Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France: présidentielle 2002

Qui captera les voix des anti-mondialistes ?

A quelques mois des échéances électorales de 2002 et après le sommet du G8 à Gênes (Italie), en juillet dernier, les partis politiques français s'interrogent et se divisent sur la position à adopter concernant la mondialisation.
Les responsables politiques français prennent conscience, depuis quelque temps, de l'ampleur que prend chaque jour un peu plus l'adhésion d'une partie de l'électorat au thème de l'anti-mondialisation. C'est Jacques Chirac qui, le premier, au sommet du G8 à Gênes, en juillet dernier, a appelé à écouter le mouvement des manifestants. De retour à Paris, le chef de l'Etat a même commencé à recevoir à l'Elysée certains responsables politiques de droite pour convenir d'une stratégie. Un exercice difficile quand on sait que les hommes en question ne sont pas tous d'accord sur la ligne à adopter.

De son côté, Vincent Peillon, porte-parole du Parti socialiste expliquait, récemment dans Le Nouvel Observateur, hebdomadaire classé à gauche, que les valeurs des manifestants anti-mondialisation étaient partagées par son parti. «Nous aurions dû être à Gênes», a-t-il reconnu «parce que les valeurs que défendent ces manifestants sont les nôtres». Des propos qui ont heurté certains ténors de son mouvement qui les ont jugés prématurés et radicaux. De toute évidence, le PS essaie de trouver une position entre le RPR et les Verts, ces derniers toujours médiatiquement présents aux côtés de José Bové, figure emblématique française des anti-mondialistes. Pour preuve, Lionel Jospin devrait reprendre dès septembre ses réunions avec les Organisations non gouvernementales et les associations : ATTAC, Confédération paysanne, etcà présentes lors des derniers grands rendez-vous internationaux tels la réunion de l'OMC à Seattle en décembre 1999, le sommet européen de Göteborg en juin ou encore le sommet du G8 à Gênes en juillet dernier. Le gouvernement français aura aussi l'occasion, lors de la réunion Ecofin (réunion des ministres européens de l'Economie et des Finances) des 22 et 23 septembre prochains à Liège (Belgique) dont le thème principal est la taxe Tobin, de préciser ses positions.

Les jeunes électeurs convoités

A l'approche d'élections importantes au printemps prochain, cette soudaine prise de conscience des hommes politiques peut s'expliquer notamment par la volonté de trouver un thème rassembleur qui pourrait être l'un des points d'orgue de leur programme présidentiel notamment en matière d'économie et de politique étrangère. Mais il apparaît aussi très clairement, que la force de la mobilisation des jeunes électeurs et la popularité de leur lutte dans l'opinion font réfléchir les partis politiques traditionnels. Alors que dans les années 90, certains hommes politiques comme Alain Madelin de Démocratie libérale, par exemple, prônait un libéralisme à tout prix, il adopte maintenant une position moins tranchée et s'évertue de l'adoucir même si elle reste la clé de voûte de son programme électoral de 2002.

Les anti-mondialistes qui peuvent aussi parfois être très gênants pour la classe politique, sont devenus incontournables sur la scène politique et économique française. En témoigne la position du gouvernement Jospin face à José Bové, le leader de la Confédération paysanne. Sur la question de la politique agricole, les dossiers qui les opposent sont de plus en plus sensibles : abattage des troupeaux en cas de découverte d'un cas d'ESB, OGM, etc... Autant de sujets importants aux yeux de l'opinion et qui pourraient nourrir le débat électoral des prochains mois.

Alors que les hommes politiques tentent de répondre à l'inquiétude des Français face à la mondialisation, les associations opposées à l'ultra libéralisme cherchent, de leur côté, à tirer profit de cette prise de conscience en multipliant leurs actions spectaculaires. Cependant, il apparaît, selon de récents sondages, que les mouvements politiques les mieux placés pour récolter les suffrages de ces derniers sont incontestablement les partis d'extrême gauche et d'extrême droite. La globalisation de l'économie, le retournement de la conjoncture, la remontée du chômage, la mise en place de la monnaie unique européenne, l'explosion de la délinquance, etcà pourraient nuire aux candidats du PS et du RPR, qui ont tour à tour exercé le pouvoir politique et ainsi leur faire perdre des suffrages, dès le premier tour de la présidentielle.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 15/08/2001