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France: présidentielle 2002

La chasse aux signatures est ouverte

Depuis plusieurs mois, les candidats à la présidentielle s’activent dans leurs quartiers généraux (QG) respectifs pour collecter les 500 signatures indispensables parmi les 40 000 élus habilités à parrainer un prétendant à l’Elysée. Reportage dans les bureaux de campagne de Christine Boutin et de Christiane Taubira.
Instaurée en 1962, la nécessité d’être présenté par un groupe de cent élus vise, à l’époque, à éviter les candidatures peu sérieuses. En 1976, une nouvelle loi instaure une nouvelle règle du jeu : récolter 500 signatures d’élus (maires, députés, sénateurs, conseillers régionaux ou généraux, membres de l’Assemblée de Corse ou des assemblées territoriales d’outre-mer) de 30 départements ou territoires d’outre-mer, sans que plus d’un dixième d’entre elles n’émane d’élus d’un même département. Chaque élu ne pouvant bien évidemment parrainer qu’un seul candidat.

L’exercice est donc un véritable casse-tête pour les petits candidats et chaque parti a sa méthode pour recueillir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle. Ainsi au QG de Christine Boutin, ses collaborateurs ont classiquement envoyé un courrier, deux précisément, l’un à l’été et l’autre à l’automne 2001 demandant et proposant aux élus de prendre position pour la candidate. Jean-Frédéric Poisson, directeur de cabinet de la militante anti-avortement connue pour son opposition au Pacte civil de solidarité (PACS), avoue également avoir organisé deux autres opérations : «Une prospection téléphonique faite depuis le siège de campagne et une autre menée par les comités de soutien dans les départements qui vont à la rencontre des élus locaux pour solliciter leur signature». Au QG de Christiane Taubira, on compte sur le «matelas d’élus du PRG» pour soutenir la candidate. Tout comme Christine Boutin, Christiane Taubira s’est fendue d’un courrier adressé aux 40 000 élus. «Nous n’avons pas fait de relance téléphonique mais nous avons mobilisé nos présidents de fédération pour partir à la rencontre des parrains» indique Patrice Lefeu, en charge de la presse de la candidate des radicaux de gauche. «C’est la chaîne radicale qui s’est mis en œuvre et qui a consolidé les démarches écrites qui ont été lancées auprès des élus» ajoute-t-il.

Les élus ne sont pas encore déterminés à signer

Christine Boutin a affirmé, il y a quelques jours, avoir recueilli 400 soutiens, Christiane Taubira, 460, plus de 10% des promesses de signatures en faveur de cette dernière proviennent des départements et territoires d’outre-mer. Mais pour l’instant pour la député des Yvelines comme pour celle de Guyane, il ne s’agit que de promesses de signatures. En effet, le Conseil constitutionnel enverra à la fin du mois de février prochain, le formulaire officiel que chacun des élus devra retourner de son plein gré aux neuf sages pour un enregistrement officiel. «En attendant, nous avons préparé un formulaire spécifique qui fait mention des coordonnées de l’élu, pour qu’il nous retourne au plus vite par courrier à notre siège de campagne, sa réponse» explique Jean-Frédéric Poisson. Un bon moyen de pouvoir comptabiliser ses soutiens en cette période où ils sont très difficiles à obtenir et ainsi de pouvoir adapter sa stratégie de récolte de signatures.

En effet, nombre d’élus ne souhaitent pas s’engager car ils sont à la tête de liste municipale d’intérêt local et ne veulent à aucun prix politiser leur action et leur position. «Comme tous les autres candidats, nous pâtissons de cette situation» souligne le directeur de cabinet de Christine Boutin. Un avis que ne partage pas Patrice Lefeu qui estime que «c’est tout l’inverse». «Ce n’est pas une difficulté pour nous. Christiane Taubira a un discours concret (…) et c’est sur ces valeurs que les élus locaux peuvent adhérer (…). L’idée n’est pas de faire adhérer des élus à une logique de discipline de parti mais de les faire adhérer à un projet, des valeurs, des idées». Comme la campagne présidentielle n’a pas réellement commencé car ni Lionel Jospin, ni Jacques Chirac ne se sont encore officiellement déclarés, les élus semblent, comme les Français, en attente de tous les projets présidentiels pour enfin se déclarer et se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats. Patrice Lefeu réfute cet argument et affirme : «Je ne crois pas aujourd’hui que les élus locaux soient dans l’expectative insoutenable de la déclaration des deux grands candidats pour apporter leur soutien à tel ou tel candidat».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 31/01/2002