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France: présidentielle 2002

Robert Hue, offensif, entre en campagne

Débarrassé du secrétariat national du Parti communiste français (PCF), Robert Hue -désormais président du parti- dans le discours de clôture du 31e congrès du PCF, s'est lancé dans la bataille présidentielle. Il a notamment affiché son ambition de rassembler les communistes et «bien au-delà tous ceux qui veulent faire entendre leur exigence d'une autre politique à gauche».
C'est un Robert Hue soulagé de la charge du PCF et à l'appétit retrouvé qui a montré les dents, le 28 octobre, à l'occasion du discours de clôture du 31e congrès du parti communiste , apparu comme son premier discours de campagne pour l'élection présidentielle de 2002. Il a tout de suite planté le décor et a prévenu qu'il ne serait pas un candidat «de témoignage» servant uniquement à assurer «l'élection du candidat socialiste», au second tour de la présidentielle. De plus, alors que sa candidature a été plébiscitée par 95,9% des délégués communistes présents au 31e congrès, il a affiché son ambition de ramener les militants et les électeurs vers un parti qu'ils ont délaissé tout en rassemblant «bien au-delà». En outre, le candidat communiste qui est seulement crédité de 5% des intentions de vote par les sondages espère créer la surprise au printemps prochain en jetant les bases d'une «autre politique à gauche».

Dans son discours particulièrement offensif de près d'une heure, le député du Val d'Oise a reconnu que «l'élection présidentielle n'est jamais facile» pour son parti mais aussi pour celui qui en porte les couleurs. Robert Hue dont ce sera la deuxième campagne -il avait obtenu en 1995, 8,64% des suffrages- s'est cependant dit convaincu qu'un «espace lui est ouvert». «Nous sommes aujourd'hui en mesure de peser véritablement pour faire progresser une autre vision de la mondialisation (à) pour donner aux questions de la démocratie et de la citoyenneté toutes leurs dimensions et montrer concrètement qu'elles sont les conditions d'une autre politique et d'une autre façon de faire la politique» a-t-il déclaré, lançant ainsi les bases de son programme électoral. Robert Hue a insisté, une fois encore, pour apparaître comme le candidat antimondialisation, refusant de laisser ce thème dans les mains de l'extrême gauche. Il s'est également livré à une critique en règle du capitalisme et du «diktat libéral» plaidant pour une «fiscalité plus juste, une autre conception du crédit» et a insisté sur les «devoirs des grands groupes financiers envers la nation».

Dissuader et amadouer les électeurs

Tenant également à se démarquer de ses partenaires de la gauche plurielle, il a, sans les nommer, ironisé sur les candidats à la présidentielle : Jean-Pierre Chevènement et Noël Mamère. Une menace qu'il a prise à bras le corps en émettant des propositions tous azimuts destinées à enrayer une possible hémorragie des électeurs communistes vers ses deux rivaux. En effet, Robert Hue se heurte à la concurrence de Noël Mamère, nouveau prétendant des Verts, qui veut faire du mouvement écologiste la seconde force de la gauche plurielle, mais aussi de l'extrême gauche, Arlette Laguiller en tête, qui ne cesse de mordre sur son électorat. Seulement, le vrai danger pour lui vient de la percée de Jean-Pierre Chevènement, candidat du Mouvement des citoyens (MDC) à l'Elysée, qui, s'il réalisait un score voisin de 10% au premier tour, en avril prochain, perturberait l'équilibre de la gauche plurielle.

Les propos de Robert Hue à l'encontre de Jean-Pierre Chevènement et de Noël Mamère ont été assez durs. Il s'est moqué du premier qui «quels que soient aujourd'hui ses accents gaulliens, retournera demain au bercail socialiste» et du second «dont les coups de gueule irrévocables sont suffisamment dosés pour ne jamais couper les ponts avec le grand frère socialiste». Réclamant des «moyens humains et matériels considérables» pour «assurer aujourd'hui les missions de prévention et de répression de la police et de la justice», il n'a ainsi pas hésité à s'emparer du thème de la sécurité, pour se différencier plus encore de ses deux rivaux.

S'il réalise un score honorable, Robert Hue pourra continuer à peser sur le parti communiste et prétendre à un poste de ministre en cas de victoire du candidat socialiste au second tour. En revanche, en cas d'échec, les cadres du PCF pourraient inviter la nouvelle secrétaire nationale, Marie-George Buffet, à prendre les rênes du mouvement.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 29/10/2001