France: présidentielle 2002
La prudence de la classe politique
Depuis le 11 septembre, les attentats perpétrés aux Etats-Unis ont totalement éclipsé la course à l'Elysée. Les candidats déclarés et la classe politique française restent prudents quant à l'attitude à adopter. Seul reste visible le tandem Chirac-Jospin qui gère la crise et se partage les tâches : la responsabilité des armées pour l'un, la défense nationale pour l'autre.
Une semaine jour pour jour après les attentats anti-américains, le président français sera demain mardi 18 septembre, le premier chef d'Etat étranger à s'entretenir à Washington avec le président américain, avant de se rendre le lendemain à New York. Le déplacement de Jacques Chirac était prévu de longue date : il devait participer au sommet des Nations unies sur les droits de l'enfant, annulé depuis les événements tragiques survenus le 11 septembre dernier. Le chef de l'Etat réaffirmera lors de ce voyage la solidarité de la France dans la lutte internationale contre le terrorisme tout en plaidant la prudence sur la riposte militaire à mettre en oeuvre dans les prochains jours. Peu après les événements, Jacques Chirac avait accordée une interview à CNN où il avait déclaré que la France «sera aux côtés des Etats-Unis quand il s'agira de sanctionner cette folie meurtrière» mais il avait également ajouté que chaque allié devait cependant conserver son libre arbitre sur la nature de la riposte à appliquer.
A huit mois de l'élection présidentielle, ce voyage donne à Jacques Chirac l'occasion de se mettre en avant non seulement sur la scène internationale mais aussi sur la scène politique intérieure dans les domaines de sa compétence (chef des armées) face au Premier ministre Lionel Jospin. Si la cohabitation a bien fonctionné face à la crise, on n'en a pas moins assisté à une compétition d'images au sommet de l'Etat français. Le Premier ministre français a en effet été le plus rapide en annonçant lui-même, avant un Conseil restreint, la réactivation du plan Vigipirate et dès le lendemain de l'intervention présidentielle télévisée, il a invité, à son tour, les caméras à Matignon. Selon un sondage Ifop publié dimanche dans le Journal du Dimanche, 84% des Français accordent leur confiance à Jacques Chirac pour gérer la crise internationale tandis que 78% l'accordent à Lionel Jospin.
Une classe politique soudée
Contrairement aux événements de la guerre du Golfe ou encore plus récemment au Kosovo, les hommes politiques français ont tenu une même ligne de conduite : faire la guerre aux terroristes mais pas n'importe comment. Au gouvernement, Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères a estimé «qu'il fallait éviter que cette immense tragédie ne conduise à un choc des civilisations (à) une sorte d'affrontement effrayant entre le monde occidental et le monde arabo-musulman». La ministre de la Justice, Marylise Lebranchu a appelé à «ne pas se tromper entre vengeance et justice» faisant valoir que tout cela «serait dangereux pour l'avenir» alors qu'Alain Richard, ministre de la Défense, rappelait que la France doit fixer ses décisions «en fonction des intérêts supérieurs du pays (à) en cherchant à gagner sur l'objectif de la sécurité à long terme et pas seulement faire un coup immédiat».
Dans l'opposition comme dans la majorité, tous se sont accordés à dire que la riposte était nécessaire mais qu'elle devait par ailleurs être adaptée et appropriée. François Hollande, premier secrétaire du PS, a rappelé que la France devait «garder son identité et sa singularité». Les anciens Premiers ministres de droite (RPR), Edouard Balladur et Alain Juppé ont déclaré que leur formation politique était aux côtés des Américains mais qu'il ne fallait pas «lancer une quelconque croisade de l'Occident contre le monde arabo-musulman dans son ensemble». Du côté des candidats déclarés ou potentiels à la présidentielle de 2002, Alain Madelin, candidat de Démocratie libérale (DL) a été le seul à afficher une position clairement atlantiste : «L'objectif de la riposte est clair : vous voulez nous terroriser, vous avez échoué. Nous avons ouvert les yeux. Nous sommes déterminés et solidaires». Charles Pasqua, président du Rassemblement pour la France (RPF) s'est interrogé sur le report de l'élection présidentielle «pour permettre à l'unité nationale de se manifester». Jean-Pierre Chevènement, le candidat souverainiste s'est contenté de demander, au lendemain du drame, le report de l'introduction de l'euro afin «de ne pas contribuer à brouiller les repères». Robert Hue, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) a estimé qu'il fallait être derrière le tandem Chirac-Jospin alors qu'Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière (LO) affirmait que la crise opposait tout simplement «un homme de droite dur et ferme» George W. Bush, à «un criminel réactionnaire», Oussama ben Laden.
A l'exception du PCF et du Mouvement pour la France (MPF) qui estiment que la riposte aux attaques terroristes doit passer par le Conseil de sécurité de l'ONU, la position française fait l'unanimité dans la classe politique et dans l'opinion publique. Selon un sondage Ipsos, 68% des Français sont favorables à une participation de la France à une éventuelle riposte militaire contre 21% des personnes interrogées qui y sont hostiles.
Lire également:
Jacques Chirac et l'opinion française
(Chronique de Geneviève Goëtzinger).
A huit mois de l'élection présidentielle, ce voyage donne à Jacques Chirac l'occasion de se mettre en avant non seulement sur la scène internationale mais aussi sur la scène politique intérieure dans les domaines de sa compétence (chef des armées) face au Premier ministre Lionel Jospin. Si la cohabitation a bien fonctionné face à la crise, on n'en a pas moins assisté à une compétition d'images au sommet de l'Etat français. Le Premier ministre français a en effet été le plus rapide en annonçant lui-même, avant un Conseil restreint, la réactivation du plan Vigipirate et dès le lendemain de l'intervention présidentielle télévisée, il a invité, à son tour, les caméras à Matignon. Selon un sondage Ifop publié dimanche dans le Journal du Dimanche, 84% des Français accordent leur confiance à Jacques Chirac pour gérer la crise internationale tandis que 78% l'accordent à Lionel Jospin.
Une classe politique soudée
Contrairement aux événements de la guerre du Golfe ou encore plus récemment au Kosovo, les hommes politiques français ont tenu une même ligne de conduite : faire la guerre aux terroristes mais pas n'importe comment. Au gouvernement, Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères a estimé «qu'il fallait éviter que cette immense tragédie ne conduise à un choc des civilisations (à) une sorte d'affrontement effrayant entre le monde occidental et le monde arabo-musulman». La ministre de la Justice, Marylise Lebranchu a appelé à «ne pas se tromper entre vengeance et justice» faisant valoir que tout cela «serait dangereux pour l'avenir» alors qu'Alain Richard, ministre de la Défense, rappelait que la France doit fixer ses décisions «en fonction des intérêts supérieurs du pays (à) en cherchant à gagner sur l'objectif de la sécurité à long terme et pas seulement faire un coup immédiat».
Dans l'opposition comme dans la majorité, tous se sont accordés à dire que la riposte était nécessaire mais qu'elle devait par ailleurs être adaptée et appropriée. François Hollande, premier secrétaire du PS, a rappelé que la France devait «garder son identité et sa singularité». Les anciens Premiers ministres de droite (RPR), Edouard Balladur et Alain Juppé ont déclaré que leur formation politique était aux côtés des Américains mais qu'il ne fallait pas «lancer une quelconque croisade de l'Occident contre le monde arabo-musulman dans son ensemble». Du côté des candidats déclarés ou potentiels à la présidentielle de 2002, Alain Madelin, candidat de Démocratie libérale (DL) a été le seul à afficher une position clairement atlantiste : «L'objectif de la riposte est clair : vous voulez nous terroriser, vous avez échoué. Nous avons ouvert les yeux. Nous sommes déterminés et solidaires». Charles Pasqua, président du Rassemblement pour la France (RPF) s'est interrogé sur le report de l'élection présidentielle «pour permettre à l'unité nationale de se manifester». Jean-Pierre Chevènement, le candidat souverainiste s'est contenté de demander, au lendemain du drame, le report de l'introduction de l'euro afin «de ne pas contribuer à brouiller les repères». Robert Hue, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) a estimé qu'il fallait être derrière le tandem Chirac-Jospin alors qu'Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière (LO) affirmait que la crise opposait tout simplement «un homme de droite dur et ferme» George W. Bush, à «un criminel réactionnaire», Oussama ben Laden.
A l'exception du PCF et du Mouvement pour la France (MPF) qui estiment que la riposte aux attaques terroristes doit passer par le Conseil de sécurité de l'ONU, la position française fait l'unanimité dans la classe politique et dans l'opinion publique. Selon un sondage Ipsos, 68% des Français sont favorables à une participation de la France à une éventuelle riposte militaire contre 21% des personnes interrogées qui y sont hostiles.
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(Chronique de Geneviève Goëtzinger).
par Clarisse Vernhes
Article publié le 17/09/2001