Kosovo
La participation serbe plus forte que prévue
La campagne électorale serbe n'a duré qu'une semaine, et les plus optimistes tablaient sur une participation de l'ordre de 30% inscrits : 46% des 170 000 électeurs serbes inscrits sur les listes électorales se sont pourtant rendus aux urnes, créant la véritable surprise du scrutin du 17 novembre au Kosovo.
De notre envoyé spécial dans les Balkans
Dans la partie serbe de Kosovska Mitrovica, au nord du Kosovo, les gros bras nationalistes ont multiplié jusqu'au dernier moment les man£uvres d'intimidation pour dissuader les gens de voter. Toute la journée, une vingtaine de «gardiens de pont», ces membres du service d'ordre serbe, ont monté la garde près du principal bureau de vote.
A 17 heures, seulement 179 des 4491 électeurs inscrits avaient voté. En une heure, ce chiffre a doublé : les électeurs ont attendu que tombe la nuit, espérant pouvoir aller voter sans être reconnus. Nikola Kabasic, militant local du Parti démocratique du Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic, le reconnaît : «ici tout le monde se méfie de tout le monde, de ses voisins, même de ses parents». Au total, la participation ne dépasse pas 10% des inscrits à Kosovska Mitrovica, tandis que les petites enclaves disséminées à travers tout le Kosovo ont massivement voté. La participation dépasse 80% des inscrits dans la ville serbe de Strpce, dans le sud du Kosovo, et 90% à Velika Hoca ou à Gorazdevac. A Pristina, dans l'unique immeuble où survit encore une centaine de Serbes, gardés jour et nuit par les soldats de l'OTAN, elle atteint même 100%.
Les autorités de Belgrade se réjouissent du vote serbe
Dès le matin, les habitants du village de Gracko, situé dans la commune de Lipljane, avaient massivement voté. Gracko, c'est 500 habitants qui vivent dans deux rues, fermées par des barbelés et des blindés de l'OTAN. Des poules et des oies se promènent dans les rues du village, mais les habitants ne peuvent plus aller labourer leurs champs situés à l'extérieur de l'enclave depuis deux ans et demi. Sur la façade de l'école du village, une plaque commémore les martyrs de Gracko : cinq habitants dont une fillette de trois ans ont été tués par les bombardements de l'OTAN, et le 23 juillet 1999, quatorze paysans de Gracko qui avaient pris le risque d'aller aux champs ont été froidement exécutés au fusil automatique par des voisins albanais. «Nous votons pour répondre à l'appel du patriarche de l'Eglise serbe et du président fédéral Vojislav Kostunica. Nous voulons aussi essayer encore une fois de tendre la main à la communauté internationale», explique Slavisa, qui préside le bureau de vote du village.
Les autorités de Belgrade se sont vivement réjouies du résultat du vote serbe du Kosovo, qui pourrait aussi avoir des conséquences dans les équilibres politiques à Belgrade. Le Président fédéral Vojislav Kostunica n'avait appelé qu'à contre c£ur les Serbes à prendre part au vote, tandis que la forte participation renforce le Président du Comité de coordination pour le Kosovo, Nebojsa Covic, un proche du Premier Ministre réformateur de Serbie, Zoran Djindjic. Les 22 nouveaux députés serbes û sur un total de 120 - devront désormais gérer ce succès bien inattendu.
Oliver Ivanovic, nouveau député et leader charismatique des Serbes du nord du Kosovo, qui avait mis tout son prestige dans la participation aux élections, écarte l'idée de toute alliance avec les formations albanaises, mais deux sièges sont théoriquement réservés à la communauté serbe dans le futur gouvernement du Kosovo qui devra recevoir la confiance du Parlement. En réponse aux appels réitérés d'Ibrahim Rugova à l'indépendance, Oliver Ivanovic se fait même menaçant : «si les Albanais veulent engager un bras de fer avec la communauté internationale et proclamer l'indépendance du Kosovo, alors à notre tour nous proclamerons l'indépendance des territoires serbes d'un Kosovo séparatiste».
Dans la partie serbe de Kosovska Mitrovica, au nord du Kosovo, les gros bras nationalistes ont multiplié jusqu'au dernier moment les man£uvres d'intimidation pour dissuader les gens de voter. Toute la journée, une vingtaine de «gardiens de pont», ces membres du service d'ordre serbe, ont monté la garde près du principal bureau de vote.
A 17 heures, seulement 179 des 4491 électeurs inscrits avaient voté. En une heure, ce chiffre a doublé : les électeurs ont attendu que tombe la nuit, espérant pouvoir aller voter sans être reconnus. Nikola Kabasic, militant local du Parti démocratique du Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic, le reconnaît : «ici tout le monde se méfie de tout le monde, de ses voisins, même de ses parents». Au total, la participation ne dépasse pas 10% des inscrits à Kosovska Mitrovica, tandis que les petites enclaves disséminées à travers tout le Kosovo ont massivement voté. La participation dépasse 80% des inscrits dans la ville serbe de Strpce, dans le sud du Kosovo, et 90% à Velika Hoca ou à Gorazdevac. A Pristina, dans l'unique immeuble où survit encore une centaine de Serbes, gardés jour et nuit par les soldats de l'OTAN, elle atteint même 100%.
Les autorités de Belgrade se réjouissent du vote serbe
Dès le matin, les habitants du village de Gracko, situé dans la commune de Lipljane, avaient massivement voté. Gracko, c'est 500 habitants qui vivent dans deux rues, fermées par des barbelés et des blindés de l'OTAN. Des poules et des oies se promènent dans les rues du village, mais les habitants ne peuvent plus aller labourer leurs champs situés à l'extérieur de l'enclave depuis deux ans et demi. Sur la façade de l'école du village, une plaque commémore les martyrs de Gracko : cinq habitants dont une fillette de trois ans ont été tués par les bombardements de l'OTAN, et le 23 juillet 1999, quatorze paysans de Gracko qui avaient pris le risque d'aller aux champs ont été froidement exécutés au fusil automatique par des voisins albanais. «Nous votons pour répondre à l'appel du patriarche de l'Eglise serbe et du président fédéral Vojislav Kostunica. Nous voulons aussi essayer encore une fois de tendre la main à la communauté internationale», explique Slavisa, qui préside le bureau de vote du village.
Les autorités de Belgrade se sont vivement réjouies du résultat du vote serbe du Kosovo, qui pourrait aussi avoir des conséquences dans les équilibres politiques à Belgrade. Le Président fédéral Vojislav Kostunica n'avait appelé qu'à contre c£ur les Serbes à prendre part au vote, tandis que la forte participation renforce le Président du Comité de coordination pour le Kosovo, Nebojsa Covic, un proche du Premier Ministre réformateur de Serbie, Zoran Djindjic. Les 22 nouveaux députés serbes û sur un total de 120 - devront désormais gérer ce succès bien inattendu.
Oliver Ivanovic, nouveau député et leader charismatique des Serbes du nord du Kosovo, qui avait mis tout son prestige dans la participation aux élections, écarte l'idée de toute alliance avec les formations albanaises, mais deux sièges sont théoriquement réservés à la communauté serbe dans le futur gouvernement du Kosovo qui devra recevoir la confiance du Parlement. En réponse aux appels réitérés d'Ibrahim Rugova à l'indépendance, Oliver Ivanovic se fait même menaçant : «si les Albanais veulent engager un bras de fer avec la communauté internationale et proclamer l'indépendance du Kosovo, alors à notre tour nous proclamerons l'indépendance des territoires serbes d'un Kosovo séparatiste».
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 21/11/2001