Iran
La haine anti-américaine s'expose
A l'occasion du 22e anniversaire de la prise d'otages de l'ambassade américaine de Téhéran, les anciens locaux diplomatiques ont été transformés en «musée du Grand Satan» par les conservateurs iraniens.
De notre correspondant en Iran
Située en plein centre de Téhéran, l'ancienne ambassade des Etats-Unis est en fait un immense parc, au centre duquel trône un grand bâtiment de deux étages en brique rouge. Le 4 novembre 1979, les «étudiants islamiques de la ligne de l'imam Khomeiny» ont pris d'assaut l'ambassade américaine, prenant en otage les 52 diplomates qui s'y trouvaient. Cette prise d'otage a duré 444 jours.
L'attaque contre l'ambassade américaine a été qualifiée à l'époque de seconde révolution. En effet, elle a permis d'éliminer le gouvernement libéral de Mehdi Bazargan au profit des purs et durs. Pendant 22 ans, les anciens locaux de l'ambassade américaine ont été la «propriété» du corps des Gardiens de la révolution iranienne (Pasdaran) qui ont fait du parc, de ses pelouses et de ses pins, un immense campus appelé «Lycée des Pasdaran». Aujourd'hui, les conservateurs ont transformé le «nid d'espions américains» en musée des horreurs et des crimes du Grand Satan.
L'exposition est intitulée «Palais de verre», une allusion au World Trade Center. D'ailleurs, on peut voir une photo des deux tours en train de s'effondrer sur fond de portraits de George Bush et d'Ariel Sharon souriant et l'air satisfait. A l'entrée de l'exposition, il y a une statue d'un soldat américain, ses mains derrière la nuque, représentant l'un des 52 otages américains. De l'autre côté, on voit une copie en bronze de la statue de la liberté, avec une cage en guise d'estomac, dans laquelle est enfermée une colombe blanche. Sur les nombreux drapeaux américains que l'on peut voir dans l'exposition, il est écrit «Mort à l'Amérique». «Moi, j'ai connu le régime du Shah et l'oppression américaine. Je veux que mes enfants sachent ce qu'était l'ancien régime. Ce musée va permettre de faire connaître la réalité à la jeune génération, qui n'a connu que la République islamique», affirme l'un des responsables du musée.
Un jeu: taper sur la tête de l'Oncle Sam pour marquer des points
Dans l'ancienne ambassade, seule la chambre des transmissions en code et la chambre en verre, où se tenaient les réunions ultra-secrètes sont restées intactes. Au centre sont assis des figurines de cire représentant le dernier ambassadeur américain, William H. David Sullivan, et deux de ses conseillers. On peut aussi voir de vieux appareils de transmission ou d'écoute téléphonique. «Avec ces appareils, on pouvait mettre sur écoute dix milles numéros de téléphone en même temps», affirme un responsable.
Les autres pièces du bâtiment sont consacrées aux crimes américains dans différents pays du monde, notamment au Vietnam, en Palestine, au Chili, et ailleurs. Une pièce héberge le «Hezbollah du Liban», soutenu par l'Iran et présenté les Américains comme un mouvement terroriste.. Une autre est celle du «Mouvement islamique de la Palestine». Ses murs sont tapissés de photos de Palestiniens mutilés par «le régime sioniste».
Dans un stand, il y a un jeu de foire. Il faut frapper avec toute sa force sur la tête d'une statuette de l'oncle Sam pour marquer des points. Dans un autre, une société informatique iranienne Dafe Multimédia propose un jeu d'ordinateur. Le joueur doit tirer au pistolet pour atteindre l'oncle Sam qui se cache dans une vieille maison. Si le joueur gagne, une inscription s'affiche pour dire que la grande puissance américaine va disparaître. «C'est pour répondre aux jeux américains, notamment Delta Force, où l'on voit des soldats américains tuer des bassidjis (miliciens islamistes) iraniens», affirme avec fierté le responsable de la société. Les visiteurs peuvent même participer à un tirage au sort s'ils ont rempli un bulletin leur demandant ce qu'ils «pensent des crimes américains contre l'Iran et les autres innocents».
Le discours anti-israélien est omniprésent. Sur une grande pancarte on voit l'aigle américain qui couve un £uf duquel est sorti un juif. Une inscription affirme qu'Israël est l'enfant bâtard de l'Amérique. Ailleurs, une autre inscription affirme que la statue de la liberté, a été offerte aux Américains par des francs-maçons français mais qu'elle est aujourd'hui contrôlée par les juifs qui dirigent l'Amérique. Dans un autre coin, on peut voir une statue de Gorbatchev en train de pleurer. En grande lettre, il est écrit que si l'ancien numéro un soviétique avait écouté les avertissement de l'imam Khomeiny qui avait conseillé à Gorbatchev de revenir aux valeurs religieuses, l'URSS n'aurait pas disparu.
Dans un autre stand on voit de nombreuses photos de Gérard Depardieu consacré artiste anti-américain pour son rôle dans le film Christophe Colomb. Même la nourriture américaine est dénoncée. On peut lire sur une pancarte que les Américains ont voulu détruire la culture gastronomique des autres pays en généralisant la consommation de hamburgers mais aussi des pommes de terre et des tomates. Visiblement, les conservateurs iraniens qui rejettent toute idée de normalisation avec l'Amérique ont voulu couper l'herbe sous les pieds des réformateurs qui sont plutôt favorables à des contacts avec les Américains.
Située en plein centre de Téhéran, l'ancienne ambassade des Etats-Unis est en fait un immense parc, au centre duquel trône un grand bâtiment de deux étages en brique rouge. Le 4 novembre 1979, les «étudiants islamiques de la ligne de l'imam Khomeiny» ont pris d'assaut l'ambassade américaine, prenant en otage les 52 diplomates qui s'y trouvaient. Cette prise d'otage a duré 444 jours.
L'attaque contre l'ambassade américaine a été qualifiée à l'époque de seconde révolution. En effet, elle a permis d'éliminer le gouvernement libéral de Mehdi Bazargan au profit des purs et durs. Pendant 22 ans, les anciens locaux de l'ambassade américaine ont été la «propriété» du corps des Gardiens de la révolution iranienne (Pasdaran) qui ont fait du parc, de ses pelouses et de ses pins, un immense campus appelé «Lycée des Pasdaran». Aujourd'hui, les conservateurs ont transformé le «nid d'espions américains» en musée des horreurs et des crimes du Grand Satan.
L'exposition est intitulée «Palais de verre», une allusion au World Trade Center. D'ailleurs, on peut voir une photo des deux tours en train de s'effondrer sur fond de portraits de George Bush et d'Ariel Sharon souriant et l'air satisfait. A l'entrée de l'exposition, il y a une statue d'un soldat américain, ses mains derrière la nuque, représentant l'un des 52 otages américains. De l'autre côté, on voit une copie en bronze de la statue de la liberté, avec une cage en guise d'estomac, dans laquelle est enfermée une colombe blanche. Sur les nombreux drapeaux américains que l'on peut voir dans l'exposition, il est écrit «Mort à l'Amérique». «Moi, j'ai connu le régime du Shah et l'oppression américaine. Je veux que mes enfants sachent ce qu'était l'ancien régime. Ce musée va permettre de faire connaître la réalité à la jeune génération, qui n'a connu que la République islamique», affirme l'un des responsables du musée.
Un jeu: taper sur la tête de l'Oncle Sam pour marquer des points
Dans l'ancienne ambassade, seule la chambre des transmissions en code et la chambre en verre, où se tenaient les réunions ultra-secrètes sont restées intactes. Au centre sont assis des figurines de cire représentant le dernier ambassadeur américain, William H. David Sullivan, et deux de ses conseillers. On peut aussi voir de vieux appareils de transmission ou d'écoute téléphonique. «Avec ces appareils, on pouvait mettre sur écoute dix milles numéros de téléphone en même temps», affirme un responsable.
Les autres pièces du bâtiment sont consacrées aux crimes américains dans différents pays du monde, notamment au Vietnam, en Palestine, au Chili, et ailleurs. Une pièce héberge le «Hezbollah du Liban», soutenu par l'Iran et présenté les Américains comme un mouvement terroriste.. Une autre est celle du «Mouvement islamique de la Palestine». Ses murs sont tapissés de photos de Palestiniens mutilés par «le régime sioniste».
Dans un stand, il y a un jeu de foire. Il faut frapper avec toute sa force sur la tête d'une statuette de l'oncle Sam pour marquer des points. Dans un autre, une société informatique iranienne Dafe Multimédia propose un jeu d'ordinateur. Le joueur doit tirer au pistolet pour atteindre l'oncle Sam qui se cache dans une vieille maison. Si le joueur gagne, une inscription s'affiche pour dire que la grande puissance américaine va disparaître. «C'est pour répondre aux jeux américains, notamment Delta Force, où l'on voit des soldats américains tuer des bassidjis (miliciens islamistes) iraniens», affirme avec fierté le responsable de la société. Les visiteurs peuvent même participer à un tirage au sort s'ils ont rempli un bulletin leur demandant ce qu'ils «pensent des crimes américains contre l'Iran et les autres innocents».
Le discours anti-israélien est omniprésent. Sur une grande pancarte on voit l'aigle américain qui couve un £uf duquel est sorti un juif. Une inscription affirme qu'Israël est l'enfant bâtard de l'Amérique. Ailleurs, une autre inscription affirme que la statue de la liberté, a été offerte aux Américains par des francs-maçons français mais qu'elle est aujourd'hui contrôlée par les juifs qui dirigent l'Amérique. Dans un autre coin, on peut voir une statue de Gorbatchev en train de pleurer. En grande lettre, il est écrit que si l'ancien numéro un soviétique avait écouté les avertissement de l'imam Khomeiny qui avait conseillé à Gorbatchev de revenir aux valeurs religieuses, l'URSS n'aurait pas disparu.
Dans un autre stand on voit de nombreuses photos de Gérard Depardieu consacré artiste anti-américain pour son rôle dans le film Christophe Colomb. Même la nourriture américaine est dénoncée. On peut lire sur une pancarte que les Américains ont voulu détruire la culture gastronomique des autres pays en généralisant la consommation de hamburgers mais aussi des pommes de terre et des tomates. Visiblement, les conservateurs iraniens qui rejettent toute idée de normalisation avec l'Amérique ont voulu couper l'herbe sous les pieds des réformateurs qui sont plutôt favorables à des contacts avec les Américains.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 05/11/2001