Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Ghana

John Kufuor «vend» le Ghana

Le président du Ghana, John Kufuor est en visite officielle en France, accompagné d’une importante délégation ministérielle et du monde des affaires. Fort des bons résultats économiques de son pays, il est venu à Paris expliquer les nouvelles orientations économiques de son gouvernement et convaincre les entrepreneurs français d’investir encore plus au Ghana.
«La France a beaucoup d’importance sur le continent africain, particulièrement au sud du Sahara où se situe le Ghana. Nous souhaitons que la France soit un partenaire de développement, et elle l’est déjà». Ce sont les premiers mots prononcés par le président ghanéen après son entretien avec le président français Jacques Chirac. Il s’est réjouit de la qualité d’écoute du chef de l’Etat français, et du soutien de la France en faveur du Ghana dans le cadre de l’initiative pour la réduction de la dette des pays pauvres très endettés. John Kufuor a également évoqué le renforcement des relations économiques entre la France et le Ghana, à travers l’Agence française de développement (AFD). Une convention de développement d’une valeur de 10 millions de dollars devrait être signée avec cette agence.

Devant les entrepreneurs français du «Medef», le Mouvement des entreprises de France, le chef de l’Etat ghanéen a fait remarquer avec satisfaction que son pays se classait au troisième rang des pays africains bénéficiaires de l’aide de l’Agence française de développement, après la Côte d’Ivoire et le Cameroun. La France est aussi le troisième investisseur étranger au Ghana, après la Grande Bretagne (ancienne puissance coloniale) et les Etats-Unis. En 2000, les exportations françaises au Ghana ont été chiffrées à 104 millions de dollars tandis que les exportations du Ghana vers la France s’élevaient à 86 millions de dollars. Ces chiffres devraient connaître de part et d’autre un accroissement sensible, selon le ministère français des Affaires étrangères, grâce à l’inclusion du Ghana dans la zone de solidarité prioritaire, établie par la France en faveur des pays en développement.

Briser l’isolement

La France par ce mécanisme élargit son influence au-delà des pays francophones (anciennes colonies) qui sont ses partenaires privilégiés en Afrique de l’Ouest. Ces échanges se trouvent encouragés par la situation géographique du Ghana: pays côtier (océan Atlantique) limité à l’ouest par la Côte d’Ivoire, au nord par le Burkina Faso, et à l’est par le Togo. Le Ghana au cœur de cette zone francophone qui bénéficie d’une monnaie commune le franc CFA, avait aussi besoin de rompre cet isolement marqué par la langue mais aussi par une monnaie propre, le Cédi. «Après s’être fortement dépréciée en 2000, notre monnaie n’a perdu que 3% de sa valeur depuis ma prise de fonction, le 7 janvier dernier» rassure le président ghanéen. Il est resté néanmoins assez vague sur une éventuelle intégration de son pays à la zone Franc. Il a préféré insister sur la mise en place d’une nouvelle monnaie commune à tous les Etats membres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Il n’a fixé aucun calendrier mais des discussions seraient déjà engagées avec les présidents Wade du Sénégal, Konaré du Mali et Gbagbo de la Côte d’Ivoire.

Selon des experts du ministère ghanéen de l’économie et des finances, il est fortement envisagé avec le Nigeria la création d’une monnaie commune à l’horizon 2004. Cette expérience devrait conduire rapidement à une convergence des différentes politiques économiques, à travers l’UEMOA, l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest. Mais les Ghanéens qui attendent beaucoup de la nouvelle monnaie africaine avouent rencontrer certaines difficultés dues à essentiellement à l’attachement de certains pays francophones au franc CFA² et à la garantie financière que suppose cette devise. L’administration du président Kufuor espère vaincre ces difficultés et accélérer la création d’une monnaie unique par l’élection prochaine d’un Ghanéen au poste de secrétaire exécutif de la CEDEAO.

En attendant le Ghana veut asseoire une économie saine en misant sur l’initiative privée. L’Etat se désengage des entreprises et privatise à grande échelle. Un libéralisme sans état d’âme qui reste le credo du président Kufuor, convaincu que le combat pour le développement passe par là. Il avait d’ailleurs baptisé son mandat «l’âge d’or des affaires». Il a présenté aux patrons français le dispositif mis en place par son gouvernement pour favoriser l’investissement. Il a beaucoup insisté sur les garanties de stabilité politique et économique qu’offre le Ghana qui sont les gages d’un retour sur investissement. Il a invité le patronat français à diversifier son intervention au Ghana. Une cinquantaine d’entreprises françaises y opèrent déjà dans les secteurs du pétrole des services et des infrastructures. Le chef de l’Etat ghanéen leur propose de s’intéresser aussi à l’industrie agro-alimentaire qui bénéficie aujourd’hui de programmes spécifiques de développement. Quinze grands projets font actuellement l’objet d’une étude auprès de l’Agence française de développement, mais le Ghana en veut encore plus.

Ecouter également :
Entrée du Ghana dans la zone franc?

Reportage de Dominique Thierry 05/12/2001, 2 min 50"



par Didier  Samson

Article publié le 08/11/2001