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France: présidentielle 2002

Besancenot : candidat «<i>100% à gauche</i>»

Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) à la présidentielle, a aujourd'hui présenté son programme électoral «100% à gauche». Ce facteur de 27 ans, détendu, en jeans et en basket, les cheveux en brosse a décliné pendant près d’une heure les grands axes de sa campagne : une autre répartition des richesses, une loi interdisant les licenciements, la suppression de la fonction présidentielle, l’annulation totale et sans condition de la dette des pays les plus pauvres etc… Un programme qui se veut clairement contre la droite, l’extrême droite, le patronat et qui veut sanctionner le gouvernement Jospin. Entretien avec le plus jeune prétendant à l’Elysée.
RFI : Avant qu’Alain Krivine vous cède sa place pour porter les couleurs de la LCR, vous étiez un inconnu. Une situation qui peut sans doute expliquer les faibles intentions de vote dont vous créditent les récents sondages (entre 0,5 et 1% des voix). Que comptez-vous faire pour remonter la pente d’ici le 21 avril prochain, date du premier tour ?
Olivier Besancenot : Nous allons mener un combat politique jusqu'à la fin de cette élection. Nous voulons faire une démonstration de ce que nous sommes et de ce que nous proposons. Nous voulons également prouver qu’un inconnu n’est pas plus mal placé qu’un autre pour défendre des millions d’autres inconnus qui, comme moi, subissent de plein fouet les effets sociaux, démocratiques, écologiques et maintenant militaires du capitalisme actuel. Face à l’offensive patronale, nous voulons faire comprendre aux millions de salariés qu’ils auront enfin l’occasion de voter pour quelqu’un comme eux en s’offrant, en plus, la possibilité de donner du sang neuf à la gauche pour sanctionner, en particulier, les organisations de la gauche plurielle.

RFI : Avez-vous les 500 signatures requises pour vous lancer dans la course à l’Elysée ?
O.B : Nous avons réuni les conditions politiques pour être présent non seulement à la présidentielle mais aussi aux législatives. Nous avons, depuis quelques jours, réuni plus de 500 promesses de signatures mais ce ne sont que des promesses, c’est pourquoi, le travail continue. Notre souhait est d’en rassembler 650 pour ne pas avoir de mauvaises surprises et pour être bien présent lors de cette élection cruciale. Il faudra compter avec nous. Notre campagne sera résolument ouverte et publique : elle associera des syndicalistes, des associatifs, des écologistes, des féministes mais aussi des communistes et des Verts qui ne se reconnaissent pas dans les candidatures de leur parti.

RFI : En tant que candidat à la présidentielle mais aussi en tant que membre d’Attac, quelle est votre position sur la mondialisation et surtout sur l’annulation de la dette des pays les plus pauvres ?
O.B : Avec d’autres mouvements sociaux qui se réunissent à chaque contre-sommet mondial, nous réclamons des mesures d’urgence pour notre planète et notamment l’annulation de la dette du tiers-monde, c’est-à-dire, la réduction des inégalités. Les pays les plus riches aujourd’hui sont 70 fois plus riches que les plus pauvres. Cette mesure que nous préconisons servirait à arrêter d’affamer et d’étrangler ces pays qui n’ont pas, par exemple, les moyens nécessaires pour avoir accès à des soins aussi élémentaires que le traitement de maladie comme le sida. 70% des victimes de cette maladie n’ont pas accès à des médicaments à cause de la rentabilité, à cause du fait que des multinationales pharmaceutiques cherchent à faire du business sur quelque chose qui devrait être du domaine du patrimoine de l’humanité.

RFI : Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière (LO) à la présidentielle est-elle votre adversaire politique directe ?
O.B : Sûrement pas ! Nous lui avions proposé un accord unitaire et nous ne comprenons toujours pas pourquoi elle l’a refusé. Nous espérons qu’au bout du compte, ceux qui voteront pour nous ferons l’addition de nos deux scores pour voir quel est l’espace réservé à la gauche de la gauche plurielle, c’est-à-dire, à la LCR et à LO.

RFI : Que pensez-vous de la loi dite de modernisation sociale dont le vote solennel à l’Assemblée nationale est prévu pour aujourd’hui ?
O.B : C’est une loi qui n’accorde aucun droit concret aux salariés pour se défendre contre la cascade de plans sociaux qui ont lieu en ce moment. Nous ce que l’on voudrait, c’est une loi qui interdise vraiment les licenciements en accordant aux salariés un droit de veto sur les plans sociaux. Au moment du contre sommet européen de Bruxelles qui commence dans deux jours, c’est l’occasion de réclamer ce droit de veto pour tous les comités d’entreprises, au niveau européen.

RFI : Donnerez-vous des consignes de vote au second tour de l’élection présidentielle ?
O.B : Nous ne donnerons pas de consigne de vote mais nous ne donnerons pas non plus une seule voix à Jacques Chirac. Certains électeurs de la LCR voteront sans doute pour la gauche au second tour mais d’autres ne le ferons pas. Notre objectif n’est pas d’obliger qui que ce soit à voter pour tel ou tel candidat.



par Propos recueillis par Clarisse  VERNHES

Article publié le 11/12/2001