Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Argentine

Nouvelles tensions à Buenos Aires

Le gouvernement a présenté sa démission samedi, après de violents incidents à Buenos Aires, où le président Rodriguez Saa, a demandé aux banques de «contribuer à la paix sociale» en facilitant le paiement des retraites et salaires, dont le retard est à l'origine d'une vive tension.
«Qu'ils s'en aillent tous et qu'il n'en reste aucun» ou encore «Nous avons mis notre argent à la banque pour qu'ils le gèrent, pas pour qu'ils le volent». C'est ce que l'on pouvait lire sur les banderoles des 7 000 Argentins qui se sont réunis sur la Place de Mai, devant le Palais présidentiel et le Congrès, à Buenos Aires, vendredi soir. Scandant ces slogans, ils ont manifesté, une fois encore, contre la corruption de certains responsables du nouveau gouvernement et contre le maintien des restrictions bancaires. Ces nouvelles émeutes ont eu pour résultat, la remise par le gouvernement de sa démission au président Saa. Pour le moment, ce dernier n'a pas encore pris de décision.

Equipés de sifflets, de casseroles et autres ustensiles de cuisine, les manifestants ont défilé pacifiquement comme ils l'avaient déjà fait le 19 et 20 décembre dernier contre le gouvernement du président Fernando de La Rua. Mais aux premiers gaz lacrymogènes lancés par les forces de l’ordre, les Argentins ont vivement répliqué en envoyant sur la police des pierres et des projectiles divers. Après ces affrontements violents, un groupe a réussi à pénétrer dans l’enceinte du Congrès, brisant tout ce qui lui tombait sous les mains avant de déclencher un incendie rapidement maîtrisé. Contrairement aux violentes émeutes de la faim qui ont frappé le pays la semaine dernière, faisant une trentaine de morts, aucun incident majeur n’a, cette fois, été a déploré. Ce samedi matin, la capitale argentine retrouvait son calme.

Démission du principal conseiller du président

L’apaisement dû à la désignation, dimanche dernier, d’Adolfo Rodriguez Saa n’aura pas durer très longtemps. Intronisé par le Congrès pour assurer un intérim jusqu’à l’organisation d’une élection présidentielle le 3 mars 2002, le nouveau président n’aura connu qu’un court répit. Sa proposition de créer une nouvelle devise au cours flottant, l’argentino, ainsi que celle de la Cour suprême de restreindre les retraits bancaires ont laissé plus que sceptiques la population argentine qui craint que cette nouvelle monnaie ne perde très rapidement toute sa valeur initiale. Cette mesure risque, selon certains, de relancer les spirales inflationnistes. «Ces voyous doivent partir» a scandé une femme dans le cortège des manifestants.

En défilant, les Argentins ont également émis le souhait de voir partir Carlos Grosso, conseiller en chef du président Saa. Un but atteint : l’ancien maire de Buenos Aires a démissionné. Proche de l’ancien président péroniste Carlos Menem, Carlos Grosso traîne derrière lui un lourd casier judiciaire lié à des affaires de corruption. L’ancien président, arrêté et placé en détention préventive dans le cadre de carambouillages puis relâché, n’a pas non plus été épargné par les manifestants. Pas plus que n’ont été oubliés les juges de la Cour suprême dont des banderoles disaient en «avoir assez» et demandaient également leur démission.

Adolfo Rodriguez Saa a annoncé qu'il allait se réunir, ce dimanche, avec les gouverneurs de province de son parti, le Parti Justicialiste afin d'«analyser un thème important pour la vie des Argentins». Cette réunion devrait porter sur la réorganisation de l'équipe gouvernementale et sur la politique économique à suivre après l'annonce, dimanche dernier par Rodriguez Saa, d'un moratoire sur la dette publique d'un montant de 132 milliards de dollars, et de la création d'une troisième monnaie, l'argentino.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 30/12/2001