Argentine
Le tango des présidents
A son tour, le président péroniste Adolfo Rodriguez Saà a démissionné. Une semaine après le départ du président radical Fernando de la Rua, c’est à un véritable vide politique que l’Argentine est maintenant confrontée.
Après une semaine d’exercice du pouvoir, le président Adolfo Rodriguez Saà est tombé à son tour, lâché par son propre parti. Après de nouvelles émeutes et la démission de son gouvernement, il avait convié dimanche les grandes figures du Parti justicialiste à une rencontre sur l’avenir politique du pays. Seuls cinq des quatorze gouverneurs péronistes ont fait le déplacement jusqu’à la résidence d’été des chefs d’Etat argentins, à Mar del Plata, à 400 km au sud de Buenos Aires. Un camouflet pour le nouveau président, un camouflet dont il a très vite tiré les leçons : dans la nuit de dimanche à lundi, il a annoncé sa «démission irrévocable», égratignant au passage «les loups et les lobbies qui n’ont pas compris l’essence des temps nouveaux, (…) qui prétendent maintenir les privilèges de la vieille Argentine».
Particulièrement visé, l’influent gouverneur de la province de Cordoba, José de la Sota, qu’il a accusé de «privilégier les questions internes au parti au détriment des intérêts de la Patrie».
La crise couvait depuis plusieurs jours au sein du parti péroniste, dont différentes personnalités ne cachent pas leurs ambitions présidentielles. C’est dire qu’elles ne voyaient pas d’un bon œil la tentation affichée par le président Saà de rester à la Casa Rosada au-delà du 3 mars prochain, date initialement fixée pour une élection présidentielle anticipée. La presse argentine avait bruissé tout au long de la semaine écoulée de rumeurs de report ou d’annulation de ces élections. Les mesures adoptées par le président Saà (mise en circulation d’une troisième monnaie, suspension du paiement de la dette, etc.) étaient apparues bien ambitieuses pour un homme supposé tirer sa révérence dans trois mois. Bien suspectes, en tout cas, aux yeux de personnalités de poids comme José Manuel de la Sota, Carlos Ruckauf (gouverneur de la province de Buenos Aires), Carlos Reutemann (gouverneur de la province de Santa Fé) ou encore l’ancien vice-président Eduardo Duhalde, tous quatre candidats potentiels à la fonction suprême.
A ces tensions se sont encore ajoutées des divisions autour du rôle revendiqué par Carlos Menem : l’ancien président ne cache pas sa volonté de reprendre les rênes du pouvoir, bien qu’il soit aujourd’hui minoritaire au sein de son parti et constitutionnellement empêché de briguer un nouveau mandat avant 2003.
Vers un «gouvernement de salut national» ?
Dans ce contexte, les péronistes vont avoir du mal à regagner la confiance d’une population qui a prouvé qu’elle ne leur accordait pas plus de crédit qu’aux radicaux, l’autre grande formation du pays. En moins d’une semaine, la rue a voté la censure aussi bien contre les uns que contre les autres. L’Argentine se retrouve aujourd’hui confrontée à un véritable vide politique. Un vide politique qu’a encore souligné la démission du président du Sénat, Ramon Puerta : aux termes de la loi argentine, c’est lui qui aurait normalement dû prendre en charge l’exécutif après le départ du président Saà.
En dernier ressort, c’est le président de la chambre des députés, Eduardo Camano, qui a été chargé d’assurer l’intérim. Il a d’ores et déjà annoncé la convocation des deux assemblées mardi après-midi pour élire un nouveau président provisoire. Il a également appelé la population à ne pas descendre dans la rue. Dans le même temps, le péroniste Carlos Reutemann a appelé à «un gouvernement de salut national». Autant de prières auxquels les Argentins pourraient rester sourds à l’heure où les gouvernements se défont dans la rue, d’émeutes en émeutes, dans des concerts de casseroles.
Particulièrement visé, l’influent gouverneur de la province de Cordoba, José de la Sota, qu’il a accusé de «privilégier les questions internes au parti au détriment des intérêts de la Patrie».
La crise couvait depuis plusieurs jours au sein du parti péroniste, dont différentes personnalités ne cachent pas leurs ambitions présidentielles. C’est dire qu’elles ne voyaient pas d’un bon œil la tentation affichée par le président Saà de rester à la Casa Rosada au-delà du 3 mars prochain, date initialement fixée pour une élection présidentielle anticipée. La presse argentine avait bruissé tout au long de la semaine écoulée de rumeurs de report ou d’annulation de ces élections. Les mesures adoptées par le président Saà (mise en circulation d’une troisième monnaie, suspension du paiement de la dette, etc.) étaient apparues bien ambitieuses pour un homme supposé tirer sa révérence dans trois mois. Bien suspectes, en tout cas, aux yeux de personnalités de poids comme José Manuel de la Sota, Carlos Ruckauf (gouverneur de la province de Buenos Aires), Carlos Reutemann (gouverneur de la province de Santa Fé) ou encore l’ancien vice-président Eduardo Duhalde, tous quatre candidats potentiels à la fonction suprême.
A ces tensions se sont encore ajoutées des divisions autour du rôle revendiqué par Carlos Menem : l’ancien président ne cache pas sa volonté de reprendre les rênes du pouvoir, bien qu’il soit aujourd’hui minoritaire au sein de son parti et constitutionnellement empêché de briguer un nouveau mandat avant 2003.
Vers un «gouvernement de salut national» ?
Dans ce contexte, les péronistes vont avoir du mal à regagner la confiance d’une population qui a prouvé qu’elle ne leur accordait pas plus de crédit qu’aux radicaux, l’autre grande formation du pays. En moins d’une semaine, la rue a voté la censure aussi bien contre les uns que contre les autres. L’Argentine se retrouve aujourd’hui confrontée à un véritable vide politique. Un vide politique qu’a encore souligné la démission du président du Sénat, Ramon Puerta : aux termes de la loi argentine, c’est lui qui aurait normalement dû prendre en charge l’exécutif après le départ du président Saà.
En dernier ressort, c’est le président de la chambre des députés, Eduardo Camano, qui a été chargé d’assurer l’intérim. Il a d’ores et déjà annoncé la convocation des deux assemblées mardi après-midi pour élire un nouveau président provisoire. Il a également appelé la population à ne pas descendre dans la rue. Dans le même temps, le péroniste Carlos Reutemann a appelé à «un gouvernement de salut national». Autant de prières auxquels les Argentins pourraient rester sourds à l’heure où les gouvernements se défont dans la rue, d’émeutes en émeutes, dans des concerts de casseroles.
par Nicolas Sur
Article publié le 31/12/2001