Sénégal
Casamance : la guerre des camps
Lundi 10 décembre, la nouvelle tombe : Laurent Diamacoune, neveu de l'Abbé Diamacoune Senghor, chef du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), avait été pris en otage par l'ex-chef d'état major du maquis, Salif Sadio. Le même jour, une attaque armée au village de Sindon, situé à une vingtaine de km de Ziguinchor, fait un mort et deux blessés graves. Ces faits devenus quotidiens dans cette région, l'État a entrepris depuis le jeudi 6 décembre, une grande opération de ratissage, consistant à pilonner jour et nuit les zones supposées abriter des maquisards.
Ce regain de tension survient au moment même où la guerre des camps qui oppose l'Abbé Diamacoune à son ancien conseiller militaire, Sidy Badji (un ancien de la guerre d'Algérie) atteint un cran supérieur. En effet, le 28 novembre, Diamacoune rendait public la composition d'un nouveau bureau du mouvement d'où sont exclus certains dirigeants dont Sidy Badji et ses partisans. Un bureau que naturellement Sidy Badji ne reconnait pas : «Ce bureau ne me concerne pas ; je ne reconnais que le bureau de Banjul (en août) dans lequel Diamacoune n'est que président d'honneur. Le bureau dont vous parlez est celui de l'Abbé et de son frère (Bertrand,Ndlr)», martelle l'ancien combattant. S'arc-boutant sur la «légitimité» du bureau mis sur pied à Banjul, le chef du Front nord, balaie d'un revers de la main toute idée de division : «il n'y a pas de division du MFDC, le bureau dont vous parlez n'ira nulle part».
En réalité, le torchon brûle entre les deux figures historiques du mouvement depuis que Diamacoune a pris seul, l'initiative de se rendre à Dakar fin août pour rencontrer le président Wade, s'en en avertir Sidy Badji. Celui-ci a mal pris la chose et soupçonne le vieux prélat d'avoir «vendu» le mouvement. Concernant la volonté de paix affichée depuis quelques mois par Diamacoune, Sidy Badji affirme que lui aussi «veut la paix, mais une paix négociée, avec des discussions franches entre le gouvernement et nous».
Dakar a choisi Diamacoune
Bien entendu, c'est un autre discours que tient le camp de Diamacoune. Bertrand Diamacoune, le frère du prélat, nommé dans le nouveau bureau «délégué national», en fait porte parole de son frère, qualifie Sidy Badji de «putschiste» avec la complicité active du président Gambien, Yaya Jammey. En effet, selon lui, c'est le bureau élu à Banjul a été le fait de Jammey qui a pris fait et cause pour l'aile de Sidy Badji, puisqu'il a «été monté dans le bureau de Jammey».
A cette guerre de l'aile civile, s'ajoute celle qui a cours depuis maintenant un an (elle avait débuté le 28 décembre 2000) dans le maquis. Elle oppose ceux qui se définissent comme des «loyalistes» de Diamacoune, à l'ancien chef d'état-major du maquis, Salif Sadio. Celui-ci, acculé, s'est retranché dans dans la forêt sacrée, à côté de Niassia, sur la route Ziguinchor-Cap Skirring, là où l'armée est en train de pilonner depuis une semaine. Diamacoune a pourtant un atout majeur en la personne du nouvel homme fort du maquis, Atoute Badiat et ses hommes.
En effet, dans cette guerre des camps, Sidy Badji part avec peu de biscuits puisqu'il dispose de peu de partisans dans le maquis actif. Il avait pensé pouvoir compter sur son ancien poulain, Salif Sadio, mais celui-ci, affaibli, a, dans une lettre datée du mois d'août, fait acte d'allégeance à Diamacoune, tout en précisant qu'il refusait de renoncer à l'indépendance. Quant au gouvernement du Sénégal, il semble avoir pris fait et cause pour le camp de Diamacoune, estimant sans doute que celui-ci est «plus représentatif». C'est en tout cas ce que lui reprochent Sidy Badji et ses partisans. Quant au président Wade, il continue toujours de déclarer qu'il va «résoudre la crise dans quelques semaines». Ce qui semble être plus un vœu pieux au regard de la réalité du terrain.
En réalité, le torchon brûle entre les deux figures historiques du mouvement depuis que Diamacoune a pris seul, l'initiative de se rendre à Dakar fin août pour rencontrer le président Wade, s'en en avertir Sidy Badji. Celui-ci a mal pris la chose et soupçonne le vieux prélat d'avoir «vendu» le mouvement. Concernant la volonté de paix affichée depuis quelques mois par Diamacoune, Sidy Badji affirme que lui aussi «veut la paix, mais une paix négociée, avec des discussions franches entre le gouvernement et nous».
Dakar a choisi Diamacoune
Bien entendu, c'est un autre discours que tient le camp de Diamacoune. Bertrand Diamacoune, le frère du prélat, nommé dans le nouveau bureau «délégué national», en fait porte parole de son frère, qualifie Sidy Badji de «putschiste» avec la complicité active du président Gambien, Yaya Jammey. En effet, selon lui, c'est le bureau élu à Banjul a été le fait de Jammey qui a pris fait et cause pour l'aile de Sidy Badji, puisqu'il a «été monté dans le bureau de Jammey».
A cette guerre de l'aile civile, s'ajoute celle qui a cours depuis maintenant un an (elle avait débuté le 28 décembre 2000) dans le maquis. Elle oppose ceux qui se définissent comme des «loyalistes» de Diamacoune, à l'ancien chef d'état-major du maquis, Salif Sadio. Celui-ci, acculé, s'est retranché dans dans la forêt sacrée, à côté de Niassia, sur la route Ziguinchor-Cap Skirring, là où l'armée est en train de pilonner depuis une semaine. Diamacoune a pourtant un atout majeur en la personne du nouvel homme fort du maquis, Atoute Badiat et ses hommes.
En effet, dans cette guerre des camps, Sidy Badji part avec peu de biscuits puisqu'il dispose de peu de partisans dans le maquis actif. Il avait pensé pouvoir compter sur son ancien poulain, Salif Sadio, mais celui-ci, affaibli, a, dans une lettre datée du mois d'août, fait acte d'allégeance à Diamacoune, tout en précisant qu'il refusait de renoncer à l'indépendance. Quant au gouvernement du Sénégal, il semble avoir pris fait et cause pour le camp de Diamacoune, estimant sans doute que celui-ci est «plus représentatif». C'est en tout cas ce que lui reprochent Sidy Badji et ses partisans. Quant au président Wade, il continue toujours de déclarer qu'il va «résoudre la crise dans quelques semaines». Ce qui semble être plus un vœu pieux au regard de la réalité du terrain.
par Demba Ndiaye
Article publié le 16/12/2001