Somalie
Des «marines» déjà en Somalie ?
Les menaces sur la Somalie se précisent. Selon des sources américaines, des «marines» seraient déjà entrés en action, probablement à l’occasion de l’incursion de l’armée éthiopienne à Galkayo, la semaine dernière, au centre d’un pays «au bord d’un collapsus économique total», selon le représentant de l’ONU à Mogadiscio. Et que le GNT (gouvernement provisoire) du président Abdoulkassim Salat Hassan n’a guère les moyens de contrôler.
Suite aux vives réticences européennes - et singulièrement de la France et de l’Allemagne - vis-à-vis d’une éventuelle extension du conflit anti-terroriste en Irak, les Etats-Unis ont-ils d’ores et déjà engagé des hommes en Somalie ? Si l’on croit certaines sources gouvernementales américaines présentes à Bonn, des opérations anti-Al Qaïda sont déjà en cours en Somalie, un pays à la dérive depuis plus de dix ans, mais que Washington soupçonne de «complicité» avec l’organisation de Oussama Ben Laden. Ces mêmes sources font remarquer qu’une intervention militaire américaine en Somalie serait à la fois «facile et efficace», et ne soulèverait pas beaucoup de critiques de la part des pays arabes, même si la Somalie fait aussi partie de la Ligue arabe. Tout dernièrement, Donald Rumsfeld, secrétaire d’Etat à la Défense a quant à lui déclaré que «la Somalie a été un pays qui a abrité le réseau Al Qaida et, à ma connaissance, elle l’est encore». Sans toutefois en fournir la moindre preuve.
Au même moment le premier ministre du gouvernement de transition somalien (GNT), Hassan Abshir Farah, a déclaré à Addis Abeba, à l’issue d’une longue rencontre avec son homologue éthiopien Meles Zenawi, que son gouvernement «est contre le terrorisme». «Nous invitons les Américains à venir sur nos côtes et coopérer avec nous pour observer qu’il n’y ait pas d’infiltrations de terroristes» en Somalie. Interrogé sur un éventuel bombardement de la Somalie par les Etats-Unis, il a répond : «Il n’y a aucune justification ou raison pour que la Somalie soit bombardée ou attaquée, car nous sommes prêts à travailler avec la communauté internationale et les pays concernés pour combattre ensemble les terroristes». Des propos qu’il avait déjà tenu ces dernières semaines, lorsque Addis Abeba l’accusait ouvertement de «protéger» un mouvement fondamentaliste qui serait en contact avec Al Qaïda, Al-Ittihad Al-Islamiya (Union islamique) ; et Washington décidait de mettre à l’index Barakaat, une société somalienne de télécommunications et transfert de fonds présente un peu partout dans le monde. Celle-ci permet à la diaspora somalienne de rester en contact avec le pays et de l’aider à survire. Mais elle permettait aussi à tous les expatriés (y compris de l’ONU et des Etats-Unis) de poursuivre tant bien que mal leurs actions.
Des «conseillers» américains
Depuis la fermeture de tous les bureaux de Barakaat la Somalie est littéralement coupée du reste de la planète. Ce qui a permis à l’armée éthiopienne d’effectuer la semaine dernière une étonnante incursion dans le nord-est du pays (à l’intérieur de la région en sécession du Puntland).
Officiellement un millier de soldats éthiopiens bien équipés sont entrés vendredi dernier dans la ville de Galkayo à la demande de l’ex-président Abdullahi Yussuf, en lutte contre son successeur désigné récemment par une assemblée d’anciens : Jama Ali Jama. Cette intervention a permis à Abdullahi Yussuf de s’installer dans la partie sud du Puntland (de Galkayo à Garowe), tandis que le nouveau président Jama Ali Jama demeure maître de la «capitale économique» de la région, l’important port de Bosaso. Selon des témoins, un certain nombre de ces soldats éthiopiens auraient repassé la frontière deux jours après ; mais, à la lumière des récentes prises de position américaines, d’autres, accompagnés de «conseillers» américains, ont pu s’installer dans cette région qui échappe à tout contrôle depuis belle lurette, dans le but évident d’attaquer l’une des deux «bases militaires» du mouvement A-Ittihad Al-Isamiya.
Celle-ci est située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Bosaso, près de Las Quray, un port de pêche qui se situe géographiquement à l'intérieur du Somaliland ex-britannique, mais qui de fait jouit d'une autonomie totale: le sultan local réfusant de dépendre du Somaliland comme du Puntland.
L’autre base se trouve à l’extrême sud se la Somalie, dans la petite ville côtière de Ras Kiamboni, située à la frontière avec le Kenya. Une frontière où d’autres incursions ont été signalées ces dernières semaines en provenance du Kenya.
Enfin, mercredi 28 novembre, le gouvernement d’Addis Abeba, allié fidèle des Etats-Unis, a lancé un appel pressant à toutes les parties somaliennes pour qu’elles s’engagent «sans délai» dans un «dialogue constructif». «Il est impérativement nécessaire d’établir un gouvernement à base large et sans exclusive en Somalie dès que possible», a précisé le ministère éthiopien des Affaires étrangères. La veille Addis Abeba avait convenu avec Mogadiscio de la nécessité de «réunir immédiatement» une conférence de réconciliation à laquelle prendrait part «sans précondition» le GNT du président Hassan Salat, le Conseil somalien de réconciliation et de restauration (CSRR) qui regroupe la plupart opposants et «seigneurs de la guerre» proches de l’Ethiopie, mais aussi toutes les forces politiques présentes en Somalie.
Au même moment le premier ministre du gouvernement de transition somalien (GNT), Hassan Abshir Farah, a déclaré à Addis Abeba, à l’issue d’une longue rencontre avec son homologue éthiopien Meles Zenawi, que son gouvernement «est contre le terrorisme». «Nous invitons les Américains à venir sur nos côtes et coopérer avec nous pour observer qu’il n’y ait pas d’infiltrations de terroristes» en Somalie. Interrogé sur un éventuel bombardement de la Somalie par les Etats-Unis, il a répond : «Il n’y a aucune justification ou raison pour que la Somalie soit bombardée ou attaquée, car nous sommes prêts à travailler avec la communauté internationale et les pays concernés pour combattre ensemble les terroristes». Des propos qu’il avait déjà tenu ces dernières semaines, lorsque Addis Abeba l’accusait ouvertement de «protéger» un mouvement fondamentaliste qui serait en contact avec Al Qaïda, Al-Ittihad Al-Islamiya (Union islamique) ; et Washington décidait de mettre à l’index Barakaat, une société somalienne de télécommunications et transfert de fonds présente un peu partout dans le monde. Celle-ci permet à la diaspora somalienne de rester en contact avec le pays et de l’aider à survire. Mais elle permettait aussi à tous les expatriés (y compris de l’ONU et des Etats-Unis) de poursuivre tant bien que mal leurs actions.
Des «conseillers» américains
Depuis la fermeture de tous les bureaux de Barakaat la Somalie est littéralement coupée du reste de la planète. Ce qui a permis à l’armée éthiopienne d’effectuer la semaine dernière une étonnante incursion dans le nord-est du pays (à l’intérieur de la région en sécession du Puntland).
Officiellement un millier de soldats éthiopiens bien équipés sont entrés vendredi dernier dans la ville de Galkayo à la demande de l’ex-président Abdullahi Yussuf, en lutte contre son successeur désigné récemment par une assemblée d’anciens : Jama Ali Jama. Cette intervention a permis à Abdullahi Yussuf de s’installer dans la partie sud du Puntland (de Galkayo à Garowe), tandis que le nouveau président Jama Ali Jama demeure maître de la «capitale économique» de la région, l’important port de Bosaso. Selon des témoins, un certain nombre de ces soldats éthiopiens auraient repassé la frontière deux jours après ; mais, à la lumière des récentes prises de position américaines, d’autres, accompagnés de «conseillers» américains, ont pu s’installer dans cette région qui échappe à tout contrôle depuis belle lurette, dans le but évident d’attaquer l’une des deux «bases militaires» du mouvement A-Ittihad Al-Isamiya.
Celle-ci est située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Bosaso, près de Las Quray, un port de pêche qui se situe géographiquement à l'intérieur du Somaliland ex-britannique, mais qui de fait jouit d'une autonomie totale: le sultan local réfusant de dépendre du Somaliland comme du Puntland.
L’autre base se trouve à l’extrême sud se la Somalie, dans la petite ville côtière de Ras Kiamboni, située à la frontière avec le Kenya. Une frontière où d’autres incursions ont été signalées ces dernières semaines en provenance du Kenya.
Enfin, mercredi 28 novembre, le gouvernement d’Addis Abeba, allié fidèle des Etats-Unis, a lancé un appel pressant à toutes les parties somaliennes pour qu’elles s’engagent «sans délai» dans un «dialogue constructif». «Il est impérativement nécessaire d’établir un gouvernement à base large et sans exclusive en Somalie dès que possible», a précisé le ministère éthiopien des Affaires étrangères. La veille Addis Abeba avait convenu avec Mogadiscio de la nécessité de «réunir immédiatement» une conférence de réconciliation à laquelle prendrait part «sans précondition» le GNT du président Hassan Salat, le Conseil somalien de réconciliation et de restauration (CSRR) qui regroupe la plupart opposants et «seigneurs de la guerre» proches de l’Ethiopie, mais aussi toutes les forces politiques présentes en Somalie.
par Elio Comarin
Article publié le 29/11/2001