Afghanistan
Kounduz est tombée
Le Front uni, nouvelle appellation des forces de l'Alliance du Nord, a conquis le dernier bastion du nord de l'Afghanistan où se sont retranchés les Taliban. On annonçait des combats violents, un bain de sang, un baroud d'honneur des Taliban, mais finalement le sort de cette poche de résistance s'est réglé par des redditions massives.
Dix jours de siège et d'intenses bombardements de l'aviation américaine ont eu raison des Taliban retranchés dans la ville de Kounduz. Mais la chute de cette ville a, une fois de plus, révélé les graves dissensions au sein du Front uni, ex Alliance du Nord. Sur le front ouest, à Mazar-i-sharif, les chefs militaires ouzbek, organisaient depuis quelques jours la reddition des Taliban, alors que sur un front plus à l'est, d'autres chefs militaires, Tadjik, avaient engagé une offensive générale contre les positions ennemies, dès les 22 et 23 novembre derniers, en même temps qu'ils avaient entamé des négociations séparées avec les Taliban. Une autre composante de Front uni, les chiites Hazara ne se sont pas laissés compter dans la course vers Kounduz. Mais un ultime accord entre les anti-talibans, le vendredi 24 novembre, a offert aux troupes du Général ouzbek, Dostum, d'entrer dans la ville dans la nuit du samedi au dimanche.
La résistance contre le Front uni a fait long feu à Kounduz. Les Taliban ont découvert à leurs dépens que l'appartenance ethnique était un facteur d'engagement dans la guerre tout aussi fort que les convictions religieuses. Les premiers à déposer les armes à Kounduz sont des Afghans ouzbek et tadjik, qui se rendaient par centaine et qui tombaient même dans les bras de leurs vainqueurs. Ces scènes de reddition entre Afghans ont naturellement inquiété les autres combattants taliban, les Tchétchènes, les Pakistanais et les Arabes. Craignant d'être massacrés, certains d'entre eux ont décidé de se battre jusqu'au bout, alors que d'autres ont durement négocié leur reddition. «Ils seront faits prisonniers, traités en êtres humains, selon les principes de la charia (loi islamique). Ils seront remis aux Etats-Unis, aux Nations unies où à leurs pays respectifs s'ils sont recherchés où réclamés», a déclaré un chef militaire du Front uni. Malgré tout le sort de ces Taliban étrangers reste incertain.
Aujourd'hui tout le nord de l'Afghanistan est sous le contrôle des forces anti-taliban. Mais des actions de guérilla et de tireurs isolés, qualifiés d'actes de désespoir maintiennent toujours une certaine insécurité dans la région et d'autres poches de résistances existent encore aux portes de Kaboul. Les forces anti-taliban assurent maîtriser bientôt la situation. mais on les sent déjà partis, comme les Américains pour la campagne de Kandahar, le bastion symbolique des Taliban. Ces derniers contrôlent toujours une bonne partie du sud-est du pays, où on retrouve majoritairement des populations de l'ethnie pachtoune. Mais Kandahar, ancienne capitale royale et fief du mollah Omar, chef des Taliban, s'est vidée de ses habitants à plus de 80%. C'est sur cette ville fantôme, tenue par les Taliban que les Américains vont désormais concentrer leurs bombardements. Ils espèrent délogés de ce carré les irréductibles Taliban et pourquoi pas Oussama Ben Laden lui-même. Soixanteûquinze avions américains ont frappé ces derniers jours des positions taliban, des tunnels et des grottes. Pour les autorités américaines la destruction du réseau Al Qaïda reste l'objectif principal de la guerre en Afghanistan. «Tous les Taliban ne sont malheureusement pas morts, nous allons essayer d'en tuer le plus possible», pouvait-on entendre ces derniers jours dans les couloirs du ministère américain de la Défense.
Capturer Ben Laden et détruire Al Qaïda
La traque d'Oussama Ben Laden se poursuit, mais les approches changent. Les Britanniques qui avaient prévu d'envoyer plusieurs milliers de soldats ont essuyé une opposition ferme du Front uni, avant de conclure l'envoi sur d'une centaine de soldats d'unité d'élite qui pourraient participer au maintien de l'ordre à Kaboul et dans les régions sensibles. Les Britannique pourraient aussi participer à une «force internationale discrète» comme le souhaite l'envoyé spécial de l'ONU pour l'Afghanistan, Francesc Vendrell. Les Français aussi marquent leur présence aux côtés des Américains, dans l'opération «Justice immuable». Selon le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, le Tadjikistan aurait donné son accord de principe pour accueillir 200 soldats français et 8 avions, dont 6 Mirage sur son territoire. Tout ceci devrait compléter le dispositif américain dont, entre autre des équipements de détection extrêmement sophistiqués composés de senseurs thermiques ou magnétiques qui peuvent sentir la présence de vie sous des dizaines de mètres de rochers. Selon les renseignements militaires américains Ben Laden serait toujours caché dans les montagnes vers la frontière pakistanaise.
A côté des priorités américaines édictées par l'opération «Justice immuable», il y a celles des Afghans eux-mêmes, celles d'un retour à une vie normale. Et c'est à Bonn en Allemagne que le sort de l'Afghanistan pourrait se jouer à partir du mardi 27 novembre 2001. Sous l'égide des Nations unies, Lakhdar Brahimi , émissaire de l'ONU pour l'Afghanistan présidera une conférence interafghane de réconciliation. Une trentaine d'Afghans participeront à des discussions qui devront dessiner les contours politiques d'une administration largement représentative de toutes les ethnies du pays. Il devrait sortir de cette conférence la formation d'un gouvernement provisoire et la désignation d'une assemblée représentative. L'ONU a particulièrement veillé à ce que les femmes soient présentes et participent aux discussions de reconstruction d'un Afghanistan nouveau.
La résistance contre le Front uni a fait long feu à Kounduz. Les Taliban ont découvert à leurs dépens que l'appartenance ethnique était un facteur d'engagement dans la guerre tout aussi fort que les convictions religieuses. Les premiers à déposer les armes à Kounduz sont des Afghans ouzbek et tadjik, qui se rendaient par centaine et qui tombaient même dans les bras de leurs vainqueurs. Ces scènes de reddition entre Afghans ont naturellement inquiété les autres combattants taliban, les Tchétchènes, les Pakistanais et les Arabes. Craignant d'être massacrés, certains d'entre eux ont décidé de se battre jusqu'au bout, alors que d'autres ont durement négocié leur reddition. «Ils seront faits prisonniers, traités en êtres humains, selon les principes de la charia (loi islamique). Ils seront remis aux Etats-Unis, aux Nations unies où à leurs pays respectifs s'ils sont recherchés où réclamés», a déclaré un chef militaire du Front uni. Malgré tout le sort de ces Taliban étrangers reste incertain.
Aujourd'hui tout le nord de l'Afghanistan est sous le contrôle des forces anti-taliban. Mais des actions de guérilla et de tireurs isolés, qualifiés d'actes de désespoir maintiennent toujours une certaine insécurité dans la région et d'autres poches de résistances existent encore aux portes de Kaboul. Les forces anti-taliban assurent maîtriser bientôt la situation. mais on les sent déjà partis, comme les Américains pour la campagne de Kandahar, le bastion symbolique des Taliban. Ces derniers contrôlent toujours une bonne partie du sud-est du pays, où on retrouve majoritairement des populations de l'ethnie pachtoune. Mais Kandahar, ancienne capitale royale et fief du mollah Omar, chef des Taliban, s'est vidée de ses habitants à plus de 80%. C'est sur cette ville fantôme, tenue par les Taliban que les Américains vont désormais concentrer leurs bombardements. Ils espèrent délogés de ce carré les irréductibles Taliban et pourquoi pas Oussama Ben Laden lui-même. Soixanteûquinze avions américains ont frappé ces derniers jours des positions taliban, des tunnels et des grottes. Pour les autorités américaines la destruction du réseau Al Qaïda reste l'objectif principal de la guerre en Afghanistan. «Tous les Taliban ne sont malheureusement pas morts, nous allons essayer d'en tuer le plus possible», pouvait-on entendre ces derniers jours dans les couloirs du ministère américain de la Défense.
Capturer Ben Laden et détruire Al Qaïda
La traque d'Oussama Ben Laden se poursuit, mais les approches changent. Les Britanniques qui avaient prévu d'envoyer plusieurs milliers de soldats ont essuyé une opposition ferme du Front uni, avant de conclure l'envoi sur d'une centaine de soldats d'unité d'élite qui pourraient participer au maintien de l'ordre à Kaboul et dans les régions sensibles. Les Britannique pourraient aussi participer à une «force internationale discrète» comme le souhaite l'envoyé spécial de l'ONU pour l'Afghanistan, Francesc Vendrell. Les Français aussi marquent leur présence aux côtés des Américains, dans l'opération «Justice immuable». Selon le ministre français de la Coopération, Charles Josselin, le Tadjikistan aurait donné son accord de principe pour accueillir 200 soldats français et 8 avions, dont 6 Mirage sur son territoire. Tout ceci devrait compléter le dispositif américain dont, entre autre des équipements de détection extrêmement sophistiqués composés de senseurs thermiques ou magnétiques qui peuvent sentir la présence de vie sous des dizaines de mètres de rochers. Selon les renseignements militaires américains Ben Laden serait toujours caché dans les montagnes vers la frontière pakistanaise.
A côté des priorités américaines édictées par l'opération «Justice immuable», il y a celles des Afghans eux-mêmes, celles d'un retour à une vie normale. Et c'est à Bonn en Allemagne que le sort de l'Afghanistan pourrait se jouer à partir du mardi 27 novembre 2001. Sous l'égide des Nations unies, Lakhdar Brahimi , émissaire de l'ONU pour l'Afghanistan présidera une conférence interafghane de réconciliation. Une trentaine d'Afghans participeront à des discussions qui devront dessiner les contours politiques d'une administration largement représentative de toutes les ethnies du pays. Il devrait sortir de cette conférence la formation d'un gouvernement provisoire et la désignation d'une assemblée représentative. L'ONU a particulièrement veillé à ce que les femmes soient présentes et participent aux discussions de reconstruction d'un Afghanistan nouveau.
par Didier Samson
Article publié le 25/11/2001