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Sénégal

Wade-Niasse: l'armistice

Le président Wade annonce la fin des poursuites contre Moustapha Niasse. Une demande de levée d'immunité parlementaire était en cours d'examen pour "diffusion de fausse nouvelle".
De notre correspondant au Sénégal

Au Sénégal, l’affaire SONACOS est dans toutes les conversations. Pas à cause du fait que l’équipe de football qui porte le nom de cette société d’Etat se trouve actuellement à la tête du championnat national de première division. Mais à cause d’un important homme politique, en l’occurrence Moustapha Niasse, député à l’Assemblée nationale, par ailleurs secrétaire général de l’Alliance des Forces de Progrès.

Moustapha Niasse est en conflit ouvert avec le président de la République, Abdoulaye Wade, depuis son limogeage de la primature le 1er mars dernier, ne manque jamais une occasion de pourfendre le régime qu’il a largement contribué à mettre en place. Intervenant dans un meeting organisé le 11 novembre dernier à Wack Ngouna, un de ses fiefs politiques dans la région de Kaolack, Moustapha Niasse a déclaré devant un parterre d’agriculteurs que la somme de 6 milliards de francs CFA destinée aux paysans aurait été prélevée par l’Etat dans les caisses de la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux (SONACOS) et détournée à des fins électorales au profit de la coalition SOPI (actuellement au pouvoir) à l’occasion des élections législatives anticipées du 29 avril 2000.

Sept heures d’audition en vue de la levée de l’immunité parlementaire

Cette déclaration du député Moustapha Niasse a fait réagir dès le lendemain le ministre Modou Diagne Fada qui est également le porte parole du PDS et qui a annoncé que des poursuites allaient être intentées contre le secrétaire général de l’AFP. Quelques jours après la sortie du porte parole du PDS, le procureur de la République saisit le président de l’Assemblée nationale pour que cette dernière lève l’immunité parlementaire du secrétaire général de l’AFP.

Dés qu’elle a été saisie, l’Assemblée nationale s’est attelée à mettre sur pied une commission ad hoc composée de 11 parlementaires. C’est cette commission qui a démarré le lundi 3 décembre l’audition du député Moustapha Niasse pendant 7 heures d’horloge. Cette mise en branle de la procédure atteste de la détermination des autorités à aller jusqu’au bout de cette affaire. Cette détermination à croiser le fer avec le principal adversaire politique du PDS aura contenu toutes les médiations et les démarches de quelques bonnes volontés, comme la Rencontre Africaine des Droits de l’Homme (la RADO), en vue de régler cette affaire à l’amiable d’autant que Moustapha Niasse affirme n’avoir formulé que des questions sur les raisons du retrait des 6 milliards, sur leur destination et sur leur remboursement. A ses dénégations sur la portée et le sens de ses propos, la commission parlementaire lui a opposé l’enregistrement sonore de ces mêmes propos recueillis par de nombreuses stations de radio.

C'est finalement le chef de l'Etat qui a mis un point final à "l'affaire Niasse". Après avoir indiqué visiblement irrité qu'il laisserait la justice suivre son cours, Adboulaye Wade a finalement publié un communiqué mercredi soir estimant "qu'il n'y a pas lieu à maintenir les poursuites" suite à "la demande des chefs religieux et de la société civile" et compte tenu des "dénégations" de Moustapha Niasse. C'est l'épilogue sans doute provisoire de la bataille que se livrent les deux hommes.




par A Dakar, Pape  TOURE

Article publié le 05/12/2001