Proche-Orient
Arafat encerclé à Ramallah
Le bureau de Yasser Arafat à Ramallah est assiégé par les chars israéliens qui l’empêchent de se déplacer. Quelques heures après la décision israélienne de rompre tout contact avec le président palestinien, un ministre israélien évoque son renvoi en Tunisie.
De notre envoyé spécial à Ramallah
Les rideaux du quartier général de Yasser Arafat sont restés baissés mercredi soir. A la Moukata, la nuit précédente a été longue. Personne n’a dormi, raconte un proche du «Vieux». Le chef de l’OLP est entouré de certains ministres et des chefs de la sécurité préventive, Mohamed Dahlan et Jibril Rajoub. Il multiplie les contacts avec des dirigeants à l’étranger et reste à l’écoute de ses policiers sur le terrain. Abou Mazen son adjoint est absent. Il habite à un kilomètre seulement, mais son domicile est repassé la semaine dernière sous le joug militaire israélien. Il ne veut pas se plier à l’humiliation d’avoir à demander à l’occupant la permission de sortir de chez lui.
La pierre blanche de Judée brille au soleil, mais à l’intérieur du bâtiment règne une ambiance de conseil de guerre. Un aide de camp d’Arafat glisse un sourire gêné en entrant. Le sentiment d’isolement se creuse. La semaine dernière, un diplomate britannique a remis le cadeau que Tony Blair n’avait pu apporter à Yasser Arafat lors de sa venue, il y a un mois : un sac de voyages, de belle facture, selon une source bien informée.
«Arafat ne veut pas parler», nous fait savoir un de ses porte-parole. Les chars israéliens sont à 200 mètres de ses bureaux. Ils ont avancé jeudi matin, alors que les hélicoptères de Tsahala lancaient des missiles sur l’émetteur de la Voix de la Palestine, situé à 500 mètres de la Moukata. Jeudi en fin de matinée, les bulldozers ont rasé le centre de transmission de la télé et de la radio. Quelques instants après, des militaires du génie ont dynamité l’antenne principale assurant la transmission des programmes. A leur vérandas, des voisins palestiniens regardaient le spectacle apeurés. Une tourelle d’un blindé est pointé en direction de la rue, menant à Bir Zeit.
La zone est théoriquement sous le contrôle total de l’Autorité palestinienne. Le spectre de la réoccupation des territoires ressurgit dramatiquement. Tsahal a pris le contrôle de la plupart des entrées dans Ramallah.
Arafat reste impénétrable
«Arafat est impénétrable, explique Daoud Barakat, responsable du Département des réfugiés au sein de la centrale palestinienne, qui l’a rencontré ces derniers jours. Il parle très peu, comme s’il ne voulait pas donner le moindre indice de ce qu’il pense à ceux qui l’entourent».
A défaut du Raïs, c’est Yasser Abbed Rabbo qui s’adresse à la poignée de journalistes à l’entrée du QG. Le visage du ministre de l’Information accuse la fatigue. «En rompant les contacts avec Yasser Arafat, Sharon sabote la mission américaine», conduite par Anthony Zinni, l’ancien chef des marines dans le Golfe. «Quiconque boycotte Yasser Arafat n’a aucune chance de régler le conflit. Israël a essayé dans le passé de créer un leadership alternatif à l’OLP, il n’y est jamais parvenu». Des coups de feu sporadiques interrompent l’entretien.
Les Palestiniens maintiennent le contact avec M. Zinni. Tous les ponts ne seraient pas coupés. Selon la radio israélienne, sur le terrain, des commandants se parlent encore afin d’éviter un dérapage. Les responsables de l’Autorité paraissent d’autant plus abattus que cette mission commençait à porter ses fruits.
Contrairement à ce qu’avait annoncé la presse israélienne, Anthony Zinni n’a jamais menacé de tout plaquer. Les réunions sécuritaires avaient permis de progresser. Une manière de trêve de 48 heures avait été arrachée. L’incursion de Tsahal à Jénine, avant-hier, suivie des attentats anti-israéliens ont anéanti tout espoir de reprise du dialogue.
Pour M. Abed Rabbo, «Sharon recourt à toutes les provocations imaginable pour arriver à un échec. Il ne nous donne pas une chance de réduire la violence. Nous n’avons pas les moyens sous un tel siège de faire ce qui nous est demandé. Dès qu’une accalmie se profile, Sharon recherche l’escalade. Nous avons besoin d’une protection internationale. C’est aux Américains d’agir pour contrecarrer ses desseins destructeurs. Qu’ils arrêtent leurs opérations et nous nous engageons à remplir tout nos engagements».
Surréaliste ambiance hier à Ramallah. A la périphérie, le QG de Yasser Arafat est assiégé. Mais dans le centre-ville à moins d’un kilomètre, la vie paraît normale. Certains paraissent quasi indifférents à la tragédie. Depuis une semaine, ils n’ont pas beaucoup manifesté leur soutien publiquement à Yasser arafat. Derrière cette apathie filtre pourtant une même remarque : «s’ils pensent qu’en éliminant Arafat, la situation sera meilleure pour eux, ils rêvent», lance Nasser, employé des Nations unies.
«Si Israël l’expulse, explique Daoud Barakat, Arafat continuera de gérer la situation par téléphone, comme il faisait pendant la première intifada. Personne ne voudra prendre sa place. Personne n’acceptera d’être l’agent des Israéliens. Israël va certainement réoccuper des portions de nos territoires. Ils vont sans doute commencer par le camp de réfugiés de Jénine pour rechercher des soi-disant terroristes, mais ça n’arrêtera pas les bombes».
Les rideaux du quartier général de Yasser Arafat sont restés baissés mercredi soir. A la Moukata, la nuit précédente a été longue. Personne n’a dormi, raconte un proche du «Vieux». Le chef de l’OLP est entouré de certains ministres et des chefs de la sécurité préventive, Mohamed Dahlan et Jibril Rajoub. Il multiplie les contacts avec des dirigeants à l’étranger et reste à l’écoute de ses policiers sur le terrain. Abou Mazen son adjoint est absent. Il habite à un kilomètre seulement, mais son domicile est repassé la semaine dernière sous le joug militaire israélien. Il ne veut pas se plier à l’humiliation d’avoir à demander à l’occupant la permission de sortir de chez lui.
La pierre blanche de Judée brille au soleil, mais à l’intérieur du bâtiment règne une ambiance de conseil de guerre. Un aide de camp d’Arafat glisse un sourire gêné en entrant. Le sentiment d’isolement se creuse. La semaine dernière, un diplomate britannique a remis le cadeau que Tony Blair n’avait pu apporter à Yasser Arafat lors de sa venue, il y a un mois : un sac de voyages, de belle facture, selon une source bien informée.
«Arafat ne veut pas parler», nous fait savoir un de ses porte-parole. Les chars israéliens sont à 200 mètres de ses bureaux. Ils ont avancé jeudi matin, alors que les hélicoptères de Tsahala lancaient des missiles sur l’émetteur de la Voix de la Palestine, situé à 500 mètres de la Moukata. Jeudi en fin de matinée, les bulldozers ont rasé le centre de transmission de la télé et de la radio. Quelques instants après, des militaires du génie ont dynamité l’antenne principale assurant la transmission des programmes. A leur vérandas, des voisins palestiniens regardaient le spectacle apeurés. Une tourelle d’un blindé est pointé en direction de la rue, menant à Bir Zeit.
La zone est théoriquement sous le contrôle total de l’Autorité palestinienne. Le spectre de la réoccupation des territoires ressurgit dramatiquement. Tsahal a pris le contrôle de la plupart des entrées dans Ramallah.
Arafat reste impénétrable
«Arafat est impénétrable, explique Daoud Barakat, responsable du Département des réfugiés au sein de la centrale palestinienne, qui l’a rencontré ces derniers jours. Il parle très peu, comme s’il ne voulait pas donner le moindre indice de ce qu’il pense à ceux qui l’entourent».
A défaut du Raïs, c’est Yasser Abbed Rabbo qui s’adresse à la poignée de journalistes à l’entrée du QG. Le visage du ministre de l’Information accuse la fatigue. «En rompant les contacts avec Yasser Arafat, Sharon sabote la mission américaine», conduite par Anthony Zinni, l’ancien chef des marines dans le Golfe. «Quiconque boycotte Yasser Arafat n’a aucune chance de régler le conflit. Israël a essayé dans le passé de créer un leadership alternatif à l’OLP, il n’y est jamais parvenu». Des coups de feu sporadiques interrompent l’entretien.
Les Palestiniens maintiennent le contact avec M. Zinni. Tous les ponts ne seraient pas coupés. Selon la radio israélienne, sur le terrain, des commandants se parlent encore afin d’éviter un dérapage. Les responsables de l’Autorité paraissent d’autant plus abattus que cette mission commençait à porter ses fruits.
Contrairement à ce qu’avait annoncé la presse israélienne, Anthony Zinni n’a jamais menacé de tout plaquer. Les réunions sécuritaires avaient permis de progresser. Une manière de trêve de 48 heures avait été arrachée. L’incursion de Tsahal à Jénine, avant-hier, suivie des attentats anti-israéliens ont anéanti tout espoir de reprise du dialogue.
Pour M. Abed Rabbo, «Sharon recourt à toutes les provocations imaginable pour arriver à un échec. Il ne nous donne pas une chance de réduire la violence. Nous n’avons pas les moyens sous un tel siège de faire ce qui nous est demandé. Dès qu’une accalmie se profile, Sharon recherche l’escalade. Nous avons besoin d’une protection internationale. C’est aux Américains d’agir pour contrecarrer ses desseins destructeurs. Qu’ils arrêtent leurs opérations et nous nous engageons à remplir tout nos engagements».
Surréaliste ambiance hier à Ramallah. A la périphérie, le QG de Yasser Arafat est assiégé. Mais dans le centre-ville à moins d’un kilomètre, la vie paraît normale. Certains paraissent quasi indifférents à la tragédie. Depuis une semaine, ils n’ont pas beaucoup manifesté leur soutien publiquement à Yasser arafat. Derrière cette apathie filtre pourtant une même remarque : «s’ils pensent qu’en éliminant Arafat, la situation sera meilleure pour eux, ils rêvent», lance Nasser, employé des Nations unies.
«Si Israël l’expulse, explique Daoud Barakat, Arafat continuera de gérer la situation par téléphone, comme il faisait pendant la première intifada. Personne ne voudra prendre sa place. Personne n’acceptera d’être l’agent des Israéliens. Israël va certainement réoccuper des portions de nos territoires. Ils vont sans doute commencer par le camp de réfugiés de Jénine pour rechercher des soi-disant terroristes, mais ça n’arrêtera pas les bombes».
par Georges Malbrunot
Article publié le 13/12/2001