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Côte d''Ivoire

La politique reprend ses droits

Les quatre leaders politiques ivoiriens se sont retrouvés mardi et mercredi pour un premier face-à-face, depuis la clôture du Forum de réconciliation nationale. Toutes les grandes questions ont été évoquées au cours de discussions «franches» mais détendues.

Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, Robert Gueï et Henri Konan Bédié face-à-face : le casting n’était pas évident, si l'on se rappelle les tensions de ces derniers mois, en Côte d’Ivoire. Les quatre grands leaders se sont pourtant retrouvés à Yamoussoukro, pour une première rencontre au sommet. A en croire un proche du président Gbagbo, l’ambiance a été même «très bon enfant, ce qui n’exclut pas qu’ils se sont parlé franchement». Le ton est similaire dans l’entourage d’Alassane Ouattara où l’on confie qu’on s’est dit des vérités mais qu’il y a eu des «gestes de cordialité».

Ouverts mardi, les débats entre les quatre responsables se sont poursuivis tout au long de la journée de mercredi. Aucun sujet n’a manifestement été éludé. «Nous avons passé en revue les quatorze résolutions du Forum, sans exclusion. Les uns et les autres y ont même ajouté dix points supplémentaires qui leurs semblaient importants. Et sur chacun de ces points des directives ont été données», indique une source proche des négociations.

Bédié et Gueï se donnent l'accolade

Parmi les questions sujettes à polémique depuis de longs mois, le fameux article 35 de la constitution, qui avait permis d’éliminer le leader du RDR de la présidentielle 2000, a été évoqué. L’idée d’un colloque visant à «préciser» certaines dispositions de la loi fondamentale, avancée par le chef de l’Etat, semble faire son chemin. Un comité de juristes sera prochainement mis en place pour le préparer. Et une fois ses conclusions rendues, les quatre responsables devraient à nouveau se retrouver pour en discuter. Selon nos informations, le leader du RDR a, par ailleurs, laissé entendre qu’il ferait sa demande de certificat de nationalité, dans les prochains jours, devant la justice ivoirienne, conformément à l’une des recommandations du Forum favorable à un règlement judiciaire de cet interminable thème de polémique.

Autre motif de friction, la question de la composition de la commission électorale chargée d’organiser les prochaines échéances est apparemment réglée. La sur-représentation du camp présidentiel, dénoncée par le PDCI d’Henri Konan Bédié, n’est plus à l’ordre du jour. Quant au RDR, écarté en raison de son absence au parlement, il pourra y participer sur la base de son résultat aux dernières municipales.

L’autre image qui restera de cette réunion de Yamoussoukro, c’est cette improbable poignée de main entre Henri Konan Bédié et Robert Gueï, son «tombeur» du 24 décembre 1999. Jusque-là, les deux hommes avaient tout fait pour s’éviter, pour des raisons évidentes. La semaine dernière, l’entourage du chef de l’ex-junte ivoirienne avait avancé un problème de calendrier, pour justifier son absence aux côtés des autres poids lourds de l’opposition ivoirienne qui s’étaient rendus pour des premiers entretiens à la présidence. Cette fois, Bédié et Gueï se sont même donnés l’accolade.

Très attendu en Côte d’Ivoire, ce sommet à quatre, confirme donc le retour à la normale, après de longs mois de tension. Gbagbo, Ouattara, Bédié et Gueï se sont mis d’accord pour une nouvelle rencontre, dont la date reste à fixer. Quant aux suites concrètes de leurs débats, elles devraient être annoncées dans les jours qui viennent. Dans l’intervalle, les négociations ne manqueront pas de se poursuivre entre les états-majors politiques, alors qu’on reparle d’un gouvernement «d’ouverture». En clair, après deux années mouvementées, la politique reprend ses droits.



par Christophe  Champin

Article publié le 24/01/2002 Dernière mise à jour le 24/11/2010 à 18:45 TU