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Sénégal

Des fonctionnaires à la tête des municipalités

Il n’y aura plus d’élus locaux au Sénégal jusqu’au 12 mai 2002, date des nouvelles élections. Des fonctionnaires seront nommés et composeront des délégations spéciales qui auront pour mission de gérer les conseils régionaux, municipaux et ruraux. Elles auront également pour tâche d’éplucher les comptes des municipalités sortantes.
«Sopi», le changement en langue Wolof du Sénégal, et slogan de campagne du président Abdoulaye Wade, n’est pas un vain mot depuis sa prise de pouvoir en mars 2000. Après la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation de nouvelles législatives, des modifications apportées à la constitution, le nouveau pouvoir libéral a engagé une politique de réforme des appareils de l’Etat qui seraient sous contrôle du Parti social au pouvoir de 1960 à 2000. L’engouement pour le changement pendant l’élection présidentielle et la nouvelle majorité acquise à l’Assemblée nationale ont été des indicateurs de popularité dont se flatte l’actuel pouvoir. Or la plupart des communes sénégalaises sont tenues par des élus socialistes. Les sympathisants du PDS (Parti démocratique sénégalais) ont jugé cette situation inacceptable et veulent conduire le changement à son terme, c’est à dire inverser en leur faveur l’ordre établi.

C’est peut-être aussi pourquoi le gouvernement n’a pas manifesté un grand enthousiasme pour le respect du calendrier électoral. Le mandat des élus des collectivités locales est arrivé à expiration le 26 novembre dernier. Mais rien n’a été prévu pour que des élections se tiennent le 25 novembre. Le président de la république avait alors proposé à l’Assemblée nationale d’adopter un texte de prorogation des mandats des élus locaux, qui avait reçu l’approbation des députés de l’opposition. Mais les députés PDS et leurs alliés se sont opposés à cette procédure en introduisant un amendement du nom de son auteur Moussa Sy, qui détourne le projet de loi de son but initial. L’opposition regroupée au sein d’un cadre permanent de concertation dénonce un amendement qui n’en est plus un, et qui devient de fait une nouvelle loi. Elle en appelle à l’arbitrage du Conseil constitutionnel, mais qui la déboute de sa requête.

Un audit de toutes les communes

Les 432 collectivités locales seront administrées provisoirement par des fonctionnaires, jusqu’aux élections prévues le 12 mai 2002. La ministre chargée des collectivités locales, Thiewo Cissé Doucouré fixera par arrêté la composition des délégations spéciales qui devront remplacer les 70 000 conseillers municipaux que compte le Sénégal. Cette situation inédite procède d’une volonté politique de la majorité de sanctionner une gestion antérieure. Elle se défend de se livrer à une campagne de chasse aux sorcières, mais se dit favorable à un audit de toutes de toutes les communes.

La ministre chargée des collectivités locales à d’ores et déjà demandé aux anciens maires et autres élus locaux de rendre les clefs de leurs services à l’administration préfectorale. Le gouvernement a aussi engagé une réorganisation du commandement territorial, sans oublier la proposition du candidat Wade de découpage territorial qui pourrait finalement voir le jour. Il est question de créer une nouvelle région au nord du pays, le long du fleuve Sénégal entre les villes de Saint-Louis et Matam.

L’opposition ayant épuisé tous ses recours, se résout à entrer dès maintenant en campagne, jugeant que les actes quotidiennement posés par le pouvoir visent à l’affaiblir, mais le pouvoir jure la main sur le cœur, qu’il n’est mu que par le souci d’une gestion saine de l’Etat.



par Didier  Samson

Article publié le 14/12/2001