Argentine
Pays en faillite cherche président
Privé de tout soutien, le président argentin Fernando de la Rua a fini par jeter l’éponge. Après deux ans d’exercice du pouvoir chaotique et alors que le pays sombre dans le chaos, il a démissionné jeudi soir.
«Le plus beau cadeau de Noël que De la Rua pourrait nous faire serait sa démission». C’était, jeudi encore, l’un des slogans repris par les manifestants dans toute l’Argentine. Alors, les milliers de personnes massées aux abords de la place de Mai ont accueilli avec des cris de joie la nouvelle du départ de leur président, contraint de quitter en hélicoptère le palais présidentiel.
Après la démission de son ministre de l’Economie Domingo Cavallo suivie de celle de l’ensemble du gouvernement, Fernando de la Rua s’était tourné vers le Parti justicialiste (l’opposition péroniste), majoritaire dans les deux chambres argentines depuis les élections d’octobre. En vain : alors qu’ils avaient promis de l’aider à achever son mandat, les péronistes ont finalement refusé de participer à un gouvernement d’unité nationale pour tenter de mettre un terme à la crise qui secoue le pays. Après deux jours de manifestations et d’émeutes et de nouvelles brutalités policières (cinq personnes ont été tuées par balle jeudi alors que la police tentait de dégager la place de Mai), le président s’est résigné à abandonner ses fonctions, privé de tout soutien politique.
Fernando de la Rua était entré en fonction le 10 décembre 1999. A l’époque, les trois quarts des Argentins accordent leur confiance à cet avocat austère qui ne leur annonce que des sacrifices et des économies. Il faut dire qu’après dix années sous la présidence de Carlos Menem, la population s’est lassée de ses frasques –la fiesta menemista, des scandales à répétition qui entachent le Parti justicialiste et de la crise qui déjà ravage le pays. Mais cette image de rigueur de De la Rua ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits, à de nouveaux scandales vite enterrés et surtout à la dégradation croissante des conditions de vie, encore accélérée par les hausses d’impôts, les réductions budgétaires et les plans d’austérité qui se succèdent pendant deux ans. Fernando de la Rua est accusé de piloter à vue, il reconnaît lui-même qu’il passe son temps «à éteindre des incendies». Alors que le pays s’enfonce dans la récession et que le président refuse tant une dévaluation du peso qu’une «dollarisation» de l’économie, la cote de confiance des Argentins envers le gouvernement tombe à 13%. La colère populaire se déchaîne d’abord contre le nouveau ministre de l’économie, Domingo Cavallo. Mais après sa démission et l’instauration de l’état de siège, l’hostilité des manifestants se focalise sur De la Rua.
Retour des péronistes aux affaires
Et maintenant? Un président intérimaire devrait être rapidement élu par les deux chambres argentines réunies en Congrès. Les péronistes, majoritaires, retrouveront vraisemblablement le pouvoir même si l’unité est loin d’être faite. L’ancien vice-président Eduardo Duhalde et les gouverneurs de province Carlos Reuteman et Carlos Ruckhauf n’ont pas caché leurs ambitions présidentielles. De même que l’ancien président Carlos Menem, sorti de prison il y a moins d’un mois (il était impliqué dans des trafics d’arme à destination de la Bosnie) et qui a opéré en un temps record un retour spectaculaire sur la scène politique. A gauche, c’est le vide : on chuchote simplement le nom de l’ancien président Raul Alfonsin, lui-aussi contraint à la démission peu après avoir décrété l’état de siège, en 1989.
Mais quelle que soit la nouvelle équipe qui se mettra en place à Buenos Aires, il lui faudra prendre des mesures pour sortir le pays de l’ornière. Or la situation apparaît de plus en plus inextricable, à l’heure où le pays doit honorer de nouveaux remboursements de sa dette. Thomas Dawson, le porte-parole du Fonds Monétaire international, qui a précipité la crise en refusant d’accorder de nouveaux prêts, a reconnu lui-même que l’Argentine était dans une situation très difficile.
Après la démission de son ministre de l’Economie Domingo Cavallo suivie de celle de l’ensemble du gouvernement, Fernando de la Rua s’était tourné vers le Parti justicialiste (l’opposition péroniste), majoritaire dans les deux chambres argentines depuis les élections d’octobre. En vain : alors qu’ils avaient promis de l’aider à achever son mandat, les péronistes ont finalement refusé de participer à un gouvernement d’unité nationale pour tenter de mettre un terme à la crise qui secoue le pays. Après deux jours de manifestations et d’émeutes et de nouvelles brutalités policières (cinq personnes ont été tuées par balle jeudi alors que la police tentait de dégager la place de Mai), le président s’est résigné à abandonner ses fonctions, privé de tout soutien politique.
Fernando de la Rua était entré en fonction le 10 décembre 1999. A l’époque, les trois quarts des Argentins accordent leur confiance à cet avocat austère qui ne leur annonce que des sacrifices et des économies. Il faut dire qu’après dix années sous la présidence de Carlos Menem, la population s’est lassée de ses frasques –la fiesta menemista, des scandales à répétition qui entachent le Parti justicialiste et de la crise qui déjà ravage le pays. Mais cette image de rigueur de De la Rua ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits, à de nouveaux scandales vite enterrés et surtout à la dégradation croissante des conditions de vie, encore accélérée par les hausses d’impôts, les réductions budgétaires et les plans d’austérité qui se succèdent pendant deux ans. Fernando de la Rua est accusé de piloter à vue, il reconnaît lui-même qu’il passe son temps «à éteindre des incendies». Alors que le pays s’enfonce dans la récession et que le président refuse tant une dévaluation du peso qu’une «dollarisation» de l’économie, la cote de confiance des Argentins envers le gouvernement tombe à 13%. La colère populaire se déchaîne d’abord contre le nouveau ministre de l’économie, Domingo Cavallo. Mais après sa démission et l’instauration de l’état de siège, l’hostilité des manifestants se focalise sur De la Rua.
Retour des péronistes aux affaires
Et maintenant? Un président intérimaire devrait être rapidement élu par les deux chambres argentines réunies en Congrès. Les péronistes, majoritaires, retrouveront vraisemblablement le pouvoir même si l’unité est loin d’être faite. L’ancien vice-président Eduardo Duhalde et les gouverneurs de province Carlos Reuteman et Carlos Ruckhauf n’ont pas caché leurs ambitions présidentielles. De même que l’ancien président Carlos Menem, sorti de prison il y a moins d’un mois (il était impliqué dans des trafics d’arme à destination de la Bosnie) et qui a opéré en un temps record un retour spectaculaire sur la scène politique. A gauche, c’est le vide : on chuchote simplement le nom de l’ancien président Raul Alfonsin, lui-aussi contraint à la démission peu après avoir décrété l’état de siège, en 1989.
Mais quelle que soit la nouvelle équipe qui se mettra en place à Buenos Aires, il lui faudra prendre des mesures pour sortir le pays de l’ornière. Or la situation apparaît de plus en plus inextricable, à l’heure où le pays doit honorer de nouveaux remboursements de sa dette. Thomas Dawson, le porte-parole du Fonds Monétaire international, qui a précipité la crise en refusant d’accorder de nouveaux prêts, a reconnu lui-même que l’Argentine était dans une situation très difficile.
par Nicolas Sur
Article publié le 21/12/2001