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Iran

L’Iran rejette la mise en garde de Bush

Les autorités iraniennes ont vivement réagi aux déclarations du président américain, mettant en garde l’Iran contre la tentation d’accorder l’asile aux partisans de Ben Laden.


Intervenant à la prière du vendredi, l’ancien président Ali Akbar Hashemi Rafsandjani, encore très influent, s'est offusqué du ton employé par le président George Bush à l'égard de l’Iran. «Les Américains, qui pensant n'avoir plus d'obstacles sur leur route, deviennent insolents et impudents. Le président américain a usé d'un ton insolent et impudent pour dire à l'Iran de faire ceci ou cela… Comment ose-t-il parler à notre nation sur ce ton insolent et impudent ?», s’est-il demandé devant plusieurs milliers de fidèles.

Interrogés à propos des informations publiées par le New York Times - qui avait affirmé que des membres d’Al Qaïda s’étaient réfugiés en Iran -, le président Bush avait pour la première fois depuis le début de la crise haussé le ton vis-à-vis de l’Iran, en mettant en garde Téhéran contre la présence de proches de Ben Laden en Iran. «S'ils font partie de la coalition anti-terroriste, alors ils doivent en faire partie activement», avait estimé le président Bush. «Nous aimerions qu'ils continuent à être une force positive, en nous aidant à traduire des gens en justice. Nous souhaiterions, par exemple, qu'ils ne permettent pas à des meurtriers d'Al Qaïda de se cacher dans leur pays. Nous aimerions, si c'était le cas, si quelqu'un cherchait à se réfugier en Iran, qu'il nous le livre», avait ajouté le président américain.

L'affaire du trafic d'armes

Allant plus loin, il a menacé l’Iran de représailles. «S'ils cherchaient à déstabiliser d'une façon ou d'une autre et sous quelque forme que ce soit le gouvernement [afghan], la coalition s'occuperait d'eux, par des moyens diplomatiques, d'abord, mais nous aimerions vraiment qu'ils participent activement à la stabilisation de l'Afghanistan», a-t-il ajouté. Citant des sources militaires américaines, le New York Times avait affirmé que l’Iran cherchait à créer des troubles en Afghanistan pour empêcher qu’un gouvernement séculier comme celui de la Turquie ne s’installe dans ce pays.

Dès jeudi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fermement démenti les informations du New York Times. «Nous démentons formellement cette information. Notre frontière est fermée et en aucune façon nous ne permettrons aux membres d’Al Qaïda et à d’autres supporters de Ben Laden de venir en Iran», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi. Avant d’ajouter que l’Iran n’avait pas l’intention de s’ingérer dans les affaires intérieures afghanes. Après avoir condamné les attentats du 11 septembre, l’Iran a également dénoncé les attaques américaines contre l’Afghanistan. Les conservateurs iraniens accusent en effet les États-Unis de vouloir créer une base militaire en Afghanistan. Une base qui à leurs yeux servira à des actions contre Téhéran. «Les Américains cherchent à encercler l’Iran», avait affirmé le guide suprême. Ce qui explique sans doute que les États-Unis haussent le ton à l’égard de l’Iran.

En tout cas, cette nouvelle tension entre Téhéran et Washington intervient après une autre affaire embarrassante. Il s’agit de la mise en cause de l’Iran dans l'envoi d’une cargaison d'armes destinée à l’autorité palestinienne et saisie début janvier par l’armée israélienne en mer Rouge. L’Iran a également démenti toute implication dans cette affaire. Toujours est-il que Téhéran est de plus en plus montré du doigt dans la presse américaine.

En effet, une autre affaire continue à faire des vagues aux États-Unis : les journaux américains affirment que Hassan Tabatai, l’un des acteurs du film du cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf, est en fait un noir américain qui a tué un opposant du régime islamique en 1980 aux États-Unis. L’opposant en question était Ali Akbar Tabatabaï, un ancien diplomate de l’ancien régime devenu opposant politique. Toujours selon la presse américaine, après ce meurtre, Hassan Tabatai est parti pour Téhéran où il vit depuis plus de vingt ans. Cette affaire peut servir de prétexte à une montée des tensions entre Téhéran et Washington. En effet, les Américains pourraient demander l’extradition de Hassan Tabatai.

Toutes ces affaires ne peuvent qu’envenimer encore les relations entre les deux pays. Les relations diplomatiques entre Téhéran et Washington ont été rompues en 1980, mais ces dernières années, on a assisté à un certain réchauffement entre l’Iran et les États-Unis.



par Siavosh  Ghazi

Article publié le 13/01/2002