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Trafic d''armes

Jacques Monsieur condamné en Iran

Le marchand d’armes, retenu depuis un an à Téhéran, a été condamné par un tribunal militaire à dix ans de prison pour «espionnage».
De notre correspondant à Téhéran

Rien de vraiment étonnant pour un homme qui a l’habitude d’être dans l’ombre. Arrêté voici un peu plus d’un an par la justice iranienne, le procès du Belge Jacques Monsieur, trafiquant d’armes bien connu des milieux de renseignements, s’est déroulé à huis clos et dans la plus grande discrétion. Accusé d’espionnage, il a été condamné il y a quelques jours à 10 ans de prison ferme pour espionnage par la justice iranienne. Normalement, il lui reste 9 ans à passer en prison. Reste que la décision de la justice accorde la possibilité à Jacques Monsieur de transformer cette peine de prison en amende. Il lui suffit de payer quelque 400 000 dollars pour éviter de rester en prison. Fruit d’un marchandage ou bien scénario pour permettre à ce dernier de sortir de prison? En tout cas, Jacques Monsieur a fait savoir qu’il ne fera pas appel et payera la somme.

Âgé de 48 ans, cet ancien officier de l’armée belge a été de toutes les guerres et tous les trafics d’armes de ces vingt dernières années. Avant son arrestation en Iran en novembre 2000, il faisait l’objet d’une enquête judiciaire de la part de la justice française pour des livraisons d’armes à la Croatie entre 1991 et 1995 après l’éclatement de la Yougoslavie. Mais au juge français qui l’interrogeait, il a répondu qu’il avait le soutien des services secrets français dans cette affaire.

Des armes pour le Congo

Selon d’autres sources, durant les années 80, Jacques Monsieur a livré des armes à l’Iran. Des armes russes mais aussi américaines. Il aurait affirmé que la CIA était au courant de cette opération. Ensuite, après la fin de la guerre Iran-Irak (1988) et l’éclatement de l’URSS et de la Yougoslavie, il a commencé à livrer des armes, notamment iraniennes, aux Croates et plus tard aux Bosniaques. En 1991, les Nations unies ont décrété un embargo sur les ventes d’armes aux belligérants de l’ex-Yougoslavie. «J’ai été contacté à Bruxelles par un agent de la CIA pour organiser cette opération et livrer des armes aux forces anti-serbes», a-t-il déclaré.

Au début des années 80, Jacques Monsieur a crée une société d’import-export basée à Bourges à 200 kilomètres de Paris, mais dès cette époque il a concentré ces activités dans le trafic d’armes. Il a fourni des armes russes au gouvernement congolais durant la guerre civile qui a ravagé l’Afrique centrale en 1997. Selon le quotidien belge Le Soir, Jacques Monsieur a livré des armes au président Lissouba à la demande de la société pétrolière française Elf. Il achetait ces armes dans les pays d’Europe de l’Est ou en Russie pour les vendre à ses clients.

En 1996, les Américains l’ont accusé de vendre des missiles anti-aériens russes à Téhéran. Durant toutes ces années, Jacques Monsieur venait régulièrement à Téhéran. Dans ces conditions, on a du mal à comprendre son arrestation en novembre 2000. Selon des sources diplomatiques, il aurait été victimes d’une lutte de clans. Mais pour la justice iranienne, Jacques Monsieur a eu des activités d’espionnage.

Quoi qu’il en soit, il va être libéré dans quelques jours et pourra reprendre ses activités. Reste que s’il est assuré de quitter les prisons iraniennes, il n’a pas fini avec la justice. En effet, il est toujours poursuivi par les justices belge et française.



par Siavosh  Ghazi

Article publié le 13/12/2001