Kosovo
Les Serbes font campagne à contre-coeur
La campagne de la «Coalition pour le retour», l'unique liste serbe qui se présentera aux élections de samedi au Kosovo, a été directement portée sur les fonds baptismaux par Belgrade, sans susciter un bien grand enthousiasme au sein de la population serbe locale.
De notre correspondant dans les Balkans
Plusieurs figures politiques serbes importantes du Kosovo appellent toujours au boycott des élections, en raison des conditions de vie des Serbes terrés dans quelques enclaves de la province, et les candidats ne semblent pas toujours eux-mêmes bien convaincus de leur cause. Le premier meeting de campagne a eu lieu dans le village de Priluzje, une enclave où survivent environ 2 500 Serbes, à mi-chemin entre Pristina et Mitrovica. Les candidats arrivent sous escorte militaire de l'OTAN dans la cour de l'école où doit se tenir la réunion. La sono ne fonctionne pas car il n'y a pas d'électricité, et les discours des orateurs sont vite couverts par les cris de «traîtres, vendus aux Albanais», lancés par la petite centaine d'auditeurs.
Les militants locaux du Parti socialiste de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic ont décidé de saboter la campagne électorale, mais leurs arguments trouvent écho auprès d'une population serbe désespérée. «Comment cautionner la farce électorale des Nations Unies, quand 1 300 Serbes sont toujours portés disparus ? Qu'on les retrouve, vivants ou morts, et ensuite nous pourrons voter», s'exclame un homme d'une cinquantaine d'années. Le tête de liste de la Coalition pour le retour, Gojko Savic, recteur de l'université de Pristina û transférée dans le secteur serbe de Mitrovica û essaie d'expliquer que «voter ou ne pas voter est un droit, mais qu'il vaut mieux essayer de faire entendre la voix des Serbes du Kosovo dans les institutions de la province».
La population serbe est habituée à obéir aux consignes de Belgrade
170 000 électeurs serbes se sont inscrits l'été dernier sur les listes électorales. Si la participation était bonne, la Coalition pour le retour pourrait devenir le deuxième groupe du futur parlement du Kosovo. 10 sièges sont en effet réservés aux Serbes, et toutes les voix qui se porteront sur la Coalition lui permettront d'obtenir des élus supplémentaires à la proportionnelle.
Nenad Radosavljevic est peut-être le seul candidat optimiste. Militant de longue date de l'opposition démocratique dans la petite ville entièrement serbe de Leposavic, au nord de Mitrovica, Nenad Radosavljevic est candidat en cinquième position sur la liste de la Coalition. L'an dernier, les Serbes avaient boycotté les élections municipales, et la Mission des Nations Unies au Kosovo avait dû coopter des conseils municipaux dans les communes du nord du Kosovo. Nenad est ainsi devenu président du Conseil municipal. «Comment croyez-vous que les gens se sont inscrits sur les listes électorales ? Au début, personne ne voulait s'inscrire, mais ici, tout le monde vit de salaires ou de retraites qui arrivent de Serbie. Les salaires peuvent parfois cesser d'arriver : tout le monde saura très bien qui est allé voter et qui n'y est pas allé». Nenad sourit : «ce n'est pas très démocratique, mais la population serbe du Kosovo est habituée de longue date à obéir aux consignes de Belgrade».
Les candidats serbes n'ont aucune illusion sur la possibilité de coopérer avec les députés albanais dans le futur Parlement, mais pour Nenad Radosavljevic, «le rôle essentiel dans le futur jeu parlementaire reviendra à l'arbitre que représente la communauté internationale. Ce sera à elle de peser pour que les Serbes puissent réellement s'intégrer dans le Kosovo de demain».
Plusieurs figures politiques serbes importantes du Kosovo appellent toujours au boycott des élections, en raison des conditions de vie des Serbes terrés dans quelques enclaves de la province, et les candidats ne semblent pas toujours eux-mêmes bien convaincus de leur cause. Le premier meeting de campagne a eu lieu dans le village de Priluzje, une enclave où survivent environ 2 500 Serbes, à mi-chemin entre Pristina et Mitrovica. Les candidats arrivent sous escorte militaire de l'OTAN dans la cour de l'école où doit se tenir la réunion. La sono ne fonctionne pas car il n'y a pas d'électricité, et les discours des orateurs sont vite couverts par les cris de «traîtres, vendus aux Albanais», lancés par la petite centaine d'auditeurs.
Les militants locaux du Parti socialiste de l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic ont décidé de saboter la campagne électorale, mais leurs arguments trouvent écho auprès d'une population serbe désespérée. «Comment cautionner la farce électorale des Nations Unies, quand 1 300 Serbes sont toujours portés disparus ? Qu'on les retrouve, vivants ou morts, et ensuite nous pourrons voter», s'exclame un homme d'une cinquantaine d'années. Le tête de liste de la Coalition pour le retour, Gojko Savic, recteur de l'université de Pristina û transférée dans le secteur serbe de Mitrovica û essaie d'expliquer que «voter ou ne pas voter est un droit, mais qu'il vaut mieux essayer de faire entendre la voix des Serbes du Kosovo dans les institutions de la province».
La population serbe est habituée à obéir aux consignes de Belgrade
170 000 électeurs serbes se sont inscrits l'été dernier sur les listes électorales. Si la participation était bonne, la Coalition pour le retour pourrait devenir le deuxième groupe du futur parlement du Kosovo. 10 sièges sont en effet réservés aux Serbes, et toutes les voix qui se porteront sur la Coalition lui permettront d'obtenir des élus supplémentaires à la proportionnelle.
Nenad Radosavljevic est peut-être le seul candidat optimiste. Militant de longue date de l'opposition démocratique dans la petite ville entièrement serbe de Leposavic, au nord de Mitrovica, Nenad Radosavljevic est candidat en cinquième position sur la liste de la Coalition. L'an dernier, les Serbes avaient boycotté les élections municipales, et la Mission des Nations Unies au Kosovo avait dû coopter des conseils municipaux dans les communes du nord du Kosovo. Nenad est ainsi devenu président du Conseil municipal. «Comment croyez-vous que les gens se sont inscrits sur les listes électorales ? Au début, personne ne voulait s'inscrire, mais ici, tout le monde vit de salaires ou de retraites qui arrivent de Serbie. Les salaires peuvent parfois cesser d'arriver : tout le monde saura très bien qui est allé voter et qui n'y est pas allé». Nenad sourit : «ce n'est pas très démocratique, mais la population serbe du Kosovo est habituée de longue date à obéir aux consignes de Belgrade».
Les candidats serbes n'ont aucune illusion sur la possibilité de coopérer avec les députés albanais dans le futur Parlement, mais pour Nenad Radosavljevic, «le rôle essentiel dans le futur jeu parlementaire reviendra à l'arbitre que représente la communauté internationale. Ce sera à elle de peser pour que les Serbes puissent réellement s'intégrer dans le Kosovo de demain».
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 16/11/2001