France: présidentielle 2002
Noël Mamère chasse Alain Lipietz
Au début du week-end, Noël Mamère affirmait sa décision «irrévocable» de ne pas porter les couleurs des Verts à la présidentielle. Vingt-quatre heures plus tard, après avoir changé d'avis et accepté finalement d'être le candidat des écologistes à la course à l'Elysée, il était officiellement investi.
«Rien ne pourra me faire changer d'avis» affirmait samedi au journal Le Monde, Noël Mamère en annonçant son «irrévocable» décision de ne pas être le candidat des Verts à l'élection présidentielle de 2002. Brisant un mutisme de près de 15 jours, le député semait ainsi la panique dans son parti. Dimanche, le député-maire de Bègles (Gironde) opérait un revirement de situation inédit au sein du parti écologiste en acceptant d'entrer dans la course à l'Elysée, après une partie de la nuit à discuter avec ses partisans et une journée à négocier avec la secrétaire nationale, Dominique Voynet. Une volte-face révélatrice de la confusion dans laquelle le mouvement se débat depuis déjà plusieurs mois. Revenant sur ce revirement de situation, Noël Mamère a évoqué ce lundi matin sur RFI son entretien avec Dominique Voynet : «Elle m'a répété que si je n'étais pas candidat, il n'y aura pas de candidat des verts, elle ne faisait pas de surenchère en disant cela». Dimanche, Noël Mamère avait déjà fait son mea culpa en déclarant : «Je dis avec modestie que l'on peut se tromper, que l'on peut douter, que l'on peut être ébranlé (à) C'est ce qui m'est arrivé. En même temps, j'ai conscience que dans les circonstances actuelles, je ne suis pas le plus mal placé pour porter la parole des Verts et pour la diffuser dans l'ensemble de la société».
Tout s'est donc joué ce week-end, lors du Conseil national des Verts -le parlement du parti- qui a destitué Alain Lipietz par 29 voix contre 70 pour Noël Mamère. Un résultat traduisant le désaveu du polytechnicien, pourtant choisi par les militants écologistes en juin dernier. Les Verts se sont donc débarrassés d'Alain Lipietz, devenu encombrant depuis ses déclarations en août en faveur d'une amnistie en Corse, même pour les auteurs de crime de sang. Mais une fois encore, les militants seront appelés à se prononcer afin de ratifier le choix du Conseil national. Les résultats devraient être connus d'ici deux semaines.
Les réactions des courants Verts
Cette investiture en forme de camouflet pour Dominique Voynet ne l'a cependant pas empêché de déclarer que Noël Mamère «bénéficiera de notre soutien sans réserve et de la mobilisation de tous les Verts». Quant à Alain Lipietz, le grand perdant de ce week-end, il a promis de soutenir «bien entendu» Noël Mamère en ajoutant toutefois : «Tout le monde a conscience que, cette fois, il faut se serrer les coudes. J'espère que ça bénéficiera au nouveau candidat (à) Chacun a conscience que savonner la planche du voisin n'est pas la meilleure solution». Le député Vert européen, Daniel Cohn-Bendit s'est dit «satisfait que les Verts aient la possibilité de sortir du trou (à) Noël Mamère a une chance très forte d'incarner quelque chose de nouveau parce qu'il est très pédagogique, parce qu'il explique très bien aux électeurs ce que seront les grands défis de demain». Un avis que ne partage absolument pas l'ancien ministre de l'Environnement et actuel président de Génération écologie, Brice Lalonde, qui a estimé que «le parti Vert allait de mal en pis» tout en qualifiant son nouveau candidat de «beau parleur de la politique politicienne» et se demandant même «Où était l'écologie dans tout ça ?»
Pour le parti socialiste, cette nouvelle candidature est une aubaine. Le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner a ironisé, dimanche que «les meilleurs choses ont une fin» tout en saluant son «copain» Noël Mamère estimant qu'il lui faudra «du tempérament, il en a et de l'invention, il n'en manque pas» pour mener sa campagne. Vincent Peillon, le porte-parole du PS s'est félicité de cette désignation mais a tout de même déclaré que les Verts avaient désormais «six mois pour se relancer». Arlette Laguiller, candidate de Lutte Ouvrière à la présidentielle a commenté la situation : «Que ce soit Lipietz ou Mamère, j'ai envie de juger la politique des Verts ( à) Ils participent au gouvernement Jospin, au gouvernement de la gauche plurielle et à ce titre, finalement ils cautionnent une politique anti-ouvrière, pro-patronale».
Il reste maintenant six mois au nouveau candidat des Verts pour prouver aux électeurs français, qui affichent, depuis quelques temps, de plus en plus de sensibilités et de choix écologistes dans leur mode de vie, qu'il mène un mouvement capable de maturité politique. Mais Noël Mamère aura également la délicate mission, dès lors sa confirmation par les militants, de redresser l'image et la crédibilité de son organisation et de ses responsables singulièrement entamées par des semaines d'affrontements et de controverses.
Lire également :
Le happening Mamère
(Chronique de Geneviève Goëtzinger)
Tout s'est donc joué ce week-end, lors du Conseil national des Verts -le parlement du parti- qui a destitué Alain Lipietz par 29 voix contre 70 pour Noël Mamère. Un résultat traduisant le désaveu du polytechnicien, pourtant choisi par les militants écologistes en juin dernier. Les Verts se sont donc débarrassés d'Alain Lipietz, devenu encombrant depuis ses déclarations en août en faveur d'une amnistie en Corse, même pour les auteurs de crime de sang. Mais une fois encore, les militants seront appelés à se prononcer afin de ratifier le choix du Conseil national. Les résultats devraient être connus d'ici deux semaines.
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Cette investiture en forme de camouflet pour Dominique Voynet ne l'a cependant pas empêché de déclarer que Noël Mamère «bénéficiera de notre soutien sans réserve et de la mobilisation de tous les Verts». Quant à Alain Lipietz, le grand perdant de ce week-end, il a promis de soutenir «bien entendu» Noël Mamère en ajoutant toutefois : «Tout le monde a conscience que, cette fois, il faut se serrer les coudes. J'espère que ça bénéficiera au nouveau candidat (à) Chacun a conscience que savonner la planche du voisin n'est pas la meilleure solution». Le député Vert européen, Daniel Cohn-Bendit s'est dit «satisfait que les Verts aient la possibilité de sortir du trou (à) Noël Mamère a une chance très forte d'incarner quelque chose de nouveau parce qu'il est très pédagogique, parce qu'il explique très bien aux électeurs ce que seront les grands défis de demain». Un avis que ne partage absolument pas l'ancien ministre de l'Environnement et actuel président de Génération écologie, Brice Lalonde, qui a estimé que «le parti Vert allait de mal en pis» tout en qualifiant son nouveau candidat de «beau parleur de la politique politicienne» et se demandant même «Où était l'écologie dans tout ça ?»
Pour le parti socialiste, cette nouvelle candidature est une aubaine. Le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner a ironisé, dimanche que «les meilleurs choses ont une fin» tout en saluant son «copain» Noël Mamère estimant qu'il lui faudra «du tempérament, il en a et de l'invention, il n'en manque pas» pour mener sa campagne. Vincent Peillon, le porte-parole du PS s'est félicité de cette désignation mais a tout de même déclaré que les Verts avaient désormais «six mois pour se relancer». Arlette Laguiller, candidate de Lutte Ouvrière à la présidentielle a commenté la situation : «Que ce soit Lipietz ou Mamère, j'ai envie de juger la politique des Verts ( à) Ils participent au gouvernement Jospin, au gouvernement de la gauche plurielle et à ce titre, finalement ils cautionnent une politique anti-ouvrière, pro-patronale».
Il reste maintenant six mois au nouveau candidat des Verts pour prouver aux électeurs français, qui affichent, depuis quelques temps, de plus en plus de sensibilités et de choix écologistes dans leur mode de vie, qu'il mène un mouvement capable de maturité politique. Mais Noël Mamère aura également la délicate mission, dès lors sa confirmation par les militants, de redresser l'image et la crédibilité de son organisation et de ses responsables singulièrement entamées par des semaines d'affrontements et de controverses.
Lire également :
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(Chronique de Geneviève Goëtzinger)
par Clarisse Vernhes
Article publié le 15/10/2001