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Italie

Règlements de compte à gauche

Le leader de l’opposition italienne, Francesco Rutelli, paie avec huit mois de retard sa défaite contre Berlusconi. Pour l’instant il reste à la tête de la coalition de l’Olivier (centre-gauche), par intérim, mais sera flanqué d’un «directoire» comprenant tous le partis d’une coalition une fois de plus en proie aux déchirements et aux psychodrames.
Au sein de la gauche italienne, le vengeance est un plat qui se mange très, très froid. Huit mois après la défaite du 13 mai contre, la coalition de l’Olivier dirigée par Francesco Rutelli vient de connaître une «semaine de longs couteaux» qui s’est soldée, tard jeudi soir, par la mise sous tutelle de son leader, désormais flanqué d’un Directoire comprenant les dirigeants de tous les petits ou grands partis qui composent cette coalition de centre-gauche. De plus, Francesco Rutelli n’est plus qu’un leader par interim, en attendant que la coalition choisisse son leader à l’automne prochain.

Une fois de plus, c’est le parti des Démocrates de Gauche (DS, anciens communistes du PCI) de Massimo D’Alema (président) et Piero Fassino (secrétaire général) qui ont déclenché cet énième psychodrame collectif, dans le but, évident mais non avoué, de reprendre en main la coalition et de la diriger plus tard à la place de Rutelli. Celui-ci, au lendemain de la défaite de mai dernier face à Silvio Berlusconi, avait refusé de laisser la direction de l’opposition, tout en continuant à diriger son propre parti (La Marguerite, un regroupement de partis de centre-gauche). Cette «double casquette» revendiquée par Rutelli a permis à Massimo D’Alema de déclencher les hostilités, la semaine dernière, et d’obtenir une sorte de vote de défiance vis-à-vis de Rutelli qui ne peut qu’affaiblir davantage l’opposition italienne. Et confirmer que celle-ci n’a toujours pas mis un terme à ses querelles, personnelles et politiques, depuis la chute du gouvernement de Romano Prodi, en 1996.

Cinq leaders en sept ans

L’actuel président de la Commission européenne, qui avait conduit l’Olivier à la victoire en 1995, avait été victime l’année suivante d’un véritable croc-en-jambe politique de la part de Massimo D’Alema, qui en a profité pour le remplacer à la tête du gouvernement, avant d’en être à son tour chassé deux ans plus tard, par l’ex-socialiste Giuliano Amato. Ainsi, en sept ans seulement, le centre-gauche italien risque de connaître pas moins de cinq leaders différents ; tandis qu’en face, la leadership de Berlusconi n’a pratiquement connu aucun soubresaut de taille, et tout le monde s’accommode de la «double casquette» du président du Conseil, qui dirige à la fois son parti (Forza Italia) et la coalition centre-droite (Maison des Libertés).

Cette crise intervient au moment où l’opposition commençait à tirer les leçons de sa défaite, et reprenait langue avec les deux partis anti-berlusconiens qui lui avaient fait défaut en mai: Refondation communiste de Fausto Bertinotti et l’Italie des valeurs de l’ancien magistrat de «Mani pulite» Antonio Di Pietro. Deux partis totalisant près de 10% des suffrages et qui auraient permis à la coalition de gauche de l’emporter, s’ils n’avaient pas choisi de faire cavalier seul. Aujourd’hui il semble acquis que le juge Di Pietro regagne à terme la coalition de l’Olivier, mais nul ne peut dire si cela ne provoquera pas le départ d’autres partis d’une coalition minée depuis toujours par les rivalités personnelles et une propension atavique aux compromis et aux compromissions.




par Elio  Comarin

Article publié le 31/01/2002