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Burkina Faso

Gbagbo à Ouaga : une visite pour décrisper

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a effectué une visite le mardi 4 décembre à Ouagadougou, la première au Burkina depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2000. Ce déplacement devrait permettre de décrisper la crise qui perdure entre la Côte d’Ivoire et le Burkina.
De notre correspondant au Burkina Faso

«C’est une visite pour ressouder des fils qui n’auraient jamais dû se couper». Voilà comment le président Laurent Gbagbo a résumé son premier déplacement à Ouagadougou. Alors qu’il s’est rendu dans la plupart des pays voisins quelques temps après son accession au pouvoir, Laurent Gbagbo a longtemps évité de rendre visite à son homologue burkinabè confirmant ainsi la tension entre son pays et le Burkina.

Mauvaises depuis quelques années déjà à cause de l’affaire Ouattara, la nouvelle loi foncière et les exactions dont sont victimes les immigrés burkinabè en Côte d’Ivoire, les relations entre Abidjan et Ouagadougou s’étaient détériorées lorsque le nouveau régime a accusé presque ouvertement son voisin du nord d’être à l’origine de la tentative de coup d’Etat de janvier dernier. Interrogé par RFI en juin 2001, Blaise Compaoré reconnaissait une certaine tension entre le Burkina et la Côte d’Ivoire. Depuis lors, plusieurs médiations menées principalement par la France, la Libye et le secrétaire général de l’Onu ont tenté sans succès de rapprocher les deux hommes, pourtant très proches du temps où Laurent Gbagbo était dans l’opposition.

Visite écourtée par les autorités d’Abidjan

Plusieurs visites programmées par la partie ivoirienne ont avorté pour des «raisons de calendrier». A tel point qu’au Burkina, on n’hésitait pas à parler de manque de volonté de la part du régime ivoirien. C’est donc avec surprise que les Burkinabè ont appris mercredi l’arrivée de Laurent Gbagbo au Burkina. D’abord annoncée pour 48 heures à compter de lundi dernier, la visite a été reportée au lendemain et écourtée de 24 heures. Ce dernier changement imposé par la partie ivoirienne a plus qu’irrité à Ouagadougou. «Mais comme il y a eu beaucoup de rendez-vous manqués et à cause des pressions extérieures, nous avons dû accepter pour en finir avec la tension qui nous divise», explique un ministre burkinabè.

C’est donc, le gouvernement au grand complet et l’ensemble des corps constitués qui se sont retrouvés à l’aéroport de Ouagadougou mardi pour accueillir Laurent Gbagbo accompagné à l’occasion de son chef d’Etat-major, le général Mathias Doué et du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest(BCEAO). Accolades, tapes amicales, plaisanteries, rigolades…l’ambiance a été, contrairement à ce qu'aurait pu penser, chaleureuse entre Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo.

«C’est une visite qui va dans le sens de l’apaisement et de la normalisation, a déclaré le président ivoirien à la fin de son tête à tête avec son homologue burkinabè. Il n’est pas normal compte tenu de la géographie, de l’histoire et des relations personnelles que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina restent dans cet état-là. Il faut fermer la parenthèse.» Inquiet sur le sort de ses compatriotes, au nombre de trois millions, et à propos de la nouvelle législation foncière en Côte d’Ivoire qui devrait exproprier les étrangers de leurs terres, le président Blaise Compaoré s’est dit rassuré par son hôte. «Nous avons fait le point des préoccupations et nous nous sommes engagés à les traiter. Nous allons maintenir ce contact pour que nos populations sentent que quelque chose a véritablement bougé», a-t-il indiqué. Les deux anciens amis ont donc réussi à briser la glace. Reste alors à travailler pour concrétiser cette bonne volonté affichée pour rapprocher réellement ces deux pays qui avaient constitué à un moment de la colonisation(1934-1947), un même territoire et qui restent les plus liés dans la région ouest-africaine.



par Alpha  Barry

Article publié le 05/12/2001