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France: présidentielle 2002

Les petits candidats cherchent des voix

Pour contrer les principaux candidats qu'ils considèrent comme technocrates, une dizaine d'hommes et une femme ont décidé de se présenter à la présidentielle : retraité, chômeur, stars du show-business, cadres supérieurs : tous ont leur idée sur la politique qui doit être menée, selon eux, pour la France.
Tous veulent être président de la République. Ainsi pour accéder à leur rêve, ils ont décidé de se porter candidat à l’Elysée en 2002. Cependant, certains d’entre eux seront vite relégués dans l’anonymat faute d’avoir recueilli les 500 signatures requises pour se présenter à la présidentielle. Si toutefois ils y parviennent, d’autres obstacles surgiront devant eux : leur médiatisation et le financement de leur campagne.

Suivant les traces de la Ciciolina, élue députée en Italie il y a quelques années, Cindy Lee, strip-teaseuse de 29 ans, a décidé de porter les couleurs du Parti du plaisir. Déjà présente aux municipales de mars 2001 à Paris, face à Jean Tibéri - ancien maire de la capitale - elle récidive en 2002 et continue de prôner un programme résolument «sexy» pour la France, tout en n’hésitant pas, pour se faire connaître, à manifester nue, début décembre, devant une usine de la région parisienne.

Toujours dans le show-business, le comédien-humoriste Dieudonné rêve de refaire le coup de Coluche en 1981. Sa réputation en politique est toute récente : en juin 1997, lors du premier tour des élections législatives, il obtient 7,7% des suffrages à Dreux. Un an plus tard, aux élections régionales, 4,77% des voix lui sont accordées. A 34 ans, ce Français d’origines bretonne et camerounaise a décidé de se présenter, pour, dit-il, «révéler le malaise» ressenti par les citoyens face «au manque de crédit» des discours de l’ensemble de la classe politique.

D’autres avouent qu’ils n’ont pas eu d’autre choix que celui de se présenter pour faire entendre leur revendications qu’ils jugent majeures. C’est le cas, notamment, de Jean-Marie Matagne, président de l’Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, pour qui l’objectif premier est le désarmement complet de l’arsenal nucléaire, biologique et chimique de la France. Ce professeur de philosophie a déjà reçu le soutien de José Bové, mais peine à recueillir les signatures d’élus.

Blaise Hersent-Lechatreux a, lui, décidé de hausser le ton pour faire reconnaître le vote blanc. Cet ingénieur en génie urbain de formation, âgé de 30 ans, considère que ce vote devrait être reconnu car il révèle très clairement que «la machine démocratique française est rouillée». Candidat des pieds-noirs, Jean-Félix Vallat - ingénieur en agriculture de 51 ans - réclame, quant à lui, justice à l’attention de la communauté des rapatriés d’Afrique du Nord. Son programme qui aurait déjà reçu plus de 300 signatures de maires, prône notamment une ouverture plus prononcée de l’Europe vers le Maghreb. Représentant les handicapés, Jean-Christophe Parisot, président du Collectif des Démocrates Handicapés (CDH) se présente pour défendre cette minorité. Il revendique, pour le moment, 320 signatures. Pierre Larrouturou, ardent défenseur de la semaine de travail de quatre jours, et ancien militant socialiste, concourt également dans la course à l'Elysée sous l'étiquette «Nouvelle donne».

Jacques Cheminade de retour

Claude Reichman, ancien docteur en chirurgie dentaire, a décidé de se présenter car il ne trouvait aucun candidat dans lequel il se reconnaisse et se revendique de l’ancien président américain Ronald Reagan ou de l’ex-Premier ministre britannique, Margaret Thatcher. S’affichant de droite, son programme est résolument conservateur : privatisation des hôpitaux ou encore non paiement des jours de grèves aux fonctionnaires. Ancien pilote de ligne, André Fages, entend, lui, représenter les retraités à l’élection présidentielle, pour la deuxième fois consécutive. En 1995, l’aventure n’était pas allée très loin, faute d’avoir recueilli les 500 signatures fatidiques. Mais l’ambition de cet homme de 69 ans, qui habite à Nouméa, en Nouvelle Calédonie, n’est pas de devenir président de la République mais plutôt de créer le parti des retraités (PDR), où il aurait, selon lui, un potentiel de 17 millions d’adhérents.

Dans un autre genre, on trouve Nicolas Miguet, 40 ans, propriétaire d’un réseaux de journaux et d’un service audiotel, qui vitupère «les guignols qui gouvernent la France». Cet homme qui pèse plus de 70 millions de francs, selon ses dires, use de la démagogie pour se faire entendre. Plus radical, Ange Piccolo président du parti France Force Intelligence (FFI), préconise des propositions sécuritaires extrêmes dont la plus surprenante est, sans conteste, la mise en place d’une puce d’identification sur les délinquants et les étrangers, ou encore le renvoi des immigrés dans leur pays d’origine quand la France n’a plus besoin de leurs services. Cet homme dont l’ego semble surdimensionné crie haut et fort qu’il a déjà réuni plus de 700 signatures et qu’il est certain de faire plus de 5% au premier tour. Plus folklorique et surréaliste, l’on retrouve, tout comme en 1995, le sauveur de la planète, comme il se décrit lui-même, en la personne de Jacques Cheminade , ancien chef de file du Parti ouvrier européen. Collaborateur du gourou américain Lyndon Larouche - candidat d’extrême droite à la dernière présidentielle américaine - Jacques Cheminade, énarque de formation, est un original. Adepte notamment de la colonisation de la lune, il dit avoir déjà trois millions de francs pour mener sa campagne et près de 500 signatures pour avaliser sa candidature. Dans un autre genre, Pierre Rabhi , paysan, écrivain et conférencier se distingue par son message pour une décroissance soutenable. Grand absent, pour l’instant de ce grand rendez-vous électoral : Benoît Frappé, candidat du parti de la loi naturelle en 1995 qui vantait les mérites du vol «yogique» et de la médiation transcendantale.




par Clarisse  Vernhes

Article publié le 23/12/2001