Social
Les professions de santé sont malades
Infirmières, personnels hospitaliers, médecins généralistes… toutes les professions de santé ont décidé de mener des actions pour revendiquer des améliorations de leurs conditions de travail et surtout une revalorisation de leurs rémunérations. Entre manifestations et négociations, le gouvernement français a une semaine chargée.
Les professions de santé ont dépassé le stade de la grogne. Avec les personnels hospitaliers qui ont commencé, lundi 21 janvier, une «grève reconductible», les infirmières qui défilent mardi après-midi dans les rues de Paris, les médecins généralistes qui s’apprêtent à augmenter leur pression en organisant mercredi une «journée sans toubib» (qui pourrait être suivie, selon un sondage réalisé par Le quotidien du médecin, par 77 % des généralistes), les sages-femmes et les internes des hôpitaux qui soutiennent leurs petits camarades et revendiquent eux aussi, le gouvernement doit faire face à un malaise profond.
Le sujet est d’autant plus sensible que c’est la santé des Français qui est en jeu à une période de l’année où les épidémies de grippes ou autres virus saisonniers font des ravages. La grève des gardes de week-end et de nuit, que les généralistes mènent déjà depuis deux mois, posent de nombreux problèmes. Elles contribuent à provoquer des engorgements dans les services d’urgence des hôpitaux, pris d’assaut, et dégradent un peu plus une situation qui n’était déjà pas idyllique avant le début de ce mouvement. D’ailleurs, les professions de santé bénéficient du soutien d’une opinion soucieuse de conserver une qualité de prise en charge que certains voisins européens des Français leur envient. Pour preuve, de plus en plus de Britanniques, pris en otage d’un système de soins qui a atteint ses limites, traversent la Manche pour venir subir une opération ou un traitement dans l’Hexagone.
Négocier avec le gouvernement
Mais les médecins en ont «ras-le-bol». Ils estiment que les conditions d’exercice de leur métier ne sont plus acceptables alors qu’ils travaillent parfois jusqu’à 60 heures par semaine pour des honoraires jugés insuffisants. Leur principale revendication est, en effet, d’obtenir une revalorisation du tarif des consultations qui est plafonné depuis des années à 17,53 euros. Le syndicat le plus modéré, MG-France, qui accepte de continuer les négociations avec les Caisses d’assurance maladie, demande de passer immédiatement ce tarif à 18,5 euros. Alors que pour l’Unof, syndicat majoritaire qui a claqué la porte des négociations et exige maintenant que le gouvernement se saisisse directement du dossier, il s’agit d’obtenir directement 20 euros. Sans parler de la rémunération des gardes, du statut des médecins, des inégalités géographiques, des aides à l’installation dans les zones difficiles, et autres sujets qui fâchent. Face à ces exigences, les propositions des Caisses d’assurance maladie (732 millions d’euros pour les 60 000 généralistes libéraux) sont jugées insuffisantes.
Côté infirmières libérales, même combat. Elles demandent une révision de leurs salaires à la hausse et une reconnaissance d’un niveau bac+4 pour leur diplôme. Les femmes en blancs ont d’ailleurs commencé «une grève illimitée des nouveaux soins» depuis mi-décembre pour obtenir une revalorisation des tarifs de leurs actes qui n’ont parfois pas été augmentés depuis 15 ans. Certaines infirmières, en effet, n’arrivent même pas à gagner 5 euros par heure.
Dans les hôpitaux, c’est l’application du protocole national d’accord sur les 35 heures qui pose problème aux personnels. Les 780 000 agents hospitaliers estiment que les 45 000 créations de postes proposées ne sont pas suffisantes pour faire face à la pénurie d’effectifs dans laquelle vont se trouver les hôpitaux. La CGT demande même 80 000 emplois nouveaux. Pour le moment, on ne dénombre que 120 accords signés pour environ 1 000 établissements.
Après les policiers, les enseignants et même les gendarmes, et à la veille des élections présidentielles et législatives, le gouvernement se trouve dans l’obligation de gérer un nouveau dossier difficile : celui de la crise des professions de santé. Pour le moment, aucune solution n’a été proposée. Concernant l’application des 35 heures à l’hôpital, Elisabeth Guigou, la ministre de l’Emploi et de la Solidarité, estime que les choses suivent leur cour puisqu’un cinquième des personnels bénéficient déjà de jours de réduction du temps de travail et que les négociations dans les établissements doivent être conclues d’ici la fin du mois de février. Elle souhaite d’autre part que la négociation avec les médecins «aboutisse rapidement» et soit «la plus large possible». Si elle a précisé que toutes les revalorisations tarifaires relevaient des Caisses d’assurance maladie, une manière de répondre à l’Unof qui exige d’avoir dorénavant le gouvernement comme interlocuteur direct, elle a toutefois annoncé qu’elle comptait «au plus vite» mettre en oeuvre la loi de financement de la Sécurité sociale 2002 pour améliorer les conditions d’exercice du métier de médecin généraliste. Elle a aussi annoncé qu’elle conviait ces derniers mais aussi les syndicats infirmiers et les Caisses de sécurité sociale à une réunion de travail, sous sa houlette, le 23 janvier. A la même date que la «journée sans toubib».
Ecoutez également :
Régis Gihet, vice-président de l'UNOF, l'Union nationale des omnipraticiens français, 1er syndicat de médecins généralistes au micro d'Arnaud Pontus.
Le sujet est d’autant plus sensible que c’est la santé des Français qui est en jeu à une période de l’année où les épidémies de grippes ou autres virus saisonniers font des ravages. La grève des gardes de week-end et de nuit, que les généralistes mènent déjà depuis deux mois, posent de nombreux problèmes. Elles contribuent à provoquer des engorgements dans les services d’urgence des hôpitaux, pris d’assaut, et dégradent un peu plus une situation qui n’était déjà pas idyllique avant le début de ce mouvement. D’ailleurs, les professions de santé bénéficient du soutien d’une opinion soucieuse de conserver une qualité de prise en charge que certains voisins européens des Français leur envient. Pour preuve, de plus en plus de Britanniques, pris en otage d’un système de soins qui a atteint ses limites, traversent la Manche pour venir subir une opération ou un traitement dans l’Hexagone.
Négocier avec le gouvernement
Mais les médecins en ont «ras-le-bol». Ils estiment que les conditions d’exercice de leur métier ne sont plus acceptables alors qu’ils travaillent parfois jusqu’à 60 heures par semaine pour des honoraires jugés insuffisants. Leur principale revendication est, en effet, d’obtenir une revalorisation du tarif des consultations qui est plafonné depuis des années à 17,53 euros. Le syndicat le plus modéré, MG-France, qui accepte de continuer les négociations avec les Caisses d’assurance maladie, demande de passer immédiatement ce tarif à 18,5 euros. Alors que pour l’Unof, syndicat majoritaire qui a claqué la porte des négociations et exige maintenant que le gouvernement se saisisse directement du dossier, il s’agit d’obtenir directement 20 euros. Sans parler de la rémunération des gardes, du statut des médecins, des inégalités géographiques, des aides à l’installation dans les zones difficiles, et autres sujets qui fâchent. Face à ces exigences, les propositions des Caisses d’assurance maladie (732 millions d’euros pour les 60 000 généralistes libéraux) sont jugées insuffisantes.
Côté infirmières libérales, même combat. Elles demandent une révision de leurs salaires à la hausse et une reconnaissance d’un niveau bac+4 pour leur diplôme. Les femmes en blancs ont d’ailleurs commencé «une grève illimitée des nouveaux soins» depuis mi-décembre pour obtenir une revalorisation des tarifs de leurs actes qui n’ont parfois pas été augmentés depuis 15 ans. Certaines infirmières, en effet, n’arrivent même pas à gagner 5 euros par heure.
Dans les hôpitaux, c’est l’application du protocole national d’accord sur les 35 heures qui pose problème aux personnels. Les 780 000 agents hospitaliers estiment que les 45 000 créations de postes proposées ne sont pas suffisantes pour faire face à la pénurie d’effectifs dans laquelle vont se trouver les hôpitaux. La CGT demande même 80 000 emplois nouveaux. Pour le moment, on ne dénombre que 120 accords signés pour environ 1 000 établissements.
Après les policiers, les enseignants et même les gendarmes, et à la veille des élections présidentielles et législatives, le gouvernement se trouve dans l’obligation de gérer un nouveau dossier difficile : celui de la crise des professions de santé. Pour le moment, aucune solution n’a été proposée. Concernant l’application des 35 heures à l’hôpital, Elisabeth Guigou, la ministre de l’Emploi et de la Solidarité, estime que les choses suivent leur cour puisqu’un cinquième des personnels bénéficient déjà de jours de réduction du temps de travail et que les négociations dans les établissements doivent être conclues d’ici la fin du mois de février. Elle souhaite d’autre part que la négociation avec les médecins «aboutisse rapidement» et soit «la plus large possible». Si elle a précisé que toutes les revalorisations tarifaires relevaient des Caisses d’assurance maladie, une manière de répondre à l’Unof qui exige d’avoir dorénavant le gouvernement comme interlocuteur direct, elle a toutefois annoncé qu’elle comptait «au plus vite» mettre en oeuvre la loi de financement de la Sécurité sociale 2002 pour améliorer les conditions d’exercice du métier de médecin généraliste. Elle a aussi annoncé qu’elle conviait ces derniers mais aussi les syndicats infirmiers et les Caisses de sécurité sociale à une réunion de travail, sous sa houlette, le 23 janvier. A la même date que la «journée sans toubib».
Ecoutez également :
Régis Gihet, vice-président de l'UNOF, l'Union nationale des omnipraticiens français, 1er syndicat de médecins généralistes au micro d'Arnaud Pontus.
par Valérie Gas
Article publié le 22/01/2002