France: présidentielle 2002
Lionel Jospin sans élan
Lors de sa rentrée télévisée, mardi soir sur TF1, Lionel Jospin a voulu adresser un message de confiance aux Français. Le Premier ministre, professoral, n'a pas fait d'annonce particulière, hormis l'assouplissement du passage aux 35 heures. Une intervention télévisée qui n'a visiblement pas convaincu la majorité plurielle.
Mardi soir, le Premier ministre socialiste a choisi la télévision pour renouer le dialogue avec les Français, à huit mois de la présidentielle. Pour la première fois depuis son arrivée à Matignon, en 1997, Lionel Jospin n'a pas fait sa rentrée officielle à l'université d'été du PS à La Rochelle. Refusant de répondre aux questions sur ses ambitions présidentielles arguant que «la question trouvera naturellement sa réponse le moment venu», il a manifesté sa volonté de poursuivre sa politique entamée il y a un peu plus de quatre ans.
Abordant principalement l'actualité économique et sociale, le chef du gouvernement a rappelé ses priorités : la lutte contre le chômage, contre l'insécurité, contre les inégalités. Volontairement rassurant, le chef de la majorité a noté que le ralentissement économique était moins fort en France que dans les pays voisins. Une nouvelle fois, il a attribué cet état de fait à la politique de son gouvernement présentée comme «juste économiquement». Pas question donc de remettre en question le programme de baisse des impôts dans le budget 2002, ni de créer de nouveaux impôts, ni d'ailleurs de ne plus être vigilant concernant le chômage. Le Premier ministre s'est également efforcé de rassurer les patrons d'entreprises de moins de 20 salariés, préoccupés par l'application du passage aux 35 heures, en annonçant que le gouvernement avait l'intention «d'assouplir les conditions» de ce passage. S'agissant de l'inquiétude particulière de l'opinion publique liée au passage à l'euro au 1er janvier 2002, il a promis une «double vigilance» sur les prix et sur la sécurité.
L'hôte de Matignon a employé le même ton rassurant sur l'autre grande préoccupation des Français : l'insécurité. Alors que le Président de la République avait parlé, le 14 juillet lors de son allocution télévisée, d'une «espèce de déferlante» et l'avait accusé de manquer de volonté, Lionel Jospin a fait preuve d'optimisme en se disant convaincu que le gouvernement «allait gagner la bataille de l'insécurité». Très attendu également sur le dossier corse après l'assassinat de François Santoni et le débat au sein des Verts sur l'amnistie des prisonniers, il s'est montré déterminé tout en réaffirmant le cap de sa politique : lutte contre la violence et dialogue avec les élus de l'île, en appelant toutefois les nationalistes à «l'adieu aux armes».
Vives réactions politiques
Fidèle à son image, didactique et pédagogue, Lionel Jospin n'a pas suscité l'enthousiasme, loin de là. Au sein de la majorité plurielle, il n'y a guère que le parti socialiste pour lui accorder un franc soutien. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a encensé le Premier ministre : «Les Français peuvent être confiants, il y a à la tête de l'Etat un vrai capitaine, lucide, expérimenté et déterminé sur la route à poursuivre». Michel Sapin, ministre de la Fonction publique l'a trouvé : «lucide, pédagogique, volontaire et convaincant» tout comme Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG). Les autres réactions à gauche sont allées du soutien sans enthousiasme à la critique sévère. Si Alain Lipietz, candidat des Verts à la présidentielle de 2002 a estimé que l'intervention de Lionel Jospin relevait avant tout de «l'explication de texte», Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur, a jugé que «ce que propose le Premier ministre n'est pas à la hauteur des problèmes posés». Le Parti communiste a, quant à lui, estimé que ses «propos confirment le décalage persistant entre ses intentions et les attentes des Français». Sur le thème de la Corse, largement abordé lors de son allocation, Emile Zuccarelli, l'ancien ministre de la Fonction publique et maire PRG de Bastia a noté que «le gouvernement ne pourra pas différer éternellement la consultation de la population insulaire sur le processus en cours».
A droite, personne ne s'est vraiment privé de fustiger en bonne et due forme la prestation du Premier ministre. Pour Christine Boutin, apparentée UDF et candidate à la course à l'Elysée : «Le Premier ministre n'a, à aucun moment, pu répondre aux attentes des Français». Hervé de Charrette, président délégué de l'UDF, a estimé que «la cinquième rentrée politique de Lionel Jospin aura été à l'image des précédentes : ratée. Il s'est borné à des constats d'impuissance». Pour Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR, le chef du gouvernement «s'est montré empêtré dans l'échec de sa politique» alors que Philippe de Villiers, président du MPF qualifiait son allocution de mauvaise disant même que Lionel Jospin «est apparu tendu comme une corde à piano». Pour Charles Pasqua, président du RPF, «le Premier ministre a fait le catalogue des impuissances de l'exécutif. Il s'est montré usé et sans ressort, ne montrant ni les qualités d'un chef de gouvernement ni celles d'un candidat aux plus hautes fonctions de l'Etat». Enfin, Bruno Mégret, président du MNR s'est déclaré «scandalisé de l'impuissance de Lionel Jospin face à la montée de l'insécurité».
Le Premier ministre qui n'a pas été interrogé sur les nouvelles dissensions au sein de la majorité plurielle, devrait réaffirmer dimanche, lors de l'université d'été du PS à La Rochelle, la nécessité de la cohésion de la majorité face à la droite.
Abordant principalement l'actualité économique et sociale, le chef du gouvernement a rappelé ses priorités : la lutte contre le chômage, contre l'insécurité, contre les inégalités. Volontairement rassurant, le chef de la majorité a noté que le ralentissement économique était moins fort en France que dans les pays voisins. Une nouvelle fois, il a attribué cet état de fait à la politique de son gouvernement présentée comme «juste économiquement». Pas question donc de remettre en question le programme de baisse des impôts dans le budget 2002, ni de créer de nouveaux impôts, ni d'ailleurs de ne plus être vigilant concernant le chômage. Le Premier ministre s'est également efforcé de rassurer les patrons d'entreprises de moins de 20 salariés, préoccupés par l'application du passage aux 35 heures, en annonçant que le gouvernement avait l'intention «d'assouplir les conditions» de ce passage. S'agissant de l'inquiétude particulière de l'opinion publique liée au passage à l'euro au 1er janvier 2002, il a promis une «double vigilance» sur les prix et sur la sécurité.
L'hôte de Matignon a employé le même ton rassurant sur l'autre grande préoccupation des Français : l'insécurité. Alors que le Président de la République avait parlé, le 14 juillet lors de son allocution télévisée, d'une «espèce de déferlante» et l'avait accusé de manquer de volonté, Lionel Jospin a fait preuve d'optimisme en se disant convaincu que le gouvernement «allait gagner la bataille de l'insécurité». Très attendu également sur le dossier corse après l'assassinat de François Santoni et le débat au sein des Verts sur l'amnistie des prisonniers, il s'est montré déterminé tout en réaffirmant le cap de sa politique : lutte contre la violence et dialogue avec les élus de l'île, en appelant toutefois les nationalistes à «l'adieu aux armes».
Vives réactions politiques
Fidèle à son image, didactique et pédagogue, Lionel Jospin n'a pas suscité l'enthousiasme, loin de là. Au sein de la majorité plurielle, il n'y a guère que le parti socialiste pour lui accorder un franc soutien. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a encensé le Premier ministre : «Les Français peuvent être confiants, il y a à la tête de l'Etat un vrai capitaine, lucide, expérimenté et déterminé sur la route à poursuivre». Michel Sapin, ministre de la Fonction publique l'a trouvé : «lucide, pédagogique, volontaire et convaincant» tout comme Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG). Les autres réactions à gauche sont allées du soutien sans enthousiasme à la critique sévère. Si Alain Lipietz, candidat des Verts à la présidentielle de 2002 a estimé que l'intervention de Lionel Jospin relevait avant tout de «l'explication de texte», Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur, a jugé que «ce que propose le Premier ministre n'est pas à la hauteur des problèmes posés». Le Parti communiste a, quant à lui, estimé que ses «propos confirment le décalage persistant entre ses intentions et les attentes des Français». Sur le thème de la Corse, largement abordé lors de son allocation, Emile Zuccarelli, l'ancien ministre de la Fonction publique et maire PRG de Bastia a noté que «le gouvernement ne pourra pas différer éternellement la consultation de la population insulaire sur le processus en cours».
A droite, personne ne s'est vraiment privé de fustiger en bonne et due forme la prestation du Premier ministre. Pour Christine Boutin, apparentée UDF et candidate à la course à l'Elysée : «Le Premier ministre n'a, à aucun moment, pu répondre aux attentes des Français». Hervé de Charrette, président délégué de l'UDF, a estimé que «la cinquième rentrée politique de Lionel Jospin aura été à l'image des précédentes : ratée. Il s'est borné à des constats d'impuissance». Pour Patrick Devedjian, conseiller politique du RPR, le chef du gouvernement «s'est montré empêtré dans l'échec de sa politique» alors que Philippe de Villiers, président du MPF qualifiait son allocution de mauvaise disant même que Lionel Jospin «est apparu tendu comme une corde à piano». Pour Charles Pasqua, président du RPF, «le Premier ministre a fait le catalogue des impuissances de l'exécutif. Il s'est montré usé et sans ressort, ne montrant ni les qualités d'un chef de gouvernement ni celles d'un candidat aux plus hautes fonctions de l'Etat». Enfin, Bruno Mégret, président du MNR s'est déclaré «scandalisé de l'impuissance de Lionel Jospin face à la montée de l'insécurité».
Le Premier ministre qui n'a pas été interrogé sur les nouvelles dissensions au sein de la majorité plurielle, devrait réaffirmer dimanche, lors de l'université d'été du PS à La Rochelle, la nécessité de la cohésion de la majorité face à la droite.
par Clarisse Vernhes
Article publié le 29/08/2001