Proche-Orient
Arafat, privé de Noël, marque des points
Ariel Sharon a maintenu l’interdiction pour Arafat de se rendre à Bethléem pour la messe de minuit. Le président palestinien n’a désormais plus le droit de quitter Ramallah tant qu’il n’aura pas fait arrêter les assassins de Réhévam Zeevi, le ministre israélien assassiné en octobre. Mais à l’étranger comme en Israël même, nombreuses sont les critiques contre la décision du Premier ministre israélien.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
Ariel Sharon a montré une fois de plus qu’il était décidé à résister aux pressions internationales, mais en refusant à Yasser Arafat d’aller célébrer Noël avec son peuple, le premier ministre israélien a placé son ennemi juré en position de victime.
Son refus avait été critiqué par les États-Unis, l’Union européenne et le Vatican, chacun tentant jusqu’au dernier moment de faire fléchir M. Sharon. En Israël même, son intransigeance a été dénoncée par la presse, le président de l’État qui avait demandé à Sharon de céder et par le ministère des Affaires étrangères, qui s’inquiète des retombées négatives pour l’État hébreu.
«Une décision complètement folle, souligne un responsable. Il y a une semaine encore Arafat apparaissait comme un quasi-paria aux yeux du monde entier. Nous avons perdu tout ce crédit. Aujourd’hui, c’est Israël qui va est critiqué pour cette décision stupide».
Chez les Palestiniens, passée la déception de se voir privé de «raïs» autour de la crèche de Noël, le sentiment dominant serait plutôt une satisfaction à peine voilée. «Nous voyons ainsi le vrai visage de Sharon, estime Hanna Nasser, le maire de Bethléem. Israël prétend toujours qu’il garantit l’accès aux lieux saints, nous avons désormais la preuve de leurs mensonges». Sourire en coin, Kamel Hmeid, responsable du Fatah à Bethléem, le mouvement de Yasser Arafat, ne dit pas autre chose : «Sharon a perdu. Arafat a gagné».
Sharon a multiplié les mesures vexatoires
Curieuse façon en effet de renvoyer l’ascenseur. Depuis son discours prononcé il y a dix jours dans lequel Yasser Arafat appelait à l’arrêt des opérations armées contre Israël, une quarantaine de bureaux pro-intégristes ont été fermés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Des dizaines d’activistes ont été mis sous les verrous. Fût-ce aux prix de menaces sur l’unité nationale, Arafat a arraché une trêve des attentats de la part du Hamas et du Jihad, les organisations islamistes responsables des opérations-suicides de ces derniers mois. Dans une lettre de George Bush transmise en fin de semaine dernière au chef palestinien par le vice-consul américain à Jérusalem, les États-Unis ont reconnu ces efforts, tout en appelant à leur poursuite. En contrepartie, Ariel Sharon et son gouvernement ont multiplié les mesures vexatoires. Sari Nusseibeh, responsable du dossier de Jérusalem à l’Autorité, un intellectuel modéré, a été arrêté pour quelques heures par la police israélienne. Le patriarche latin de la ville-sainte, Monseigneur Michel Sabbah, homme de conciliation s’il en est, a vu son véhicule diplomatique fouillé hier par les soldats, avant d’entrer à Bethléem.
Sans compter l’incursion militaire israélienne opérée la nuit de Noël dans un village de Cisjordanie, pour traquer des activistes, alors que depuis dix jours, l’armée israélienne reconnaît une nette décrue des violences sur le terrain.
Que veut Sharon ? s’interrogeait lundi l’éditorialiste de Haaretz. «Son attitude souligne des erreurs de jugement, sinon un comportement irresponsable», ajoutait le journal indépendant, en précisant : «même si ces mesures ne sont que tactiques, un premier ministre a le devoir d’examiner si cela ne peut pas constituer une opportunité pour relancer les négociations avec les Palestiniens».
Selon Haaretz, «Sharon doit encore prouver à ses électeurs qu’il va assurer la paix et la sécurité, ou qu’il veut simplement perpétuer la main-mise israélienne sur les Palestiniens. Il se trompe s’il pense qu’il continuera longtemps de bénéficier de l’appui du public et de l’opinion internationale en recourrant à de telles provocations».
Le général-bulldozer a très bien manœuvré face à Yasser Arafat depuis son élection en février. Ben Laden et le Hamas lui ont fourni des marche-pieds inespérés. Trop en faire dans le tout-répressif pourrait retourner la donne.
Ariel Sharon a montré une fois de plus qu’il était décidé à résister aux pressions internationales, mais en refusant à Yasser Arafat d’aller célébrer Noël avec son peuple, le premier ministre israélien a placé son ennemi juré en position de victime.
Son refus avait été critiqué par les États-Unis, l’Union européenne et le Vatican, chacun tentant jusqu’au dernier moment de faire fléchir M. Sharon. En Israël même, son intransigeance a été dénoncée par la presse, le président de l’État qui avait demandé à Sharon de céder et par le ministère des Affaires étrangères, qui s’inquiète des retombées négatives pour l’État hébreu.
«Une décision complètement folle, souligne un responsable. Il y a une semaine encore Arafat apparaissait comme un quasi-paria aux yeux du monde entier. Nous avons perdu tout ce crédit. Aujourd’hui, c’est Israël qui va est critiqué pour cette décision stupide».
Chez les Palestiniens, passée la déception de se voir privé de «raïs» autour de la crèche de Noël, le sentiment dominant serait plutôt une satisfaction à peine voilée. «Nous voyons ainsi le vrai visage de Sharon, estime Hanna Nasser, le maire de Bethléem. Israël prétend toujours qu’il garantit l’accès aux lieux saints, nous avons désormais la preuve de leurs mensonges». Sourire en coin, Kamel Hmeid, responsable du Fatah à Bethléem, le mouvement de Yasser Arafat, ne dit pas autre chose : «Sharon a perdu. Arafat a gagné».
Sharon a multiplié les mesures vexatoires
Curieuse façon en effet de renvoyer l’ascenseur. Depuis son discours prononcé il y a dix jours dans lequel Yasser Arafat appelait à l’arrêt des opérations armées contre Israël, une quarantaine de bureaux pro-intégristes ont été fermés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Des dizaines d’activistes ont été mis sous les verrous. Fût-ce aux prix de menaces sur l’unité nationale, Arafat a arraché une trêve des attentats de la part du Hamas et du Jihad, les organisations islamistes responsables des opérations-suicides de ces derniers mois. Dans une lettre de George Bush transmise en fin de semaine dernière au chef palestinien par le vice-consul américain à Jérusalem, les États-Unis ont reconnu ces efforts, tout en appelant à leur poursuite. En contrepartie, Ariel Sharon et son gouvernement ont multiplié les mesures vexatoires. Sari Nusseibeh, responsable du dossier de Jérusalem à l’Autorité, un intellectuel modéré, a été arrêté pour quelques heures par la police israélienne. Le patriarche latin de la ville-sainte, Monseigneur Michel Sabbah, homme de conciliation s’il en est, a vu son véhicule diplomatique fouillé hier par les soldats, avant d’entrer à Bethléem.
Sans compter l’incursion militaire israélienne opérée la nuit de Noël dans un village de Cisjordanie, pour traquer des activistes, alors que depuis dix jours, l’armée israélienne reconnaît une nette décrue des violences sur le terrain.
Que veut Sharon ? s’interrogeait lundi l’éditorialiste de Haaretz. «Son attitude souligne des erreurs de jugement, sinon un comportement irresponsable», ajoutait le journal indépendant, en précisant : «même si ces mesures ne sont que tactiques, un premier ministre a le devoir d’examiner si cela ne peut pas constituer une opportunité pour relancer les négociations avec les Palestiniens».
Selon Haaretz, «Sharon doit encore prouver à ses électeurs qu’il va assurer la paix et la sécurité, ou qu’il veut simplement perpétuer la main-mise israélienne sur les Palestiniens. Il se trompe s’il pense qu’il continuera longtemps de bénéficier de l’appui du public et de l’opinion internationale en recourrant à de telles provocations».
Le général-bulldozer a très bien manœuvré face à Yasser Arafat depuis son élection en février. Ben Laden et le Hamas lui ont fourni des marche-pieds inespérés. Trop en faire dans le tout-répressif pourrait retourner la donne.
par Georges Malbrunot
Article publié le 25/12/2001