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France: présidentielle 2002

François Bayrou se présente comme la «<i>relève</i>»

Le leader de l’UDF, malmené par les sondages, rêvait, il y a quelques mois d’incarner le «troisième homme» dans la course à l’Elysée. La réalité est tout autre : crédité de seulement 4% des intentions de vote, François Bayrou a officialisé sa candidature, avant de sortir son ouvrage «Relève» dès demain et d’être investi par son parti le week-end prochain.
C’est depuis le Parlement de Navarre, dans le Béarn, son fief électoral, que François Bayrou, installé derrière un pupitre placé dans le hall d’honneur contemporain du Conseil général, a annoncé officiellement, le 27 novembre, sa candidature à la présidentielle de 2002. Dans son allocution, le chef de file de l’UDF, a tenté de relancer sa campagne présidentielle, de réveiller des sondages désespérément plats depuis des mois et surtout de faire taire les critiques au sein de sa propre famille politique. Cet appel aux Français a été court - dix minutes - mais solennel. Entouré d’une vingtaine de parlementaires et s’exprimant sur fond de drapeaux français et européens, le député européen a déclaré : «J’ai la détermination et le courage de ce combat. Parce que je veux la relève pour la France, je présente ma candidature à la présidence de la République».

Confronté à des attaques, parfois virulentes, sur son positionnement de «troisième homme», venant paradoxalement de ceux qui soutiennent sa candidature - le président délégué de l’UDF, François de Charrette notamment -, François Bayrou a lâché du lest depuis quelques semaines. S’il renvoie toujours dos-à-dos Jacques Chirac et Lionel Jospin, «l’Etat RPR» et «l’Etat PS» et dénonce le «vaudeville» de la cohabitation, il s’affirme pourtant être clairement de droite. Ainsi pour calmer l’inquiétude grandissante des députés de sa formation politique, il a consenti récemment à ce que l’UDF entame des négociations avec le RPR et DL en vue d’investitures communes aux législatives de juin 2002.

Un livre pour justifier sa candidature

Ce mercredi, sort en librairie «Relève», un ouvrage de 200 pages essentiellement destiné à justifier sa candidature à l’élection présidentielle. Ecrit à la première personne, ce livre évoque ses origines de fils d’agriculteurs, sa famille, ses études, sa carrière, ses deux modèles en politique que sont Charles de Gaulle et Pierre Mendès-France mais surtout il explique en détail les raisons de son engagement dans la course à l’Elysée et son amour pour la France. «Je l’aime» a t-il même écrit. Le titre de l’ouvrage n’est pas innocent : «Relève» qui signifie un changement d’équipes mais également l’impératif du verbe relever n’est autre que le message fort de François Bayrou : «La France a besoin de se relever et pour cela il lui faut une relève». L’ancien ministre de l’Education entend ainsi «proposer aux Français, dans cette élection, une autre voie que celles que proposent les deux sortants, Jacques Chirac et Lionel Jospin».

Cet ouvrage devrait être suivi d’un second, un développement de son projet, en «février ou mars» prochains et qui devrait s’intituler «La France réunie». Dans quelques jours, pour appuyer sa candidature, 5 000 affiches représentant le candidat marchant en costume-cravate, dans une allée bordée d’arbres aux couleurs de l’automne devraient être apposées dans toute la France. Par ailleurs, François Bayrou qui devrait obtenir facilement le feu vert de l’UDF à sa candidature le 1er et 2 décembre, lors du Congrès du parti centriste, entend tout faire pour aller jusqu’au bout : «Rien ne m’arrêtera» a t-il récemment déclaré. Une opinion que certains membres de l’UDF sont loin de partager. Ainsi, Renaud Donnedieu de Vabres, proche de François Léotard - prédécesseur de François Bayrou à la tête de l’UDF et ancien ministre de la Défense -, a mis en garde le candidat centriste qui, selon le député d’Indre-et-Loire, «n’a pas le droit de décevoir, ni de ne pas faire réussir sa formation politique. Il y a un score minimum à faire (…) S’il ne décolle pas (dans les sondages), s’il ne trouve pas les mots justes, si sa candidature ne devient pas utile aux Français, il faudra qu’il soit lucide» en d’autres termes qu’il se retire de la course à l’Elysée.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 27/11/2001