Afghanistan
Ébauche d'une force multinationale
L'ONU pourrait autoriser d'ici la fin de la semaine l'envoi d'une force multinationale de quelque 5 000 hommes en Afghanistan. Elle serait placée sous commandement britannique et commencerait par se déployer à Kaboul. La France, la Turquie, l'Italie l'Allemagne et le Canada devraient participer.
De notre correspondant à New York (Nations unies)
Même si les derniers détails restent à régler, la Grande-Bretagne a accepté, sur le principe au moins, de prendre la tête d'une force multinationale de maintien de la paix chargée de faire régner l'ordre en Afghanistan, ou tout au moins autour de la capitale Kaboul. Le choix des Britanniques s'explique non seulement par la rapidité de leur capacité de déploiement, mais aussi par leurs relations privilégiées avec les États-Unis qui devraient faciliter la coopération militaire sur le terrain. En plus des soldats britanniques, la France, la Turquie, l'Italie, l'Allemagne, le Canada et la Jordanie sont pressentis pour contribuer.
Conformément au plan du représentant spécial de Kofi Annan en Afghanistan, Lakhdar Brahimi, cette force multinationale ne sera pas constituée de casques bleus sous commandement onusien. Réunir les contingents nécessaires aurait réclamé trop de temps, sans la garantie d'une efficacité optimale au bout du compte. Le Conseil de sécurité de l'ONU se contentera de définir le mandat et d'autoriser l'envoi de cette force par une résolution qu'il devrait voter vraisemblablement vendredi. Au total, cette force de maintien de la paix comprendrait un maximum de 5000 hommes -un chiffre dérisoire si on le compare aux quelque 40 000 hommes de l'Otan déployés au Kosovo, un confetti par rapport au territoire afghan.
Mais 5000 hommes, c'est déjà trop pour l'Alliance du nord qui à Bonn a refusé dans un premier temps le principe même de cette force. Le nouveau ministre de la Défense du gouvernement provisoire, Mohammed Fahim, un Tadjik de l'Alliance, a estimé hier que «ce ne sera pas plus de 1000. Cela suffit pour assurer la sécurité durant les réunions du gouvernement intérimaire et les réunions sur la formation d'une Loya Jirga. C'est tout ce dont on a besoin». Plus inquiétant: il est revenu sur la promesse faite à Bonn par l'Alliance du nord de retirer ses troupes de Kaboul pour ne laisser qu'une force de police. Visiblement, les soldats resteront, et se feront simplement appeler policiers...
Une course contre la mort
En attendant un compromis, les derniers préparatifs se déroulent à Londres dans l'urgence. Le nouveau gouvernement provisoire afghan dirigé par Hamid Karzaï, un proche de l'ex-roi Zaher Shah, doit s'installer à Kaboul le 22 décembre. Tous les Afghans, loin de là, ne font pas confiance à l'armée et à la police de l'Alliance du nord qui avaient plongé la ville dans la guerre civile de 1992 à 1996. Une transition politique en douceur et l'acheminement de l'aide humanitaire nécessitent une force de sécurité. La communauté internationale est donc entrée dans une course contre la montre.
Jusqu'à maintenant, le Pentagone a ralenti la procédure, peu enclin à devoir composer avec une autre force sur le terrain, alors que sa guerre contre Oussama Ben Laden n'est pas terminée, à moins que cette force ne se place sous son commandement. C'est là que les choses se compliquent. La Grande-Bretagne ne se sent pas prête à devoir des comptes au commandement américain, sauf si les États-Unis participent directement à la force de maintien de la paix. Ces derniers s'y refusent, craignant de s'embourber dans une mission de maintien de la paix. Au mieux, leur contribution ne serait que logistique.
En tournée en Europe, Colin Powell a tenté de convaincre ses alliés sur ce schéma. «La France examine les modalités d'une participation, en étant particulièrement attentive au mandat, aux missions, à l'organisation de cette force», a fait savoir la porte-parole de l'Élysée, Catherine Colonna, après le tête-à-tête Chirac-Powell. La France a «montré qu'elle souhaitait participer», a estimé le secrétaire d'État américain, balayant peut-être un peu vite les détails : «Ce qui est important, c'est d'obtenir le plus vite possible le vote d'une résolution aux Nations unies. Ensuite, on étudiera le rôle de chaque pays».
Le ministre russe de la Défense, Igor Ivanov, a pour sa part catégoriquement rejeté toute participation de son pays. «La Russie n'a aucun plan, désir ou intention d'aucune sorte d'envoyer aucune sorte d'unité militaire en Afghanistan» a martelé le ministre russe, en réponse à des rumeurs dans la presse d'une contribution éventuelle. En tant qu'ancienne puissance occupante, la Russie n'a pas l'intention de risquer la vie de ses soldats sur ce terrain qu'elle sait si dangereux, pour y avoir perdu près de 15 000 hommes en une décennie de combats.
Même si les derniers détails restent à régler, la Grande-Bretagne a accepté, sur le principe au moins, de prendre la tête d'une force multinationale de maintien de la paix chargée de faire régner l'ordre en Afghanistan, ou tout au moins autour de la capitale Kaboul. Le choix des Britanniques s'explique non seulement par la rapidité de leur capacité de déploiement, mais aussi par leurs relations privilégiées avec les États-Unis qui devraient faciliter la coopération militaire sur le terrain. En plus des soldats britanniques, la France, la Turquie, l'Italie, l'Allemagne, le Canada et la Jordanie sont pressentis pour contribuer.
Conformément au plan du représentant spécial de Kofi Annan en Afghanistan, Lakhdar Brahimi, cette force multinationale ne sera pas constituée de casques bleus sous commandement onusien. Réunir les contingents nécessaires aurait réclamé trop de temps, sans la garantie d'une efficacité optimale au bout du compte. Le Conseil de sécurité de l'ONU se contentera de définir le mandat et d'autoriser l'envoi de cette force par une résolution qu'il devrait voter vraisemblablement vendredi. Au total, cette force de maintien de la paix comprendrait un maximum de 5000 hommes -un chiffre dérisoire si on le compare aux quelque 40 000 hommes de l'Otan déployés au Kosovo, un confetti par rapport au territoire afghan.
Mais 5000 hommes, c'est déjà trop pour l'Alliance du nord qui à Bonn a refusé dans un premier temps le principe même de cette force. Le nouveau ministre de la Défense du gouvernement provisoire, Mohammed Fahim, un Tadjik de l'Alliance, a estimé hier que «ce ne sera pas plus de 1000. Cela suffit pour assurer la sécurité durant les réunions du gouvernement intérimaire et les réunions sur la formation d'une Loya Jirga. C'est tout ce dont on a besoin». Plus inquiétant: il est revenu sur la promesse faite à Bonn par l'Alliance du nord de retirer ses troupes de Kaboul pour ne laisser qu'une force de police. Visiblement, les soldats resteront, et se feront simplement appeler policiers...
Une course contre la mort
En attendant un compromis, les derniers préparatifs se déroulent à Londres dans l'urgence. Le nouveau gouvernement provisoire afghan dirigé par Hamid Karzaï, un proche de l'ex-roi Zaher Shah, doit s'installer à Kaboul le 22 décembre. Tous les Afghans, loin de là, ne font pas confiance à l'armée et à la police de l'Alliance du nord qui avaient plongé la ville dans la guerre civile de 1992 à 1996. Une transition politique en douceur et l'acheminement de l'aide humanitaire nécessitent une force de sécurité. La communauté internationale est donc entrée dans une course contre la montre.
Jusqu'à maintenant, le Pentagone a ralenti la procédure, peu enclin à devoir composer avec une autre force sur le terrain, alors que sa guerre contre Oussama Ben Laden n'est pas terminée, à moins que cette force ne se place sous son commandement. C'est là que les choses se compliquent. La Grande-Bretagne ne se sent pas prête à devoir des comptes au commandement américain, sauf si les États-Unis participent directement à la force de maintien de la paix. Ces derniers s'y refusent, craignant de s'embourber dans une mission de maintien de la paix. Au mieux, leur contribution ne serait que logistique.
En tournée en Europe, Colin Powell a tenté de convaincre ses alliés sur ce schéma. «La France examine les modalités d'une participation, en étant particulièrement attentive au mandat, aux missions, à l'organisation de cette force», a fait savoir la porte-parole de l'Élysée, Catherine Colonna, après le tête-à-tête Chirac-Powell. La France a «montré qu'elle souhaitait participer», a estimé le secrétaire d'État américain, balayant peut-être un peu vite les détails : «Ce qui est important, c'est d'obtenir le plus vite possible le vote d'une résolution aux Nations unies. Ensuite, on étudiera le rôle de chaque pays».
Le ministre russe de la Défense, Igor Ivanov, a pour sa part catégoriquement rejeté toute participation de son pays. «La Russie n'a aucun plan, désir ou intention d'aucune sorte d'envoyer aucune sorte d'unité militaire en Afghanistan» a martelé le ministre russe, en réponse à des rumeurs dans la presse d'une contribution éventuelle. En tant qu'ancienne puissance occupante, la Russie n'a pas l'intention de risquer la vie de ses soldats sur ce terrain qu'elle sait si dangereux, pour y avoir perdu près de 15 000 hommes en une décennie de combats.
par Philippe Bolopion
Article publié le 12/12/2001