Iran
Le difficile rapprochement avec l’Amérique
Les événements du 11 septembre ont accéléré un discret rapprochement entre Washington et Téhéran. Difficile à assumer de part et d’autre.
De notre correspondant en Iran
C’est dans la plus grande discrétion que le premier bateau américain a accosté dans un port iranien dans le Golfe Persique depuis la révolution islamique de 1979. Il a fallu l’hostilité des radicaux du régime pour dévoiler l’affaire. Le quotidien Jomhouri Eslami, organe des durs du régime, a en effet révélé il y a quelques jours qu’un navire battant pavillon américain était arrivé quelques jours plus tôt dans le port de Shahid Rejai, dans le Golfe Persique.
Le bateau est chargé de 45 000 tonnes de blés et de farines destinées à la population afghane. Un deuxième navire devrait arriver avant la fin de l’année. Le gouvernement iranien a en effet donné son accord pour qu’une partie de l’aide humanitaire américaine pour les Afghans transitent par le territoire iranien. Le chargement est acheminé par camions jusqu’à la frontière afghane pour être ensuite distribué les provinces de l’Ouest mais aussi dans les camps de réfugiés. L’opération se déroule sous le contrôle du programme alimentaire mondial (PAM), mais il s’agit bien d’une aide directe du gouvernement américaine.
Ce qui n’est pas du goût de tout le monde à Téhéran. En effet, les conservateurs commencent à monter au créneau. Le quotidien Jomhouri Eslami a demandé au gouvernement d’empêcher ce transit. «Les criminels américains veulent cacher leur bilan sombre et noir par la blancheur de cette farine. Et les honnêtes ouvriers iraniens sont obligés de portés sur leur dos les sacs. Le transit de l’aide américain est un complot de Washington pour faire croire que les relations entre les deux peuvent se normaliser», écrit le quotidien.
Des efforts salués par les Américains
En fait, depuis les attentats du 11 septembre, les deux pays ont renoué des contacts discrets à propos de l’Afghanistan. Le gouvernement iranien a accueilli favorablement les accords de Bonn et le gouvernement intérimaire dirigé par Hamed Kharzaï. On s’attendait à une position plus critique. En effet, le nouveau chef du gouvernement afghan est non seulement un homme proche de l’ancien monarque Zaher Shah mais de plus il est connu pour ses positions pro-américaines. Il n’empêche. La diplomatie iranienne a déployé de grands efforts pour le succès de la conférence de Bonn, dénoncée par certains conservateurs comme une conférence pro-américaine.
Ces efforts ont d’ailleurs été salués par les Américains. Téhéran a tout intérêt qu’un pouvoir stable s’installe en Afghanistan. Ces dernières années, l’Iran a beaucoup souffert du trafic de drogue mais aussi de la présence de deux millions et demi de réfugiés afghans sur son sol. Enfin, la chute du régime des Talibans – très hostiles à l’Iran chiite – ne peut que satisfaire Téhéran.
Visiblement, Téhéran et Washington ont une commune volonté d’exploiter la crise actuelle pour faire des petits pas dans leurs relations. En effet, il y a un mois, le chef de la diplomatie iranienne, Kamal Kharazi, a rencontré brièvement mais pour la première fois Colin Powell en marge d’une réunion du groupe 6+2 qui réunit les voisins de l’Afghanistan plus les États-Unis et la Russie. De même, l’Iran avait promis de secourir les pilotes américains en difficultés dans le ciel afghan. Des petits pas qui pourrait un jour permettre la reprise des relations comme vient de l’affirmer Colin Powell. «Nous sommes prêts à explorer les opportunités [pour un rapprochement avec l’Iran] même si nous ne fermons pas les yeux sur la nature du régime iranien et l’histoire des ces 22 dernières années», a souligné Colin Powell. Une manière de laisser la porte ouverte à d’autres évolutions. Reste qu’on doit encore compter avec les groupes (conservateurs en Iran et les lobbies pro-israéliens aux États-Unis) qui rejettent toute normalisation.
C’est dans la plus grande discrétion que le premier bateau américain a accosté dans un port iranien dans le Golfe Persique depuis la révolution islamique de 1979. Il a fallu l’hostilité des radicaux du régime pour dévoiler l’affaire. Le quotidien Jomhouri Eslami, organe des durs du régime, a en effet révélé il y a quelques jours qu’un navire battant pavillon américain était arrivé quelques jours plus tôt dans le port de Shahid Rejai, dans le Golfe Persique.
Le bateau est chargé de 45 000 tonnes de blés et de farines destinées à la population afghane. Un deuxième navire devrait arriver avant la fin de l’année. Le gouvernement iranien a en effet donné son accord pour qu’une partie de l’aide humanitaire américaine pour les Afghans transitent par le territoire iranien. Le chargement est acheminé par camions jusqu’à la frontière afghane pour être ensuite distribué les provinces de l’Ouest mais aussi dans les camps de réfugiés. L’opération se déroule sous le contrôle du programme alimentaire mondial (PAM), mais il s’agit bien d’une aide directe du gouvernement américaine.
Ce qui n’est pas du goût de tout le monde à Téhéran. En effet, les conservateurs commencent à monter au créneau. Le quotidien Jomhouri Eslami a demandé au gouvernement d’empêcher ce transit. «Les criminels américains veulent cacher leur bilan sombre et noir par la blancheur de cette farine. Et les honnêtes ouvriers iraniens sont obligés de portés sur leur dos les sacs. Le transit de l’aide américain est un complot de Washington pour faire croire que les relations entre les deux peuvent se normaliser», écrit le quotidien.
Des efforts salués par les Américains
En fait, depuis les attentats du 11 septembre, les deux pays ont renoué des contacts discrets à propos de l’Afghanistan. Le gouvernement iranien a accueilli favorablement les accords de Bonn et le gouvernement intérimaire dirigé par Hamed Kharzaï. On s’attendait à une position plus critique. En effet, le nouveau chef du gouvernement afghan est non seulement un homme proche de l’ancien monarque Zaher Shah mais de plus il est connu pour ses positions pro-américaines. Il n’empêche. La diplomatie iranienne a déployé de grands efforts pour le succès de la conférence de Bonn, dénoncée par certains conservateurs comme une conférence pro-américaine.
Ces efforts ont d’ailleurs été salués par les Américains. Téhéran a tout intérêt qu’un pouvoir stable s’installe en Afghanistan. Ces dernières années, l’Iran a beaucoup souffert du trafic de drogue mais aussi de la présence de deux millions et demi de réfugiés afghans sur son sol. Enfin, la chute du régime des Talibans – très hostiles à l’Iran chiite – ne peut que satisfaire Téhéran.
Visiblement, Téhéran et Washington ont une commune volonté d’exploiter la crise actuelle pour faire des petits pas dans leurs relations. En effet, il y a un mois, le chef de la diplomatie iranienne, Kamal Kharazi, a rencontré brièvement mais pour la première fois Colin Powell en marge d’une réunion du groupe 6+2 qui réunit les voisins de l’Afghanistan plus les États-Unis et la Russie. De même, l’Iran avait promis de secourir les pilotes américains en difficultés dans le ciel afghan. Des petits pas qui pourrait un jour permettre la reprise des relations comme vient de l’affirmer Colin Powell. «Nous sommes prêts à explorer les opportunités [pour un rapprochement avec l’Iran] même si nous ne fermons pas les yeux sur la nature du régime iranien et l’histoire des ces 22 dernières années», a souligné Colin Powell. Une manière de laisser la porte ouverte à d’autres évolutions. Reste qu’on doit encore compter avec les groupes (conservateurs en Iran et les lobbies pro-israéliens aux États-Unis) qui rejettent toute normalisation.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 14/12/2001