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Afghanistan

Talibans indésirables au Pakistan

La situation devient critique au Pakistan pour les islamistes afghans et les proches de Ben Laden. Les autorités pakistanaises ont, coup sur coup, livré aux forces américaines en Afghanistan un haut dirigeant d’Al Qaïda et expulsé l’ex-ambassadeur des talibans à Islamabad. Celui-ci, Abdul Salam Zaeef, devenu l’unique porte-parole des islamistes pendant l’intervention américaine et jusqu’à la chute du régime de Kaboul, avait demandé l’asile politique au Pakistan. Le gouvernement pakistanais ne lui a concédé ni visa ni droit de séjour et il semble qu’il ait regagné l’Afghanistan. Le dirigeant d’Al Qaïda, Ibn al Shaykh al Libi, était l’un des responsables de l’entrainement paramilitaire des talibans.
Enfin, le ministre afghan des Affaires étrangères serait prêt à remettre à la justice internationale le mollah Omar s’il était capturé. Pendant ce temps, la force internationale de sécurité se déploie.
Un accord a finalement été conclu, lundi 31 décembre 2001, sur les modalités de déploiement et les missions de la Force internationale d’assistance pour la sécurité en Afghanistan (ISAF). Les premiers soldats sont arrivés dans la foulée à Kaboul. Et d’ici la fin du mois de janvier 2002, les quelque 4 500 militaires prévus pour composer cette force devraient avoir rejoint leur base afghane.

Près de 150 personnes issues de 17 pays, parmi lesquelles une trentaine d’officiers, ont décollé, le 1er janvier 2002, de Londres à destination de Kaboul, la capitale afghane. Ces militaires ont voyagé à bord d’un appareil de l’armée de l’air allemande. Ils forment un premier contingent de reconnaissance arrivé en renfort des 300 soldats britanniques déjà envoyés sur le terrain qui ont rejoint Kaboul par la route, le 1er janvier.

Le principe du déploiement d’une force de sécurité internationale avait été accepté par les représentants afghans lors de la conférence de Bonn où avaient été négociées les modalités de la transition politique dans le pays après la chute du régime taliban. Mais il aura fallu des jours de négociations pour arriver finalement à un accord «technique militaire», paraphé le 31 décembre par le général britannique John McColl et le ministre de l’Intérieur afghan, Younis Qanooni. Des problèmes de traduction entre l’anglais et le dari mais aussi des désaccords concernant deux articles du texte dans lesquels était abordé le problème du respect du code islamique par les troupes étrangères (consommation d’alcool et relations sexuelles) avaient retardé la finalisation de l’entente.

Un commandement britannique pendant trois mois

Le général McColl, spécialiste des opérations de paix, dirigera cette force pendant les trois premiers mois de l’intervention internationale en Afghanistan. Un militaire turc devrait ensuite lui succéder. L’ISAF comportera environ 4 500 soldats, dont un millier de Britanniques, 700 Allemands et 550 Français. Ils seront basés sur cinq sites stratégiques autour de la capitale. Certains des 17 pays qui ont souhaité participer à la Force ne mettront pas de troupes à disposition mais contribueront notamment au transport des soldats. Tous les militaires devraient être acheminés avant la fin du mois de janvier 2002. Mais le général McColl estime que d’ici le 15 janvier, l’équivalent de deux bataillons sera déjà sur place avec des unités de reconnaissance et de soutien et disposera du matériel nécessaire dans le cadre de la mission assignée à la Force. Le ministre français de la Défense, Alain Richard, a, pour sa part, affirmé qu'avant la fin de la semaine, la France aurait envoyé 260 soldats à Kaboul.

Les soldats de l’ISAF doivent opérer «en parallèle» avec les troupes américaines présentes en Afghanistan qui poursuivent la traque des membres du réseau terroriste Al Qaïda et des chefs taliban en fuite. La force internationale doit participer à la pacification du pays en effectuant des patrouilles «dans Kaboul et ses environs» mais aussi en assurant l’entraînement de l’armée afghane dans cette région. L’arrivée des soldats de la Force internationale devrait, selon l’accord, permettre le retrait de troupes armées «dans les rues de Kaboul» et non pas dans toute la capitale (casernes comprises) comme cela avait été envisagé lors de la conférence de Bonn. La question du désarmement des Afghans fait, en effet, partie des sujets dont la négociation est délicate. Pour Hamid Karzaï, président de l’administration intérimaire afghane, il y a «des gens bien et des gens mauvais» et ce sont surtout les mauvais qui doivent être désarmés «par quelque moyen que ce soit».

Si des difficultés avaient été rencontrées au moment de la conférence de Bonn au cours de laquelle les Occidentaux avaient fait du déploiement d’une force internationale à Kaboul une condition sine qua non au déblocage d’une aide financière pour la reconstruction du pays, s’opposant de ce fait à certains représentants nationaux réticents devant cette forme d’ingérence, aujourd’hui quelques voix s’élèvent dans le pays pour demander une extension du mandat de la Force à d’autres parties du territoire. Hamid Karzaï a ainsi déclaré dans un entretien au New York Times qu’il souhaitait que l'ISAF soit déployée dans d’autres villes que Kaboul pour assurer la sécurité locale. Il a mis en avant le problème de «légalité» dont souffre son pays et les demandes répétées de la population qui lui sont parvenues.



par Valérie  Gas

Article publié le 05/01/2002