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Attentats : la riposte

Al Qaïda refuse de se rendre

L'aviation américaine poursuivait ses bombardements mercredi soir sur Tora Bora (est), après l'expiration, le matin, du délai accordé aux fidèles de Ben Laden pour leur reddition. De nouveaux pourparlers, entamés par des émissaires de tribus locales, ont échoué. Une nouvelle offensive devrait être lancée jeudi par les forces afghanes.
Mercredi matin, l’ultimatum venait à peine d’expirer que les bombardiers américains pilonnaient de nouveau Tora Bora, cette zone montagneuse dont les grottes abritent le dernier carré des combattants d’Oussama Ben Laden. Un B-52 a également effectué deux raids sur les Montagnes Blanches, larguant deux bombes sur une zone située plus au sud, près de la frontière pakistanaise. Deux nouveaux raids ont suivi en milieu de journée, tandis qu’aucun signe de reddition n'était visible sur le terrain. Dans la soirée, les bombardements se poursuivaient.

Le commandant Haji Mohammad Zaman, l'un des trois responsables militaires de l'offensive contre Tora Bora, avait annoncé mardi que les centaines de mercenaires étrangers, en majorité arabes, du réseau terroriste Al Qaïda, avaient accepté de se rendre «sans condition» avant mercredi 8h00 locales. Or ces derniers, encerclés au sommet de leur montagne, ont ensuite réclamé des garanties pour leur sécurité. «Les combattants d'Al-Qaïda ne se rendront qu'en présence des Nations unies et de diplomates d'Arabie Saoudite et de leurs pays» respectifs, a indiqué en début de matinée un porte-parole des combattants anti-taliban. Interrogé par les journalistes sur la reprise des bombardements malgré les tentatives de négociation, Haji Ayub, l’un des commandants locaux, a répondu: «Les bombes tombent sans notre permission».

Des émissaires de tribus locales, qui ont mené pendant des heures une nouvelle médiation, sont revenus mercredi soir sans ramener aucun accord. Une nouvelle offensive est donc annoncée. Les forces locales afghanes «se préparent à la guerre, étant donné que les négociations ont échoué, a annoncé le prote-parole des moudjahidine. Les combattants d'al-Qaïda ont refusé fermement de se rendre au gouvernement de la province du Nangarhar», dont les chefs dirigent les opérations au sol.

Ben Laden a-t-il franchi la frontière pakistanaise ?

En attendant, le mystère plane toujours sur l'endroit où se cache Ben Laden. Le terroriste recherché pour les attentats du 11 septembre aux États-Unis est-il toujours, s’il s’y est jamais trouvé, dans les grottes de Tora Bora ? Les services de renseignement américains affirment que le chef islamiste était avec ses proches dans ce secteur le week-end dernier. «Il y a des indications selon lesquelles Ben Laden était dans la région» lorsqu'une énorme bombe de 7,5 tonnes, surnommée la «faucheuse de marguerites», a été larguée dimanche sur le réseau de grottes souterraines, a déclaré un responsable du gouvernement américain.

Selon la chaîne américaine ABC, les services de renseignement américains auraient capté des appels téléphoniques dans la panique qui a suivi la déflagration. Ces appels ont donné «la confirmation la plus claire» que Ben Laden et son entourage proche se trouvaient dans la région. «Ils se trouvaient très près de l'explosion, ajoute ABC. Ils sont maintenant en fuite et certains d'entre eux sont gravement blessés». Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld a refuser de confirmer ces détails: «Comment voulez-vous le savoir avant de l'avoir trouvé ? (...) Les terroristes peuvent s'échapper à travers des frontières et ensuite se regrouper et comploter de nouveau pour frapper comme ils ont promis de le faire».

Les Etats-Unis craignent en effet que les membres d'Al-Qaïda et leur chef ne parviennent à s'enfuir via le Pakistan voisin. Des responsables américains estiment que presque tous les derniers chefs talibans, au nombre de 22, se sont enfuis au Pakistan, selon la chaîne NBC. Les autorités pakistanaises démentent. Pour tenter d'empêcher toute infiltration, le Pakistan affirme avoir déployé des milliers de soldats et de membres des forces paramilitaires dans la zone frontalière faisant face à Tora Bora, survolée en permanence par des hélicoptères. L'armée américaine, qui a débarqué quelque 1300 Marines dans le désert au sud de Kandahar (sud-est), surveille également les voies de sortie vers le Pakistan.



par Philippe  Quillerier-Lesieur (avec AFP)

Article publié le 12/12/2001