Attentats: la riposte
Le soutien à l'Alliance du nord en question
Les Américains s'appuient sur les forces de l'Alliance du nord dans leur offensive contre les Taliban, mais ils craignent maintenant que cette coalition ne provoque le chaos en pénétrant dans Kaboul. Un mois après le début des bombardements, ce choix de Washington suscite l'inquiétude.
Pour riposter aux attentats du 11 septembre, les Etats-Unis avaient décidé d'agir seuls en Afghanistan, n'admettant à leurs côtés que leurs fidèles alliés britanniques. Les autres furent sommés de choisir leur camp. Aujourd'hui, un mois après le début des frappes, George W. Bush prévient à nouveau ceux qu'il juge trop tièdes. «Le temps de la sympathie est passé, le temps de l'action est maintenant venu. Certains gouvernements détournent encore le regard des terroristes, en espérant que la menace va les épargner, a-t-il déclaré samedi devant les Nations unies. Ils ont tort (...) Nous devons nous unir dans l'opposition à tous les terroristes (...) Tout gouvernement rejetant ce principe, essayant de sélectionner et choisir ses amis terroristes en subira les conséquences».
Ces menaces expriment-elles seulement la détermination de la Maison Blanche, ou bien trahissent-elles ce malaise que perçoit la presse anglo-saxonne chez les dirigeants américains ? Le magazine Newsweek relève qu'«un vague sentiment de désespoir s'est introduit chez les décideurs de Washington, qui semblent sauter d'une stratégie à une autre». Time constate que «l'effort de guerre américain fait l'objet d'un vaste ch£ur de critiques, des rues de Quetta au Pakistan aux couloirs du Congrès américain».
«Arrêtez de bombarder et commencez à réfléchir»
Selon de nombreux spécialistes, Washington éprouve les plus grandes difficultés à maîtriser la conduite des opérations. Poussés par l'opinion américaine mais confrontés aux réalités du terrain, les dirigeants américains donnent parfois l'impression de naviguer à vue. «Arrêtez de bombarder et commencez à réfléchir», leur conseille l'expert militaire asiatique Kumar Ramakrishna. L'appui accordé depuis deux semaines aux forces de l'Alliance du nord (notamment par les bombardements massifs sur les lignes des talibans) semble maintenant échapper à tout contrôle. Les troupes de cette coalition hétéroclite, constituée d'ethnies minoritaires, progressent rapidement vers Kaboul.
Or, les Etats-Unis comme le Pakistan ne veulent à aucun prix que l'Alliance entre dans la capitale afghane avant qu'un accord politique ne soit conclu. Des entretiens sur le statut de Kaboul se poursuivent au niveau international. Un mandat de l'Onu est évoqué. Washington et Islamabad, tout comme les populations de Kaboul, craignent un retour à l'anarchie sanglante qui sévissait au début des années 90, lorsque les factions ethniques s'affrontaient et massacraient des civils.
Galvanisées par leurs succès, que vont faire les troupes de l'Alliance ? Un de ses commandants se veut rassurant. «Notre stratégie n'est pas d'entrer dans Kaboul, mais nous voulons avancer jusqu'aux portes de la ville». Toutefois, d'autres responsables de l'Alliance du nord avaient exprimé l'espoir d'entrer dans Kaboul et de s'y venger des événements de 1996, lorsque les Taliban les avaient chassés de la capitale, qu'ils occupaient depuis quatre ans. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a dû le reconnaître dimanche: «Nous n'avons pas assez de forces sur le terrain pour nous mettre en travers de leur chemin».
Tandis que les Taliban affirment opérer «un repli stratégique», l'Alliance progresse. Elle a conquis récemment des provinces au nord (région de Mazar-i-Sharif), à l'ouest (elle contrôlerait la ville de Herat), et au centre (selon Téhéran, la totalité de la province de Bamiyan). Ce qui fait craindre, pour la population de ces régions, des représailles et des règlements de compte à caractère ethnico-politique. Déjà, selon les Nations-unies, la ville de Mazar-i-Sharif (nord), conquise vendredi par l'opposition anti-Taliban, est en proie aux pillages et aux violences, dont des exécutions sommaires.
Ces menaces expriment-elles seulement la détermination de la Maison Blanche, ou bien trahissent-elles ce malaise que perçoit la presse anglo-saxonne chez les dirigeants américains ? Le magazine Newsweek relève qu'«un vague sentiment de désespoir s'est introduit chez les décideurs de Washington, qui semblent sauter d'une stratégie à une autre». Time constate que «l'effort de guerre américain fait l'objet d'un vaste ch£ur de critiques, des rues de Quetta au Pakistan aux couloirs du Congrès américain».
«Arrêtez de bombarder et commencez à réfléchir»
Selon de nombreux spécialistes, Washington éprouve les plus grandes difficultés à maîtriser la conduite des opérations. Poussés par l'opinion américaine mais confrontés aux réalités du terrain, les dirigeants américains donnent parfois l'impression de naviguer à vue. «Arrêtez de bombarder et commencez à réfléchir», leur conseille l'expert militaire asiatique Kumar Ramakrishna. L'appui accordé depuis deux semaines aux forces de l'Alliance du nord (notamment par les bombardements massifs sur les lignes des talibans) semble maintenant échapper à tout contrôle. Les troupes de cette coalition hétéroclite, constituée d'ethnies minoritaires, progressent rapidement vers Kaboul.
Or, les Etats-Unis comme le Pakistan ne veulent à aucun prix que l'Alliance entre dans la capitale afghane avant qu'un accord politique ne soit conclu. Des entretiens sur le statut de Kaboul se poursuivent au niveau international. Un mandat de l'Onu est évoqué. Washington et Islamabad, tout comme les populations de Kaboul, craignent un retour à l'anarchie sanglante qui sévissait au début des années 90, lorsque les factions ethniques s'affrontaient et massacraient des civils.
Galvanisées par leurs succès, que vont faire les troupes de l'Alliance ? Un de ses commandants se veut rassurant. «Notre stratégie n'est pas d'entrer dans Kaboul, mais nous voulons avancer jusqu'aux portes de la ville». Toutefois, d'autres responsables de l'Alliance du nord avaient exprimé l'espoir d'entrer dans Kaboul et de s'y venger des événements de 1996, lorsque les Taliban les avaient chassés de la capitale, qu'ils occupaient depuis quatre ans. Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a dû le reconnaître dimanche: «Nous n'avons pas assez de forces sur le terrain pour nous mettre en travers de leur chemin».
Tandis que les Taliban affirment opérer «un repli stratégique», l'Alliance progresse. Elle a conquis récemment des provinces au nord (région de Mazar-i-Sharif), à l'ouest (elle contrôlerait la ville de Herat), et au centre (selon Téhéran, la totalité de la province de Bamiyan). Ce qui fait craindre, pour la population de ces régions, des représailles et des règlements de compte à caractère ethnico-politique. Déjà, selon les Nations-unies, la ville de Mazar-i-Sharif (nord), conquise vendredi par l'opposition anti-Taliban, est en proie aux pillages et aux violences, dont des exécutions sommaires.
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 12/11/2001