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Défense

Début des manœuvres «Tanzanite»

«Le Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp), est un élément essentiel dans la politique étrangère de la France». C’est ainsi que Guy Azaïs, ambassadeur de France auprès de la mission Recamp, a présenté les prochaines manœuvres militaires, du 11 au 23 février à Tanga, en Tanzanie, baptisées «Tanzanite».
La présence du Général de corps d’armée Marc Allamand, chef de l’exercice Tanzanite, du Contre-amiral Raymond Masson et de Jean-François Bureau, porte-parole du ministère de la Défense, prouvait tout de même qu’il s’agissait d’opérations militaires. Le rôle du politique est réaffirmé par un rappel de l’historique des événements qui ont conduit au concept Recamp. Les conflits sur le continent ont changé de nature, et au début des années 90, les relations France/Afrique connaissaient aussi une évolution. Les opérations militaires directes, et d’intervention, à partir des bases françaises en Afrique, étaient de moins en moins acceptées par les populations locales. La volonté exprimée par les pays africains de gérer eux-mêmes leurs conflits, a tout de suite servi d’outil de redéfinition des missions confiées aux différentes bases militaires françaises en Afrique.

Le maintien des contingents français sur le continent, redonne une nouvelle vie aux bases militaires, à travers un concept nouveau, réfléchi et conçu par les ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Et ces deux ministères s’accordent dans la définition des missions: «Il s’agit d’un engagement nouveau de la France en Afrique, soucieuse de la sécurité du continent, mais respectueuse de la liberté de décision de ses Etats, et de l’indépendance d’actions de leurs forces armées». Cette réorientation de la coopération de défense de la France s’est traduite par la présentation du concept Recamp au sommet France-Afrique de 1998. La France a également choisi de placer ce programme sous l’égide de l’ONU et en harmonie avec l’OUA. Contrairement à la Grande-Bretagne et les Etats-Unis qui entretiennent d’autres collaborations militaires, à travers des programmes «Bimap» et «Acri», globalement basées sur un principe bilatéral, la France a plutôt choisi l’ouverture et le multilatéralisme, au-delà de la barrière des langues.

Recamp a déjà fait ses preuves

Cette ouverture du programme Recamp à tout pays, a conduit ses concepteurs à offrir aux participants deux portes d’entrée. Une pour les contributeurs et une autre pour les donateurs. Tous les pays africains pourraient être contributeurs par la constitution ou le commandement des forces. Les donateurs, France et autres pays, organisations internationales, s’engagent dans les opérations par des soutiens logistique et financier. Mais les uns et les autres peuvent transformer leur statut au sein du programme.

Le Recamp n’étant pas la constitution d’une force permanente, il est prévu tous les deux ans de grandes manœuvres qui sont à la fois la simulation grandeur nature d’opérations de maintien de la paix (encadrement de réfugiés, soins d’urgences, traitement sanitaire, etc.), la mise à l’épreuve des formations prodiguées et des équipements de premières nécessités. Formation, entraînement et équipement sont les principales composantes du programme Recamp. La France dispense des formations en Côte d’Ivoire, à Zambackro, et en France à Paris, Compiègne, Montpellier et Tours. Le volet «entraînement» est à sa troisième édition, après l’opération «Guidimakha» à la frontière du Sénégal du Mali et de la Mauritanie en1998 sous l’égide de la CEDEAO et celle du Gabon en 2000 avec la collaboration de la CEEAC. Aujourd’hui l’opération «Tanzanite» à Tanga en Tanzanie, sous les auspices de la SADC, rassemblera 16 pays contributeurs et 12 donateurs.

Les opérations Recamp ont plusieurs fois déjà été éprouvées sur divers terrains de conflit en Afrique. En Centrafrique les contingents Misab devenus Minurca ont été composés et équipés selon le concept Recamp. En Guinée-Bissau, la CEDEAO avait conduit une opération de maintien de la paix en 1999 selon les mêmes principes avec un bataillon alimenté par le Bénin, la Gambie, le Niger et le Togo. Actuellement la Monuc en République démocratique du Congo est composée de soldats sénégalais et marocains. Ces différents exemples sont cités par les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères pour relativiser la présence des forces militaires qui sont aujourd’hui considérées comme des bases de pré-positionnement, pour un soutien logistique, le gardiennage et l’entretien des équipements nécessaires au maintien de la paix.



par Didier  Samson

Article publié le 22/01/2002