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Afghanistan

Dostom rejoint le gouvernement

Le puissant chef de guerre ouzbek Rachid Dostom a été nommé vice-ministre de la défense. Une manière, pour le chef du gouvernement Hamid Karzaï, de neutraliser une personnalité politique aussi redoutable qu’influente.
Le général ouzbek Abdul Rachid Dostom, 47 ans, s’est dit «très heureux» d’avoir été nommé au poste de vice-ministre de la défense. Il y a encore quelques jours, il ne ménageait pas ses critiques à l’égard de l’administration transitoire issue des accords de Bonn, estimant sa faction trop faiblement représenté. Samedi, on s’était attendu jusqu’au dernier moment à ce qu’il boycotte la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement d’Hamid Karzaï. Dostom, tout comme d’autres chefs de guerre afghans, avait notamment critiqué l’attribution des ministères-clefs de la défense, de l’intérieur et des affaires étrangères à des Tadjiks de la vallée du Panshir, héritiers directs du commandant Massoud.

La nomination de Dostom est avant tout une décision stratégique. En s’attachant ses services, Hamid Karzaï compte bien neutraliser une personnalité politique influente et dérangeante : les forces que Rachid Dostom dirige contrôlent en effet toute une partie du nord de l’Afghanistan. Artisan de la chute de Mazar-e-Sharif (11 novembre dernier), qui avait sonné le glas du régime des talibans, Dostom reste auréolé d’un certain prestige.

Mise en place d’une armée nationale

On comprend que pour Hamid Karzaï, Pachtoune, proche de l’ancien roi Zaher Shah, l’hostilité d’une figure telle que Dostom était problématique. D’autant que l’Ouzbek, véritable seigneur de la guerre, garde la réputation d’un homme brutal, dénué de tout scrupule et de tout principe. Ancien officier de l’armée communiste afghane, il n’avait rejoint les rangs de l’Alliance du nord que par hostilité aux talibans.

C’est donc à un véritable travail de déminage politique que s’est attelé Karzaï. Un travail préliminaire indispensable à l’heure où le gouvernement provisoire, nommé pour six mois, doit entreprendre la reconstruction d’un pays anéanti par deux décennies de guerre. Le ralliement du général Dostum devrait permettre de mettre sur pied une armée nationale qui intègrera les différents groupes ethniques de l’Afghanistan et permettra de rétablir un minimum de sécurité sur les axes de circulation. Dostom a d’ores et déjà proposé le ralliement de ses divisions (de 15 à 50.000 hommes), soulignant combien «(son) peuple et (lui)-même avaient l’expérience des activités militaires».



par Nicolas  Sur

Article publié le 25/12/2001