidjan ûne sont pas remplies.

Dans un ultime effort, ce dimanche, Seydou Diarra avait appelé «incessamment et avec insistance» les récalcitrants à répondre positivement à son invitation. Au bout du compte, seuls deux des quatre principaux leaders du pays, Laurent Gbagbo et le chef de l'Etat déchu Henri Konan Bédié, se seront pliés à une sorte de grand oral, où chacun des hauts responsables politiques devait répondre à une série de questions, après un exposé d'environ une demi-heure.

Ce rendez-vous constituait pourtant l'étape la plus attendue de la grande messe réunissant, depuis un mois, une multitude d'intervenants politiques, religieux, militaires ou catégoriels, dont les discours ont, de surcroît, fréquemment tourné autour d'ADO. Beaucoup attendaient donc que celui-ci saisisse cette opportunité de répondre publiquement à ses détracteurs. Mais il a finalement estimé qu'il ne pouvait s'exprimer en tant que «leader» sans voir sa nationalité «pleinement reconnue».

Pour bien des observateurs, son absence, comme celle de Robert Gueï, porte un sérieux coup à un processus qui devait clore la période troublée des derniers mois de l'année 2000. «Le Forum n'est que l'enclenchement d'un processus», tempère cependant un responsable du Forum à propos du refus d'Alassane Ouattara, qui ne désespère d'ailleurs pas d'un règlement de son cas dans les semaines à venir. Dans l'intervalle, le directoire du Forum va plancher, d'ici fin novembre, sur une série de propositions censées contribuer à la réconciliation. Avec ou sans le numéro 1 du RDR et le chef de l'ex-junte.

A écouter aussi:

Alassane Ouattara
Invité de RFI Afrique le 13/11/2001, au micro de Ghislaine Dupont.




par Christophe  Champin

Article publié le 13/11/2001