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France: présidentielle 2002

Attac s’invite dans le débat politique

A trois mois de l’élection présidentielle, l’association anti-mondialisation Attac (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens) s’est lancée dans le débat d’idées en présentant le 19 janvier, à Paris, son manifeste 2002 autour du slogan «Un autre monde possible». Pierre Khalfa, l’un des responsables du bureau national de l’association explique cet engagement.
RFI : En quoi consiste le manifeste 2002 ?
Pierre Khalfa : Il s’agit pour Attac d’être présente dans la campagne électorale mais pas directement puisque nous n’interpellerons pas les candidats mais plutôt la société française pour que les thèmes de lutte contre la mondialisation libérale ne soient pas oubliés dans ce débat. Il s’agit pour Attac, à travers des domaines que nous avons défrichés ces dernières années, de faire en sorte que nos revendications et nos exigences soient prises en compte par nos concitoyens et surtout de les alerter sur un certain nombre de problèmes comme les services publics, l’instauration de la taxe Tobin, les organismes génétiquement modifiés (OGM), la question des retraites, les conséquences de la libéralisation financière sur le développement ou encore la dette des pays du tiers-monde.

RFI : Pourquoi Attac s’immisce-t-elle dans la campagne électorale ?
PK : Nous pensons que théoriquement une campagne électorale doit être l’occasion de débattre de problèmes de fonds et nous espérons que cela sera le cas. Dans ce cadre là, une association comme Attac veut que des problèmes concernant l’avenir de notre société soit pris en compte. Nous ne sommes pas les seuls puisque le Medef (le patronat) a décidé lui aussi d’avancer son projet de société. Le nôtre est radicalement opposé à celui des patrons mais nous souhaitons vivement qu’il soit inclus dans le débat.

RFI : Revendiquez-vous un droit d’ingérence au nom de la société civile, tout comme le Medef ?
PK : Le terme de société civile est toujours ambigu. Nous n’avons pas la prétention de représenter la société civile mais nous essayons de représenter les intérêts et les revendications des mouvements sociaux qui aujourd’hui refusent que la logique financière l’emporte sur tous les terrains. Nous ne présenterons aucun candidat et nous n’appellerons à voter pour personne. Attac va simplement interpeller la société française pour éclairer ses choix et faire en sorte que les citoyens puissent se décider en toute connaissance de cause.

RFI : La mondialisation est un thème à la mode, repris par beaucoup de partis politiques. Qu’en pensez-vous ?
PK : D’un certain côté tout cela est très concluant. Plus d’hommes ou de partis politiques reprendront nos thèmes et répondront à nos préoccupations et mieux cela sera. Maintenant pour Attac, le problème fondamental n’est pas simplement une question de discours mais une question de faits et d’actes concrets. De ce point de vue là, nous verrons bien après les élections et quelque en soit le résultat si les mesures prises correspondent à notre discours. Je pense que nos idées trouvent un écho dans le monde politique puisqu’elles trouvent un écho dans l’opinion publique. C’est parce que les citoyens du monde occidental ont de plus en plus conscience des conséquences néfastes de la mondialisation libérale et qu’ils le font savoir que le monde politique s’empare du sujet.

RFI : Que pensez-vous de la venue au deuxième Forum social mondial à Porto Alegre, au Brésil, à la fin du mois, de candidats à la présidentielle comme Olivier Besancenot (LCR), Noël Mamère (les Verts) ou Jean-Pierre Chevènement (MDC) ?
PK : Chaque homme politique a le droit de faire ce qu’il veut. Je pense qu’il vaut mieux que ces trois candidats viennent à Porto Alegre plutôt que d’aller à New York au Forum de Davos pour discuter avec les représentants de la finance mondiale. Le problème pour Attac est moins une question de signe, d’apparence ou encore de discours que de prises de mesures concrètes.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 21/01/2002