France: présidentielle 2002
Lionel Jospin candidat «<i>probable</i>»
Le 5 décembre, lors d’une allocution télévisée sur France 2, Lionel Jospin, tout en défendant son bilan et en n’épargnant pas Jacques Chirac, s’est présenté pour la première fois, comme un candidat «probable» à la présidentielle de 2002.
Durant 45 minutes, le Premier ministre français, déterminé, dans un exercice parfois laborieux, a passé en revue une bonne partie de l’actualité nationale et internationale avant de faire un pas important vers sa candidature à l’élection présidentielle en évoquant longuement son «désir» de se lancer dans la course à l’Elysée. Si Lionel Jospin n’est pas encore officiellement candidat, pour la première fois, il n’a pas éludé la question sur ses intentions pour l’échéance cruciale de 2002 : «C’est une question ouverte» a-t-il répondu, reprenant ainsi le titre de l’émission dans laquelle il était invité. «Vous savez bien que c’est probable. En même temps, je pense que les Français et moi, nous pensons la même chose» a dit le Premier ministre tout en insistant sur le désir que doit susciter sa candidature : «la beauté du désir, c’est quand c’est réciproque» a-t-il lancé. Après cette déclaration, il s’agit maintenant pour le chef du gouvernement d’officialiser sa candidature qui ne sera effective qu’à la mi-février, selon le calendrier du Parti socialiste.
A l’inverse de quelques-unes de ses précédentes prestations télévisées où il était apparu crispé, Lionel Jospin a donné l’impression, cette fois-ci, d’être détendu allant même jusqu’à plaisanter. Pendant trois quarts d’heure, il a vigoureusement défendu le bilan de son action depuis 1997, mettant l’accent sur la baisse du chômage, les créations de postes dans la police et la justice, la lutte contre l’insécurité et la maîtrise des comptes publics. Concernant les retraites, il a justifié l’absence de décisions par le fait que le gouvernement d’Alain Juppé, son prédécesseur, avait «plombé le dossier». Par ailleurs, après avoir nié entretenir, sur le plan humain, des rapports tendus avec Jacques Chirac, il ne l’en a pas moins critiqué à plusieurs reprises, notamment dans le domaine de la politique étrangère et dans celui de la défense, qui relèvent des prérogatives du chef de l’Etat. Lionel Jospin a également adressé une autre pique plus sibylline à Jacques Chirac en s’exprimant sur sa conception du rôle du président de la République : «il doit donner des impulsions, des grandes orientations, il doit être un soutien pour le gouvernement et quand c’est nécessaire un arbitre partial de nos institutions». Au passage, il a critiqué un autre candidat, Jean-Pierre Chevènement dont il a dénoncé la «conception un peu nostalgique de la République». Sur la percée dans les sondages de son ancien ministre de l’Intérieur qui sera sans aucun doute son principal rival au premier tour du scrutin, il a estimé non sans ironie, qu’elle était «provisoire».
Des réactions mitigées
Du côté des candidats déclarés à gauche, les réactions ont été peu amènes pour la prestation de Lionel Jospin. Ainsi Jean-Pierre Chevènement (MDC) a trouvé la présentation du bilan du gouvernement «trop teintée d’autosatisfaction» considérant même que sur la perspective économique «le Premier ministre développe une vision excessivement optimiste, qu’appréciera l’ensemble du monde du travail qui craint pour son emploi». Le «Che» a toutefois concédé que c’était sur la politique étrangère que le chef du gouvernement avait été «le plus convaincant». Robert Hue (PCF) a, quant à lui, exprimé un «certain malaise» devant le bilan présenté : «il y a des choses qui sont bonnes mais il faut admettre qu’il y en a qui ne vont pas». Olivier Besancenot (LCR) a lui, estimé que le candidat probable du PS ne s’était enflammé qu’à une seule occasion, «celle où il a rappelé que les patrons n’ont pas à se plaindre de son action gouvernementale» déplorant toutefois : «pas de surprise pour le monde du travail : des pirouettes mais pas de cacahuètes !».
A droite, pour ceux qui porteront les couleurs de leur parti à la présidentielle, les commentaires ont été beaucoup plus durs. Alain Madelin (DL) a déclaré que le chef du gouvernement n’avait donné «aucune réponse» sur la question cruciale de la sécurité. Sur la candidature probable de ce dernier, il a jugé que «si l’objectif était de nous dire qu’il était probablement candidat, deux observations : premièrement, ce n’était pas un scoop, deuxièmement, une minute suffisait». Une position que partage également François Bayrou (UDF) : «cette annonce était tout sauf une surprise». Le candidat centriste a tenu à commenter avec virulence l’attitude du Premier ministre : «De qui se moque-t-on ? La France que Lionel Jospin décrit n’est pas celle que les Français vivent». Jean-Marie Le Pen (FN) a estimé que Lionel Jospin s’était empressé de «justifier des mesures superficielles» tout en minimisant «la crise grave qui atteint le corps d’élite de la gendarmerie» et concluant «bien que basketteur, Monsieur Jospin a tendance à botter en touche».
Lire également :
«Probable»
(L’Editorial de Geneviève Goëtzinger)
A l’inverse de quelques-unes de ses précédentes prestations télévisées où il était apparu crispé, Lionel Jospin a donné l’impression, cette fois-ci, d’être détendu allant même jusqu’à plaisanter. Pendant trois quarts d’heure, il a vigoureusement défendu le bilan de son action depuis 1997, mettant l’accent sur la baisse du chômage, les créations de postes dans la police et la justice, la lutte contre l’insécurité et la maîtrise des comptes publics. Concernant les retraites, il a justifié l’absence de décisions par le fait que le gouvernement d’Alain Juppé, son prédécesseur, avait «plombé le dossier». Par ailleurs, après avoir nié entretenir, sur le plan humain, des rapports tendus avec Jacques Chirac, il ne l’en a pas moins critiqué à plusieurs reprises, notamment dans le domaine de la politique étrangère et dans celui de la défense, qui relèvent des prérogatives du chef de l’Etat. Lionel Jospin a également adressé une autre pique plus sibylline à Jacques Chirac en s’exprimant sur sa conception du rôle du président de la République : «il doit donner des impulsions, des grandes orientations, il doit être un soutien pour le gouvernement et quand c’est nécessaire un arbitre partial de nos institutions». Au passage, il a critiqué un autre candidat, Jean-Pierre Chevènement dont il a dénoncé la «conception un peu nostalgique de la République». Sur la percée dans les sondages de son ancien ministre de l’Intérieur qui sera sans aucun doute son principal rival au premier tour du scrutin, il a estimé non sans ironie, qu’elle était «provisoire».
Des réactions mitigées
Du côté des candidats déclarés à gauche, les réactions ont été peu amènes pour la prestation de Lionel Jospin. Ainsi Jean-Pierre Chevènement (MDC) a trouvé la présentation du bilan du gouvernement «trop teintée d’autosatisfaction» considérant même que sur la perspective économique «le Premier ministre développe une vision excessivement optimiste, qu’appréciera l’ensemble du monde du travail qui craint pour son emploi». Le «Che» a toutefois concédé que c’était sur la politique étrangère que le chef du gouvernement avait été «le plus convaincant». Robert Hue (PCF) a, quant à lui, exprimé un «certain malaise» devant le bilan présenté : «il y a des choses qui sont bonnes mais il faut admettre qu’il y en a qui ne vont pas». Olivier Besancenot (LCR) a lui, estimé que le candidat probable du PS ne s’était enflammé qu’à une seule occasion, «celle où il a rappelé que les patrons n’ont pas à se plaindre de son action gouvernementale» déplorant toutefois : «pas de surprise pour le monde du travail : des pirouettes mais pas de cacahuètes !».
A droite, pour ceux qui porteront les couleurs de leur parti à la présidentielle, les commentaires ont été beaucoup plus durs. Alain Madelin (DL) a déclaré que le chef du gouvernement n’avait donné «aucune réponse» sur la question cruciale de la sécurité. Sur la candidature probable de ce dernier, il a jugé que «si l’objectif était de nous dire qu’il était probablement candidat, deux observations : premièrement, ce n’était pas un scoop, deuxièmement, une minute suffisait». Une position que partage également François Bayrou (UDF) : «cette annonce était tout sauf une surprise». Le candidat centriste a tenu à commenter avec virulence l’attitude du Premier ministre : «De qui se moque-t-on ? La France que Lionel Jospin décrit n’est pas celle que les Français vivent». Jean-Marie Le Pen (FN) a estimé que Lionel Jospin s’était empressé de «justifier des mesures superficielles» tout en minimisant «la crise grave qui atteint le corps d’élite de la gendarmerie» et concluant «bien que basketteur, Monsieur Jospin a tendance à botter en touche».
Lire également :
«Probable»
(L’Editorial de Geneviève Goëtzinger)
par Clarisse Vernhes
Article publié le 06/12/2001