Kosovo
Le Kosovo toujours sans président
Ibrahim Rugova, seul candidat en lice, n’est pas parvenu à se faire élire à la tête de la province au terme de trois tours de scrutin. L’absence de consensus des partis albanais renvoie la balle dans le camp de l’administration onusienne.
De notre correspondant dans les Balkans
Près de deux mois après les élections législatives du 17 novembre dernier, le Kosovo n’a toujours ni président ni gouvernement. Le président du Kosovo, aux fonctions essentiellement représentatives, devait être élu par les 120 députés du nouveau Parlement selon la procédure suivante: aux premiers et deuxième tours du scrutin, une majorité des deux tiers était nécessaire, tant qu’à partir du troisième tour, une majorité simple de 61 députés était suffisante.
Unique candidat au poste de président du Kosovo, le leader de la Ligue démocratique du Kosovo, Ibrahim Rugova, avait obtenu 49 voix lors de la première session de l’assemblée, le 10 décembre 2001. Hier, il n’a réuni que 50 voix sur son nom au second tour du scrutin, et 51 au troisième tour. Le Parlement a levé la séance sur ce constat d’échec, et rien ne permet de penser qu’Ibrahim Rugova puisse transformer l’essai lors d’une prochaine réunion du Parlement.
Visiblement émue, la présidente du groupe parlementaire serbe, Rada Trajkovic, a appelé à la réconciliation et à la construction d’un Kosovo démocratique. Cependant, il n’est pas encore question pour les Serbes du Kosovo de passer une alliance privilégiée avec une formation albanaise, et les 22 députés serbes ainsi que les représentants des autres minorités nationales se sont réfugiés dans l’abstention.
L’ONU en panne de stratégie
Le principal blocage est cependant venu des autres partis politiques albanais, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) et l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), deux formations issues de l’ancienne guérilla de l’UCK, qui ont refusé de prendre part au vote parlementaire. Le PDK et l’AAK avaient formulé des offres de coopération à la LDK mais leurs exigences maximalistes ayant été rejetées, ces formations ont fait le choix d’une stratégie du pire, provoquant une crise institutionnelle.
Seule une forte pression internationale pourrait peut-être permettre, encore une fois, de sortir de la crise, mais l’on voit mal le PDK et l’AAK faire machine arrière et se rallier à Ibrahim Rugova. Restent donc les Serbes. Nul doute que les contacts publics et secrets vont se multiplier dans les jours à venir entre les diplomates occidentaux, les représentants des Serbes du Kosovo et le gouvernement de Belgrade. Les Serbes du Kosovo ont tout à gagner à se retrouver en position de faiseurs de rois. Si Ibrahim Rugova leur devait son élection, sa position politique serait pourtant particulièrement fragile, tandis que le PDK et l’AAK pourraient adopter une confortable posture d’opposition «patriotique».
Dans l’immédiat, la Mission des Nations unies pour le Kosovo (Minuk) semble se retrouver en panne de stratégie après la piteuse rentrée parlementaire que vient de connaître le Kosovo. Si l’assemblée ne parvient pas à désigner un président, les compétences de celui-ci seront assumées la Minuk. On peut certes penser que la machine administrative internationale continuera à gérer le Kosovo comme elle le fait depuis deux ans et demi et que, s’ils avaient été désignés, le président et le gouvernement du Kosovo n’auraient eu que des compétences fort limitées. À force, les habitants du Kosovo risquent pourtant d’avoir des doutes sur le caractère démocratique des institutions dont ils sont censés disposer.
Près de deux mois après les élections législatives du 17 novembre dernier, le Kosovo n’a toujours ni président ni gouvernement. Le président du Kosovo, aux fonctions essentiellement représentatives, devait être élu par les 120 députés du nouveau Parlement selon la procédure suivante: aux premiers et deuxième tours du scrutin, une majorité des deux tiers était nécessaire, tant qu’à partir du troisième tour, une majorité simple de 61 députés était suffisante.
Unique candidat au poste de président du Kosovo, le leader de la Ligue démocratique du Kosovo, Ibrahim Rugova, avait obtenu 49 voix lors de la première session de l’assemblée, le 10 décembre 2001. Hier, il n’a réuni que 50 voix sur son nom au second tour du scrutin, et 51 au troisième tour. Le Parlement a levé la séance sur ce constat d’échec, et rien ne permet de penser qu’Ibrahim Rugova puisse transformer l’essai lors d’une prochaine réunion du Parlement.
Visiblement émue, la présidente du groupe parlementaire serbe, Rada Trajkovic, a appelé à la réconciliation et à la construction d’un Kosovo démocratique. Cependant, il n’est pas encore question pour les Serbes du Kosovo de passer une alliance privilégiée avec une formation albanaise, et les 22 députés serbes ainsi que les représentants des autres minorités nationales se sont réfugiés dans l’abstention.
L’ONU en panne de stratégie
Le principal blocage est cependant venu des autres partis politiques albanais, le Parti démocratique du Kosovo (PDK) et l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), deux formations issues de l’ancienne guérilla de l’UCK, qui ont refusé de prendre part au vote parlementaire. Le PDK et l’AAK avaient formulé des offres de coopération à la LDK mais leurs exigences maximalistes ayant été rejetées, ces formations ont fait le choix d’une stratégie du pire, provoquant une crise institutionnelle.
Seule une forte pression internationale pourrait peut-être permettre, encore une fois, de sortir de la crise, mais l’on voit mal le PDK et l’AAK faire machine arrière et se rallier à Ibrahim Rugova. Restent donc les Serbes. Nul doute que les contacts publics et secrets vont se multiplier dans les jours à venir entre les diplomates occidentaux, les représentants des Serbes du Kosovo et le gouvernement de Belgrade. Les Serbes du Kosovo ont tout à gagner à se retrouver en position de faiseurs de rois. Si Ibrahim Rugova leur devait son élection, sa position politique serait pourtant particulièrement fragile, tandis que le PDK et l’AAK pourraient adopter une confortable posture d’opposition «patriotique».
Dans l’immédiat, la Mission des Nations unies pour le Kosovo (Minuk) semble se retrouver en panne de stratégie après la piteuse rentrée parlementaire que vient de connaître le Kosovo. Si l’assemblée ne parvient pas à désigner un président, les compétences de celui-ci seront assumées la Minuk. On peut certes penser que la machine administrative internationale continuera à gérer le Kosovo comme elle le fait depuis deux ans et demi et que, s’ils avaient été désignés, le président et le gouvernement du Kosovo n’auraient eu que des compétences fort limitées. À force, les habitants du Kosovo risquent pourtant d’avoir des doutes sur le caractère démocratique des institutions dont ils sont censés disposer.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 11/01/2002